L'incompréhension succède à de longues semaines où les régulateurs libéraux au SAMU du Haut-Rhin étaient débordés, en pleine crise du coronavirus. L'Agence régionale de santé vient de leur annoncer que leurs plages horaires seront réduites. Conséquence : moins de régulateurs pour autant d'appels.
Régulib 68 regroupe essentiellement des médecins généralistes qui, en dehors de leurs horaires, régulent au SAMU du Haut-Rhin. Quinze personnes se relayent pour assurer une permanence téléphonique le soir, la nuit et les week-end. Ils travaillent en collaboration avec des régulateurs urgentistes, qui s'occupent des cas les plus graves.
Pendant la crise du coronavirus et face à l'extrême urgence, à Mulhouse, ces médecins libéraux du SAMU se sont mobilisés et ont consacré davantage de temps à la régulation. "On recevait 1500 à 2000 appels par jour", dit Patrick Vogt, médecin généraliste à Mulhouse et lanceur d'alerte avant la pandémie en Alsace. De deux à trois régulateurs libéraux, ils ont été jusqu'à dix, pour gérer l'affluence des appels. Seulement voilà : maintenant que les appels ont diminué, l'ARS a annoncé sa décision : réduire les plages horaires habituelles des médecins régulateurs libéraux.
Cette décision provoque l'incompréhension chez les principaux concernés, car s'ils se sont investis durant la période du coronavirus, leurs plages horaires avaient été étendues en automne 2019, suite à la démission en série de médecins urgentistes hospitaliers. Depuis, ils étaient par exemple deux libéraux et un urgentiste à prendre les appels de 18h à 20h. "C'est le moment où on constate un pic d'appels, car les cabinets des médecins généralistes ferment à ce moment-là", explique Patrick Anton, médecin libéral. Avec la récente décision de l'ARS, il n'y aura plus de médecins libéraux sur cette tranche horaire. "Le médecin ugentiste se retrouvera seul", poursuit-il.
Face à cette situation, les quinze membres de Régulib 68 ont signé une motion. "Nous ne comprenons pas la décision UNILATERALE de l’ARS de cesser de financer l’extension de régulation libérale d’abord au 15 juin, puis négociée au 1er juillet prochain, pour des raisons vraisemblablement purement comptables. Ceci alors que si la crise du COVID est en voie de maîtrise (quoiqu’il faille rester très vigilant), la crise des Urgences de Mulhouse n’est pas encore réglée !", écrivent-ils. Le coût des médecins régulateurs libéraux s'élève à 3100€ par semaine.
Surtout, les médecins regrettent de ne pas avoir pu discuter avant que l'ARS ne prenne une décision."Je trouve ça dommage pour l'hôpital. Nous sommes les acteurs de terrain, nous voyons les besoins, ils auraient pu nous concerter", estime Patrick Anton. "On a donné sans compter et là, la crise s'arrête, et on revient à la situation antérieure, avant la crise de l'hôpital. Cette décision n'a pas été discutée, on reçoit seulement un mail, froidement", poursuit Patrick Vogt. Une situation inadmissible pour les médecins : "ce n'est pas le moment de réduire la voilure, pas après le covid !", conclut Patrick Vogt.