Enfant, François Jecker a suivi l’évolution de l’exploitation agricole de ses parents à Hattstatt dans le Haut-Rhin. Il a vu les tracteurs remplacer les chevaux dans le vignoble alsacien et s'est passionné pour ces machines. À 65 ans, il possède une impressionnante collection.
Dans les années 1960, la famille Jecker gère une exploitation agricole de polyculture et d’élevage. Ils possèdent un tracteur, « le petit gris », un modèle de la marque Ferguson. François fait au volant de cet engin ses premières expériences de conduite. Du haut de ses dix ans, la pédale de frein n’est pas bien accessible. Le tracteur familial encaisse les chocs et la passion grandit.
Les champs de la plaine d’Alsace connaissent la mécanisation après la deuxième guerre mondiale, mais dans le vignoble il faudra attendre la fin des années 1960 pour que le tracteur remplace le cheval. François Jecker se souvient : "C’était un gain de temps considérable, pour travailler la terre, il fallait passer à trois reprises dans un rang de vigne avec le cheval, alors qu’en tracteur un seul passage suffisait."
Ceux qui ont connu cette transition se souviennent aussi du temps et du coût d’entretien d’un cheval en hiver, alors que le tracteur était simplement rangé à l’abri en attendant d’être redémarré au printemps.
« Je n’étais pas flemmard, j’étais attiré par la modernité. »
François JeckerAgriculteur et collectionneur de tracteurs
Lorsque François reprend l’exploitation agricole de ses parents, il n’est pas question d’acheter des tracteurs pour le plaisir, ils doivent être utilisés pour travailler et sont remplacés quand ils sont obsolètes.
Collectionneur depuis 35 ans
L’agriculteur se contente alors de collectionner des miniatures d’engins agricoles, jusqu’à ce que germe l’idée d’acquérir un vieux tracteur pour revivre les souvenirs de son enfance.
Lorsqu'en 1987, il parle de son projet à son épouse, elle sait qu’il ne va pas pouvoir se contenter d’une seule machine. "J’étais pourtant persuadé de m’en satisfaire et voilà le résultat", sourit-il, assis sur le siège d’un modèle bleu de la marque Deutz, ce fameux premier d'une longue série.
Plusieurs dizaines de tracteurs sont rangés par marque dans un grand hangar. "Aujourd’hui je n’arrive même plus à les compter."
Et il les aime tous, des plus anciens du début du vingtième siècle aux rutilants américains venus soutenir l’agriculture européenne grâce au plan Marshall d'après deuxième guerre mondiale. Ou encore les petits modèles français fabriqués pour répondre à la demande des viticulteurs.
Sa dernière acquisition : un imposant Minneapolis Molin importé des Etats-Unis, qui attend d’être restauré. Et attire tout son attention...en attendant le prochain.