Météo : face aux risques de neige et de verglas, "il s’agit de saler moins mais de saler mieux"

Depuis 2018, la ville de Chaumont (Haute-Marne) active un dispositif de viabilité hivernale jusqu'au 15 mars. L'objectif est d'assurer, par temps de verglas et de neige, la sécurité et la sureté des déplacements sur les 131 km de voirie communale.

Avec les premières gelées, les premiers jets de sel sur les pavés chaumontais en Haute-Marne.
Depuis quelques jours, les températures négatives s’invitent la nuit et aux premières lueurs de l’aube. -1 à - 3. Pas de quoi lancer un plan grand froid, mais depuis le 15 novembre, les services techniques de la ville de Chaumont ont déclenché le dispositif d’organisation de la Viabilité Hivernale. C’est-à-dire le plan de bataille établi pour assurer la sécurité et la sûreté des déplacements sur les 131 km de voirie communale.


Chaque jour, en fin d’après-midi, le dernier bulletin fourni par Météo France est étudié, décortiqué. "En fonction de l’analyse des prévisions météorologiques, le responsable d’intervention décide d’effectuer une patrouille le matin suivant, pour vérifier, infirmer ou confirmer les données du bulletin, explique Laurent Auvigne, directeur adjoint du centre technique de la ville de Chaumont et coordonnateur du dispositif de viabilité hivernale. Au regard des températures relevées sur le terrain, il prend ensuite la décision de déclencher ou pas une opération de salage ou raclage. Toujours avant 7 h 30, heure à laquelle la circulation reprend en ville."

Un véritable travail d'enquêteur

Des escouades de 6 agents et un responsable d’intervention enchaînent les astreintes avec des rotations toutes les 12 heures.

Nous ne lançons une saleuse que si nous sommes quasi certains que dans 2 heures, il va y avoir un événement enquiquinant pour la circulation.

Arnaud Petitot, directeur du Centre technique ville de Chaumont

Ils agissent comme de véritables inspecteurs. Collectant les données pour établir des hypothèses. Température de la chaussée, des trottoirs, au sol, de rosée, hydrométrie, température atmosphérique… Rien n’est laissé au hasard par ces travailleurs de l’ombre pour anticiper les risques de perturbation de la circulation.
"Pour la collectivité publique, il s’agit d’un travail pré-curatif, précise Arnaud Petitot, directeur du Centre technique ville de Chaumont. Nous ne lançons une saleuse que si nous sommes quasi certains que dans 2 heures, il va y avoir un événement enquiquinant pour la circulation."

A Chaumont, l’objectif est aussi de s’assurer que si on dépense de l’argent, des deniers publics, il sera correctement utilisé.

Arnaud Petitot, directeur du Centre technique ville de Chaumont

C’est la différence avec la politique préventive des gestionnaires privés d’autoroutes : un principe de précaution pour un zéro risque. "A Chaumont, l’objectif est aussi de s’assurer que si on dépense de l’argent, des deniers publics, il sera correctement utilisé."

D’autant que la question environnementale est désormais une donnée essentielle. "Le sel, évacué dans les cours d’eau via les caniveaux, est nocif, car il contient en quantité infinitésimale des hexacyanoferrates. Un dérivé chimique du cyanure. Pour limiter la pollution, il s’agit donc de saler moins, mais de saler mieux."

225 tonnes de sel sec et 33 m³ de saumure

Depuis une dizaine d’années, les méthodes de salage ont ainsi évolué. "On utilise du sel sec, de la saumure et de la bouillie de sel. La saumure va agir tout de suite. Quant au sel sec, il aura une action plus tardive, mais plus longue ", indique Laurent Auvigne.

En moyenne, durant les cinq dernières années, 225 tonnes de sel sec et 33 m³ de saumure ont été utilisés par les services techniques chaumontais. "Auparavant, il s’agissait juste de saler. 1000 tonnes de sel sec étaient nécessaires. Dorénavant, on pollue moins et on est plus efficace. C’est bénéfique techniquement et écologiquement."

Pour effectuer ces opérations de salage, la Ville de Chaumont dispose de deux poids lourds équipés de saleuse mixte (4 m³ de sel + 2200 L de Saumure) et d’une lame biraclage, d’un poids lourd équipé d’une saleuse (5 m³ de sel) et d’une lame biraclage ainsi que d’un microtracteur équipé d’un épandeur et d’une lame.

Trois niveaux de priorité

Les interventions sur les 131 km de routes communales sont fixées en fonction de niveaux de priorité. À Chaumont, il en existe 3 :
- Un réseau prioritaire (les grandes artères de la ville, les routes qui desservent les arrêts de bus, collèges, lycées, tout ce qui est essentiel à la vie de la cité)
- Un réseau secondaire (accès aux zones industrielles...)
- Un réseau tertiaire (zones pavillonnaires)
"S’il était décidé de mettre tout le réseau au même niveau, il nous faudrait 10 saleuses, 5 personnes et nous ferions le boulot ! Techniquement, c’est possible. Mais il faudrait payer des impôts en plus", souligne Arnaud Petiot.

Dans les rues, les Chaumontais se préparent aussi à faire face aux verglas et à la neige. Antoine raconte avoir déjà accroché sur son frigo un mémo pour ne pas tarder à s’équiper de pneu hiver. Une opération qu’il admet retarder au maximum. "Avec la hausse des factures de chauffage, d’essence, j’attends pour effectuer cette dépense. Mais il faudra bien que je le fasse, car je circule beaucoup sur les routes, en campagne."

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