L'édition 2022 est en noir et blanc. Le calendrier des Jeunes Agriculteurs réunit dix hommes et deux femmes, nus ou dévêtues. Ce quatrième calendrier a pour but de récupérer des fonds pour promouvoir le métier, les filières, par la communication tout en développant leur site internet.
C'est la quatrième fois que les Jeunes Agriculteurs de Haute-Marne se mettent à nu, ou presque. Presque, c'est parce qu'il n'a pas été facile de trouver des agricultrices pour poser devant l'objectif. Sandra Thériot, qui pratique la polyculture et l'élevage, dans le canton de Fayl-Billot explique : "Dans les réunions du syndicat, sur trente personnes, c'est tout juste s'il y a quatre agricultrices présentes. On est peu nombreuses. C'est le premier problème. Ensuite, celles qui ont eu des enfants ne souhaitent pas poser, car leur corps a changé, alors ça donne des complexes".
Oui, les agriculteurs et agricultrices peuvent être beaux et sexy !
Pauline Vasseur, qui a posé pour le mois d'avril, est éleveuse dans le sud du département de la Haute-Marne, à Lamothe. Elle y est éleveuse de vaches à lait. C'est la troisième fois qu'elle participe à l'opération. "On a eu pas mal de bons retours, via les réseaux sociaux, mais il y a aussi des commentaires négatifs. Les femmes dénudées, c'est plus difficile que les hommes. C'est pour cela que nous ne sommes pas entièrement dévêtues".
Quand l'idée de cette opération a été proposée, les agriculteurs n'étaient pas chauds. Ils trouvaient cette idée farfelue.
Casser l'image dégradée de l'agriculture
Thomas Meuret, 22 ans, est l'un des Dieux des Champs 2022. Il a posé devant l'objectif d'un copain, pour la deuxième année consécutive. Il est céréalier, éleveur et transforme farine, huile, pâtes et lentilles, dans son exploitation de Poinson-lès-Fayl, une ferme gérée en bio. Il participe au calendrier, "en rigolant". "Il faut jouer le jeu", dit-il. "Dans chaque canton, nous avons un stock de calendriers à vendre, sur la base d'un don libre. L'argent revient ensuite au canton, pour qu'on organise des soirées, des sorties. L'an dernier, on avait pu faire réaliser des tee-shirts, vendus ensuite pour le canton".
Pauline Vasseur, qui a été soutenue à fond par son entourage pour participer au calendrier, explique que c'est important de pouvoir organiser des sorties, pour se retrouver. "Oui les agriculteurs et agricultrices peuvent être beaux et sexy !", insiste Sandra Thériot. Elle figure dans le calendrier pour le "fun", mais aussi pour "casser l'image dégradée de l'agriculture".
Le succès est au rendez-vous
C'est l'imprimerie "les chipies d'Eugénie", installée à Rougeux, près de Langres qui a imprimé ce calendrier tiré, pour l'instant, à 1.000 exemplaires. Depuis le début de l'aventure, le succès n'est pas démenti. La première année, un peu plus de 500 exemplaires avaient été écoulés, puis 700, et 1.000, l'an dernier, après une réimpression. Emilie Poë qui est animatrice du syndicat des Jeunes Agriculteurs de Haute-Marne, qui réunit des exploitants de moins de 35 ans. Elle raconte qu'au début, "quand l'idée de cette opération a été proposée, les agriculteurs n'étaient pas chauds. Ils trouvaient cette idée farfelue. Mais, ça a marché, et cela permet de redonner une image positive de l'agriculture, d'expliquer ce qu'est la réalité des exploitations, et de susciter des vocations".
La débrouille
Comme c'était difficile de trouver un créneau pour réunir les participants à ce calendrier, chaque agriculteur s'est débrouillé pour faire une photo, avec un copain, une sœur, une amie. L'idée perçue comme farfelue, au départ, a conquis les habitants des 17 cantons de Haute-Marne. Les Jeunes Agriculteurs ont démarché des annonceurs. Chaque annonce de 250 euros, ainsi que la vente du calendrier permet donc de promouvoir le métier d'agriculteur. Ils ne pensaient pas que cette opération prendrait autant d'ampleur. Le calendrier marque les esprits. "On est connu grâce au calendrier !"dit Emilie Poë, avec fierté.