Les antinucléaires de la région de Freiburg ont décidé de se mobiliser contre la construction d'une usine de recyclage de métaux faiblement radioactifs sur le site de l'ancienne centrale de Fessenheim. L'Allemagne, qui a fermé toutes ses centrales nucléaires, n'est pas associée à ce nouveau projet français d'EDF sur le Rhin.
Le nucléaire, c'est plus que jamais "Nein Danke" pour les écologistes allemands. Après avoir obtenu la fermeture de toutes leurs centrales sur leur territoire, les Allemands s'étaient naturellement réjouis de la décision du gouvernement français de fermer Fessenheim en juin 2020. Dans le Bade-Wurtemberg, les opposants pensaient, après des années de lutte, en avoir fini avec l'atome au bord du Rhin. Ils déchantent et s'apprêtent à se remobiliser.
L'objet de leurs craintes, c'est ce Technocentre proposé par EDF. Il s'agit d'une installation industrielle destinée à valoriser des métaux très faiblement radioactifs issus d’installations nucléaires, afin de les réutiliser dans les filières métallurgiques conventionnelles. Le projet envisagé à Fessenheim fait l'objet d'un débat public en France, lancé ce jeudi 10 octobre et prévu jusqu'au 7 février 2025.
La population pas assez informée
Stefan Auchter, le directeur régional de Bund, l'association de protection de la nature également basée à Fribourg-en-Brisgau, déplore lui le manque d'informations communiquées à la population. "Ce que nous ne savons pas, ce sont les véritables polluants gazeux ou liquides qui seront émis par ce centre, s'inquiète ce militant, on nous parle d'iode gazeux radioactif, de carbone 14, de tritium, mais nous ne savons pas en quelle quantité".
Les Allemands attentifs aux questions de sécurité
Les autorités allemandes auraient bien voulu être associées au projet de transformation du site de Fessenheim. "Si on veut faire un projet franco-allemand, nous étions très intéressés par un éventuel projet de recyclage de batteries par exemple, ou alors un projet autour de l'hydrogène", explique Klaus Schüle, le responsable des relations transfrontalières au district de Fribourg. Attentif aux questions de sécurité autour de la future installation, il ne soutiendra pas le Technocentre.
Mise en service fin 2031
Inquiétudes partagées aussi par ces passantes croisées cette semaine dans les rues piétonnes de Fribourg. "Fessenheim, ce n’est pas loin de nous, je suis inquiète", dit cette femme. Une autre passante qui a elle-même milité contre les centrales, assure : "Le nucléaire, c'est terminé !". EDF prévoit la mise en service industrielle du projet Technocentre à la fin de l’année 2031, pour une durée d’exploitation d’au moins 40 ans. Le coût du projet s’élève à environ 400 millions d’euros.