Ils étaient 500 dimanche dernier. Les voilà désormais plus de mille à s'élancer du hameau de Ermensbach (Haut-Rhin), ce samedi 17 février 2024, pour revendiquer leur liberté de randonner suite à la décision d'un propriétaire forestier d'interdire sur son terrain le passage des marcheurs.
Il y a péril en la montagne pour ces 1300 personnes rassemblées ce samedi 17 février à Ermensbach, dans le Bas-Rhin. Ils se sont donné rendez-vous à 9h pour réclamer, une nouvelle fois, la réouverture des deux sentiers qui montent au lac du Neuweiher et balisés par le Club Vosgien, organisateur de la manifestation.
75% de forêts privées
Une randonnée très connue dans la vallée, désormais impossible, un des propriétaires forestiers, le groupement foncier du Wustkopf, ayant interdit, sur ses 64 hectares, tout passage. Ce dernier s'appuie sur les dispositions de la loi du 2 février 2023, visant à limiter l'engrillagement dans les espaces naturels et à protéger la propriété privée.
Disposition légale donc, mais jamais appliquée jusqu'alors, le passage des randonneurs du Club Vosgien étant toléré et entré dans les usages. "Petit, je faisais cette promenade sur les épaules de mon père. Donc oui ça fait mal de ne plus pouvoir le faire. Donc j'espère que les gens entendront raison et que ce sentier sera rouvert pour le bonheur de tout le monde", explique un des participants.
Au-delà des habitants de la vallée, ce sont des randonneurs de tout le Haut-Rhin et des départements voisins qui sont venus pour manifester leur solidarité avec le Club Vosgien. Ils craignent également la multiplication de ce genre d'interdictions. "C'est absolument scandaleux qu'on s'appuie sur une loi qui est normalement destinée à protéger, à améliorer l'engrillagement de certaines parcelles et on s'appuie là-dessus pour nous interdire l'accès" lance un marcheur.
C'est absolument scandaleux qu'on s'appuie sur une loi pour nous interdire l'accès à la nature
Un randonneur
D'autant que 75 % des forêts du secteur seraient privées."La vallée de la Doller est assez représentative de la situation nationale. En France, 75% des forêts sont privées. Elles appartiennent à 3.3 millions de propriétaires ..." précise Joseph Peter, vice-président du Club Vosgien.
Le droit de circuler dans la nature
Ce détournement de la loi ne menace pas seulement la liberté de circuler, c'est aussi l'activité touristique de la région qui risque d'en pâtir. "C'est une vraie politique qu'on porte à la communauté de communes de développer un tourisme vert, de favoriser la politique montagne, de favoriser aussi les fermes auberges et l'accès à ces fermes. C'est bien ça aussi le problème aujourd'hui" explique, écharpe tricolore en bandoulière, le maire de Masevaux-Niederbruck, Maxime Belzung.
Habitants, randonneurs, élus locaux, tous ont désormais les yeux tournés vers le législateur pour obtenir une modification de la loi et une protection des sentiers de randonnée. "Nous demandons avec force, la protection, un statut juridique, pour ces sentiers de randonnée que nous chérissons, que nous entretenons depuis 150 ans. Cette loi du 2 février nous pose un réel problème. Initialement pensée pour créer des corridors écologiques dans le centre de la France, elle a été dévoyée et brandie par certains propriétaires, comme ici, pour fermer les sentiers. Nous en appelons aux parlementaires pour défendre ce droit à circuler dans la nature, fondamental", conclut Joseph Peter.