"Un petit truc en plus", le restaurant employant des salariés trisomiques fête ses 5 ans : "on est devenu une grande famille"

Un petit truc en plus, restaurant inclusif de Mulhouse qui emploie cinq personnes trisomiques, fête en ce mois de septembre ses cinq ans d’activité. Ce lieu singulier où l’on mange des plats faits maison affiche complet tous les midis. En cuisine comme en salle, les équipiers en situation de handicap ont trouvé leur place dans le monde du travail.

On y déjeune en centre-ville à Mulhouse, à condition d’avoir pensé à réserver. Car au "Petit truc en plus" il est rare de trouver table vide. Voilà cinq ans que cette adresse atypique imaginée sur mesure pour des salariés trisomiques crée des liens et réjouit les papilles.

En cuisine, Aurélie Bernard, cheffe à l’origine de l’aventure, orchestre la petite équipe avec douceur et le sourire. Toujours le sourire. Il faut faire preuve de patience face à ces équipiers hors norme. Volontaires, mais pas toujours autonome. Perfectionnistes, mais parfois fatigués. Ces salariés en situation de handicap, tous trisomiques, et qui ont petit à petit pris leurs marques au restaurant.

La concentration est de mise quand Juline épluche les carottes. Le rire facile quand le bol de pâte de Tristan ne veut pas tenir debout. "Un petit truc en plus, c’est cinq années remplies d’émotions, surtout positives, et quelques-unes qui m’ont fait tirer des larmes, mais c’est une expérience magnifique", raconte, émue, Aurélie Renard. "On se sent soutenus par nos clients, par les entreprises autour de nous, on a des bénévoles incroyables. À chaque fois qu’on a besoin d’eux, ils sont au rendez-vous, et sans eux, on ne pourrait pas y arriver. Et on a encore aujourd’hui le soutien du centre de réadaptation."

J’ai dû adapter ma façon de communiquer, de travailler, ça m’a fait grandir. Il faut être prêt à répéter, réexpliquer. Cela oblige à prendre sur soi

Matthias Rothenflug, second de cuisine au Petit truc en plus

Des soutiens qui permettent de tenir financièrement et moralement aussi. L’équipe a traversé des moments compliqués : la crise du covid a fortement secoué le navire, puis l’absence d’un second de cuisine pendant une trop longue période. Mais l’aventure a continué. Avec l’arrivée il y a deux ans d’un nouveau bras droit en cuisine, Matthias Rothenflug. "J’ai dû adapter ma façon de communiquer, de travailler, ça m’a fait grandir", explique le cuisinier. "Il faut être prêt à répéter, réexpliquer. Cela oblige à prendre sur soi, à être plus patient et à se remettre en question. J’ai la chance de faire le métier que j’aime et en plus de participer à un projet super."

L'entraide gagne même les clients

Autant le dire clairement, le bilan de ces cinq années est positif. Et Aurélie l’affirme : "On est devenu une grande famille." Car gravite autour des salariés, handicapés ou pas, toute une équipe de bénévoles qui fait tourner le restaurant aux côtés des équipiers trisomiques. Pour la prise de commande, le service. Petit à petit, les clients eux-mêmes ont compris le système du menu simplifié à trois choix et des lettres associées aux plats. Quand Elise note la commande, toute la tablée l’accompagne pour bien cocher les cases. On rit, on s’entraide, et c’est cette bonne humeur que les clients fidèles viennent chercher au petit truc.

Elise Rollinger, comme les cinq autres trisomiques du restaurant, a été recrutée dès le début de l’aventure. Son plaisir, c'est surtout de "servir les boissons, faire les cafés, les bières et les panachés et aussi le vin et le crémant !"assure-t-elle en plaisantant. Remplir les verres avec application, les transporter à table, répondre "y’a pas de quoi !" à chaque merci qui lui revient. Après des années en ESAT, l’expérience du restaurant lui a fait prendre "beaucoup d’assurance, parfois même trop !", confie sa maman en riant, "quand elle a tort, elle a raison quand même !"

Elise a aussi gagné en autonomie. "Avant, dans son atelier, elle était déjà assez polyvalente, mais c’était beaucoup moins varié et au niveau du contact, c’était moins riche." Et Elise, elle aime le contact depuis toute petite. Une spontanéité inhérente à son handicap. L’équipe de trisomiques bouscule parfois son monde avec un rentre-dedans bien senti. Au restaurant, tout le monde connaît les blagues d’Antoine et ses envolées pleines de séduction.

À Mulhouse, Un petit truc en plus, deuxième restaurant du genre en France et qui essaimé lui aussi, a réussi son pari de l’inclusion et trouvé son équilibre. Porté par la fée Aurélie, la bienveillance chevillée au corps.

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