"On soigne des personnes pas des budgets", un médecin généraliste se bat pour sauver l'hôpital de Langres

En cette période d'élections législatives, environ 2000 personnes ont manifesté dans les rues de Langres, en Haute-Marne, il y a quelques jours. Elles dénonçaient les fermetures de lits et de services prévues par l'ARS Grand Est. Les soignants sont toujours nombreux à se mobiliser.

Le cortège était imposant. Ils étaient plus de 2000 à manifester contre les fermetures prévues par l'ARS Grand Est à l'hôpital de Langres samedi 11 juin 2022. Depuis la colère du Dr François Molli n'est pas retombée. Ce médecin généraliste du sud Haute-Marne se mobilise et s'insurge : "Ils prévoient des fermetures de 12 à 28 lits, des services de biologie, des urgences de nuits et des services de chirurgie. Mais ce serait terrible à court comme à long terme. J'ai une patiente dont le fils a fait un arrêt cardiaque. S'il n'avait pas été pris en charge tout de suite, il serait mort. Et nous voulons que la nuit, les urgences, les plus proches soient à 3/4 d'heures de route. C'est impensable."

L'ARS Grand Est miserait d'après le médecin sur le rapprochement de certains services avec Chaumont, comme ce fut le cas par le passé avec la fermeture de la maternité et de la pédiatrie à Langres. "Ça n'a pas marché, rapprocher deux hôpitaux qui ne vont pas bien, ne les rend pas plus forts, ça les affaiblit tous les deux", explique-t-il. 

40 à 50 patients par jour


Comme lui, plusieurs soignants ont constaté une fuite de la patientèle vers Dijon. Dans plusieurs services, il y a des réductions d'effectif ce qui ne permet plus une bonne prise en charge des patients. "D'après une étude, l'espérance de vie en Haute-Marne est plus faible qu'ailleurs en France. Et c'est encore différent, si l'on vit en ville ou dans la ruralité pure et dure. Nous sommes un vrai désert médical. Sur 21 médecins dans le sud Haute-Marne, il n'en restera bientôt que 16 à cause des départs en retraite. Comment voulez-vous gérer des patients et bien le faire ?" 

On soigne des personnes pas des budgets

Dr Molli-Médecin généraliste

Le soignant et son associé prennent entre 40 et 50 patients par jour : "on soigne des personnes pas des budgets, il serait temps de comprendre que l'on ne peut pas travailler dans la santé sans un minimum de budget. On voit bien que les jeunes médecins pris à l'hôpital actuellement sont soit intérimaire, soit en CDD sur des courtes durées. Rien n'est fait pour attirer un personnel de santé et le garder."

Un hôpital qui "fonctionne bien"

Le médecin ne comprend pas les propositions de l'ARS et du directeur de l'hôpital de Langres: "L'établissement n'est pas en mauvais état, il comptabilise environ 4 000 opérations par an. Alors certes, aucun dépassement d'honoraires n'est possible sur celles-ci. Mais ça montre l'importance du service chirurgie. Si nous le fermons, il n'y aura plus de coloscopie, ni de pose de pacemaker. Si on ferme la biologie, il n'y aura plus de possibilité de faire des analyses urgentes de nuit. Du coup, ils veulent aussi fermer le service de nuit. On veut amoindrir le service de santé alors qu'il souffre déjà dans notre département. Ce n'est pas logique !" 

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par DocAmine (@docamine_)



"Nous ne venons pas sans rien, nous avons des propositions, nous avons réfléchi à des solutions avec les personnes mobilisées contre ces fermetures. Nous espérons pouvoir trouver des solutions", conclut Le Dr Molli. 

La manifestation juste avant le 1er tour des élections législatives a réuni près de 2000 personnes à Langres. C'est plus qu'en février où l'on comptait 1200 personnes. Si les discussions n'aboutissaient pas d'autres mouvements comme celui-ci pourrait de nouveau avoir lieu. 

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité