Guerre en Ukraine : le discours de Volodymyr Zelensky était "un moment très émouvant", pour le député François Cornut-Gentille

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la parole par visioconférence ce mercredi 23 mars à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le député Les Républicains de la Haute-Marne François Cornut-Gentille était présent dans l'Hémicycle. Il nous raconte.

Les membres de l'Assemblée nationale et du Sénat ont écouté simultanément en visioconférence ce mercredi 23 mars le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il a notamment appelé les entreprises françaises présentes en Russie à quitter le pays, les accusant d'être "les sponsors de la machine de guerre russe". Il a aussi plaidé pour une adhésion à brève échéance de son pays à l'Union européenne. 

Le président enchaîne les interventions à distance devant les parlements occidentaux, pour les persuader de lui fournir plus d'armes et de plus de sanctions à l'égard de Moscou. Après les représentations allemande, américaine, britannique, israélienne, canadienne ou encore italienne, il a également parlé ce mercredi devant les parlementaires japonais.

Le député Les Républicains François Cornut-Gentille était présent à l'Assemblée. L'élu de la deuxième circonscription de la Haute-Marne est spécialiste des questions de défense. Il a bien voulu répondre à nos questions juste après l'intervention du président Zelensky.

L'intervention du président ukrainien au Parlement, simultanément dans les deux chambres, c'était un moment rare ?

François Cornut-Gentille : C'était un moment très émouvant d'avoir un président en guerre qui intervient face à nous. Il a été, comme chacun a pu en juger au cours des dernières semaines, extrêmement courageux. On sait qu'il est visé personnellement par les troupes russes.

On n'est pas dans la fiction, on n'est pas dans la télé réalité, on est face à quelqu'un qui prend des risques et qui est un personnage vraiment fort. On le présentait comme un politique un peu marionnette, il a vraiment pris en main le destin de son pays. 

C'est quelque chose d'impressionnant. Dans la vie politique, on a peu d'occasions de ce type.

François Cornut-Gentille, député LR de la Haute-Marne

Sur le fond, on n'a pas appris grand chose de nouveau. Mais avoir ce lien en direct, si je peux dire, c'était puissant. 

Le président ukrainien a notamment appelé les entreprises françaises qui sont encore présentes en Russie, comme Leroy Merlin ou Renault par exemple, à quitter le pays. Pour vous, est-ce que cela peut avoir un impact sur le conflit ?

J'aurais tendance à le suivre, y compris en sachant que ça va nous poser des problèmes. On a décidé, sans doute à juste titre, de ne pas déclencher de Troisième Guerre mondiale. Ça ne peut marcher que si les sanctions et notre fermeté sont par ailleurs extrêmement lourdes. Que si on montre qu'on est prêt à accepter, y compris pour nous-mêmes, des sacrifices ou des difficultés. 

Est-ce qu'on est prêt à aller jusque là ? Je pense qu'il le faut. Il en va de notre crédibilité. Après, je ne connais pas la situation de chaque entreprise. Il faut sans doute regarder les choses au cas par cas. 

Poutine a sans doute surestimé les capacités de son armée. Et il a sans doute sous-estimé nos capacités de réaction. 

François Cornut-Gentille, député LR de la Haute-Marne

Je pense qu'il est très important de démontrer à Poutine que oui, on ne fait pas la guerre, mais que les sanctions vont être beaucoup plus lourdes que ce qu'il avait imaginé. La crédibilité de l'Occident se joue là-dessus.

Je ne dis pas qu'on ne fait rien. Mais je pense que ce qui dissuadera Poutine, c'est uniquement le fait que cela devienne plus compliqué. Il faut que ce soit plus compliqué sur le plan militaire et plus compliqué sur le plan des sanctions. 

Je crois qu'on a malheureusement nécessité de monter encore les sanctions, y compris si c'est gênant et pénalisant pour nous. J'approuve plutôt ce que fait Emmanuel Macron, en revanche je pense qu'il n'est pas assez actif là-dessus.

Pour l'instant, la France ne s'est pas engagée directement dans un conflit armé contre la Russie. Il faut, selon vous, conserver cette ligne ?

À ce stade, oui. Mais je pense qu'on a besoin par ailleurs d'avoir un vrai débat sur la défense nationale en France. La guerre en Ukraine révèle un certain nombre de choses qui doivent nous amener à nous interroger sur l'état de nos armées et sur leurs capacités.

Il faut montrer qu'on a reçu le message du danger que représente la Russie et par conséquent augmenter immédiatement notre effort de défense. Ce n'est pas ce qu'on fait. On se contente de faire ce qu'on a annoncé il y a quelque temps. Mais à situation nouvelle, il faudrait une réponse nouvelle. 

Cette réponse devrait se faire à l'échelle européenne ou d'abord au niveau français ?

S'il y a une réponse au niveau européen, tant mieux. Mais n'attendons pas les Européens, faisons le nous-mêmes. 

D'ailleurs, il y a une réponse allemande. Les Allemands ont dit très clairement qu'ils allaient augmenter significativement leur budget de la défense. Nous ne l'avons pas dit. C'est un domaine où je pense que la réponse n'est pas à la hauteur.

Il y a trois questions qui doivent être débattues et qui ne le sont pas suffisamment à mon avis. La première, c'est le budget que l'on consacre à la défense. Ensuite, il faut s'interroger sur nos grands programmes. Est-ce qu'ils sont adaptés à cette nouvelle guerre ?

Et puis le dernier point, c'est un travail sur nos alliances. On voit bien qu'on discute sur l'OTAN, sur l'Europe de la défense, sur des projets franco-allemands du point de vue industriel. Tous ces débats restent en général très théoriques. Il faut en sortir.

Si on veut être entendu, il faut peser dans toutes ces instances. Est ce qu'on se donne les moyens de peser ? Je ne suis pas sûr. On est très seul face aux Allemands notamment, et je pense qu'il faut qu'on se trouve des alliés en Europe.

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