Partis en renfort de leurs collègues varois, 10 sapeurs-pompiers hauts-marnais sont revenus du Var dans la nuit de mardi à mercredi. Ils racontent la violence de ce feu exceptionnel, qui a coûté la vie à deux personnes et ravagé 7.000 hectares de forêt.
L'émotion est encore perceptible. Dans la caserne chaumontaise ce mercredi 25 août, les sapeurs-pompiers de retour du Var nettoient les camions poussiéreux, où quelques branchages morts se sont faufilés. "Nous sommes rentrés dans la nuit, explique le lieutenant Jérémy Bouvier. On nettoie et vérifie le matériel, pour qu'il soit prêt à repartir." Car en cas de nouveau départ, chaque minute compte : "Quand on reçoit une demande de renfort, il y a généralement un délai très court, on a souvent qu'une à deux heures. Le temps que nos pompiers se rendent à la direction pour venir chercher le matériel, le temps est déjà écoulé. Il est donc très important que tout soit prêt."
Un peu plus loin, le sergent-chef Steve Bablon, fait défiler les images de cette semaine difficile. Sur la vidéo qu'il est en train de visionner, des cendres s'étalent à perte de vue. Plus une couleur ne vient égayer le paysage charbonneux. "Les images parlent d'elles-mêmes, constate le soldat du feu, encore ému. C'est l'apocalypse, juste un tas de cendres, il n'y a plus de verdure. Quand on pense aussi à la faune sauvage, les maisons brûlées, les voitures, les caravanes... tout y est passé."
Un incendie exceptionnel
Il faut dire que l'incendie qu'ils devaient combattre était d'une violence rare. Et ce même dans le Sud de la France, en proie à des feux de forêt violents, quasiment chaque année. Deux personnes ont perdu la vie et 7.000 hectares de forêt et d'espaces naturels sont partis en fumée. Il aura fallu plus d'une semaine et plus de 400 pompiers pour le maîtriser. "C'est très rare, même dans le Var, c'est un méga feu qui arrive tous les 20 ans, nous ont expliqué les pompiers varois", poursuit Steve Bablon.
Et même si les pompiers ne sont arrivés qu'après les flammes pour nettoyer le terrain, le paysage lunaire rappelle aux soldats du feu les risques encourus. "J'ai surtout pensé à trois pompiers décédés en 2003, au moment où on est passé sur la route où ils sont morts, se souvient le sergent-chef. Je n'y étais pas en 2003, mais en voyant l'ampleur du feu, je me suis dit que c'était facile d'être pris au piège par ces feux-là."
Une vocation toujours intacte
Pour certains, cela fait des années qu'ils partent en renfort. La vocation, elle, reste intacte. "J'ai toujours voulu faire ce métier pour aider la population. On apporte notre savoir, on essaie de les aider, c'est au fond de nous" Et l'adjudant-chef Jean-François Pernot de poursuivre : "C'est ancré. Même si dans certains départements on est plus ou moins bienvenus, ils savent qu'ils ne peuvent pas faire sans nous. Parce qu'il y a beaucoup moins de monde qu'avant, les moyens ne sont plus les mêmes non plus, et du coup, ils ont besoin de nous."
Partir en renfort dans le Sud "nous apporte beacoup de choses, appuie l'adjudant-chef. On a beaucoup appris auprès d'eux, car même si ce n'est pas le cœur de notre métier ici, en Haute-Marne, le feu de forêt reste une spécialité difficile."
Alors, quand le gradé haut-marnais est appelé pour le Sud, c'est toujours la même montée d'adrénaline. "Surtout quand on est formé pour ça et qu'on peut aller les aider dans ce qu'ils affrontent de particulièrement difficile ces dernières années. Quand on part, on n'attend que ça, aller les aider. Aller au front comme on dit."