Manifestations pour les retraites : "je transporte des malades tous les jours", un chauffeur de taxi dénonce le blocage des routes

Rémi, un chauffeur de taxi basé en Haute-Marne, transporte tous les jours des personnes ayant des rendez-vous médicaux. Il s'oppose au blocage des ronds-points et axes de communication. Et il nous explique pourquoi.

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La grève pour les retraites, Rémi ne peut pas la faire. Ce chauffeur de taxi en Haute-Marne transporte tous les jours des gens qui ont des rendez-vous médicaux parfois fixés longtemps à l'avance.
Il ne se voit pas leur faire faux-bond, encore moins la veille du transport. Et financièrement, il ne peut pas (c'est un artisan, les indépendants ou encore les maçons sont aussi de ce lot). La situation est parfois difficile quand les axes qu'il emprunte sont bloqués par des grévistes, comme ce fut le cas le 23 mars. Le ton peut alors monter si il force le passage.
"Ce qui nous fatigue", explique Rémi à France 3 Champagne-Ardenne, "c'est qu'en milieu rural, on fait très peu de taxi de tourisme. On n'est pas à Paris ou Bordeaux. Notre activité majeure, c'est du transport médical. Des gens malades tous les jours, qui vont se faire soigner pour des cancers, de la rééducation..."
Les rendez-vous sont parfois prévus depuis des mois. "Ces gens qui bloquent les ronds-points, on a beau essayer de parler avec eux, leur dire qu'un rendez-vous important avec un chirurgien est en jeu, ils s'en fichent. Leur argument pour ne pas nous laisser passer, c'est de dire que les taxis creusent le trou de la Sécu..."

Un transport indispensable 

"Il faut comprendre qu'on transporte des gens vraiment dépendants, ou à mobilité réduite. Ils n'ont pas d'autres choix que se déplacer grâce au taxi. Soit ils n'ont plus de moyen de locomotion autonome. Soit leur famille travaille. Ils se retrouvent coincés." Ce transport peut être prescrit par le médecin pour qu'il soit remboursé par la Sécurité sociale, effectivement. C'est ce qu'on appelle un bon de transport. "Parce qu'il n'y a pas d'autre moyen dans des villages reculés ou si leur autonomie est en jeu."
"On a déjà vu des retards causant des rendez-vous annulés, des opérations reportées. J'ai vu des gens qui ont le cancer se retrouver en stand de radiothérapie le soir à 21h00." Il dit s'en ficher d'être bloqué, mais qu'il ne peut pas laisser tomber ses patients.
Les conflits entre les chauffeurs comme Rémi (il n'est pas le seul) et les grévistes qui bloquent sont réguliers, même s'ils ne versent jamais dans la violence ou la bagarre. "Il y a des insultes, on tape sur la voiture... Ça reste là. Mais psychologiquement, on se pose des questions : moi je n'ai rien fait de mal. Mon boulot de ce matin, c'était aider cette personne à aller à son soin." Il a reçu des injures verbales à cette occasion. Avec des mots comme "tocard", "petite pute" alors qu'il tentait de passer.
Le coup de gueule de Rémi est également partagé par des aides-soignants ou des infirmières, qui ont besoin de rouler pour rejoindre les gens qui en ont besoin. 

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