"On n’arrête pas de pleurer, on ne dort pas, on ne mange pas" : après les inondations en Haute-Marne, l'heure est à la solidarité

Dans la nuit de samedi 20 à dimanche 21 juillet, de violents orages suivis d’inondations ont surpris les habitants de plusieurs communes autour du village de Meures. Deux jours après l’incident, on continue à déblayer, ramasser, nettoyer et sauver ce que l’on peut encore sauver.

À Annéville-la-Prairie (Haute-Marne), c’est la rue principale qui a été complètement retournée, des bouts de macadam soulevés et arrachés par les coulées de boue jonchent ce qu’il reste de trottoir. Pour les habitants, c’est surtout la stupéfaction qui a pris le dessus ce lundi 22 juillet au matin.

Depuis la fenêtre de la mairie, Régine Thivet raconte la tempête du 20 juillet survenue dans ce secteur de Haute-Marne : "Tout a commencé à 18h30, j’ai vu des litres d’eau dévaler la colline d’en face, en moins de 10 minutes, l’eau était devant chez moi comme un torrent… c’était la panique à bord". Mais c’est l’après qui est le plus dur, quand il faut sortir de chez soi et contempler les dégâts. Pire, pour ceux qui n’ont jamais connu ça et qui ont vu partir leurs souvenirs avec les torrents. 

Odette Leprun, 83 ans, est née et n’a toujours vécu qu’ici. Cette nuit-là, elle s’en souviendra encore longtemps, quand à 4 heures du matin, elle a dû balayer sans cesse pour essayer d’évacuer l’eau de sa maison. "J’étais terrorisée… J’étais toute seule, entourée d’eau, c’était catastrophique". Ce lundi matin, sa fille et sa petite-fille sont venues l’aider à déblayer son garage et sa maison. Son voisin, de son côté, emmène tout ce qui n’est plus récupérable à la déchetterie.

 

C'était l'apocalypse

Corinne, habitante de Meures

La solidarité est de mise depuis le phénomène du samedi 20 juillet. Familles et amis, habitants des communes voisines, passants, et même étrangers du camping d’à côté sont venus porter main-forte aux sinistrés, nous raconte Corinne Husson, habitante de Meures. Coincée chez son cousin pour la nuit, elle n’a pu retrouver sa maison que le lendemain matin, avec un mètre d’eau et de boue passé par là… "Quand je suis arrivée, c’était l’apocalypse. Le pire, c’était l’odeur ; on était désemparés à la vue des dégâts". Deux jours de calvaire pour Corinne, qui ne font que débuter. "On n’arrête pas de pleurer, on ne dort pas, on ne mange pas depuis deux jours". Aujourd’hui, quatre amis sont venus la soutenir pour éponger l’eau encore stagnante sur le sol, évacuer la boue et laver son mobilier, mais c’est peut-être remonter son moral qui demandera le plus d’effort. 

Gendarmes, pompiers et militaires encore mobilisés

Dimanche 21 juillet encore, ils étaient une quinzaine par maison à s’affairer. Parmi ceux qui sont venus contribuer à l’effort : des agriculteurs et leurs tracteurs pour débarrasser les routes. Gendarmes et pompiers sont par ailleurs toujours présents pour sécuriser les habitations dangereuses. Les militaires du 61e régiment d'artillerie ont aussi fait le déplacement pour venir en aide aux quelque 135 habitants. À coups de pelles et de brouettes, il faut désengorger les garages, jardins et logements afin de pouvoir s’y réinstaller le plus rapidement possible. Une entreprise d’assainissement a aussi entrepris de nettoyer le réseau des eaux pluviales afin d’éviter le pire, si jamais les inondations n’en étaient pas à leur première tentative, et le tout gratuitement, tient à souligner le maire du village, Sylvain Collot. 

  

On essaie de rester dignes...

Valérie Rabbé, éleveuse d'escargots

Un peu plus loin, c’est toute une exploitation qui a été détruite. Valérie Rabbé élève des escargots depuis 20 ans ; c’est tout son parc qui a été rasé par 80 centimètres d’eau. Un pan de son mur s’est effondré et une partie des déchets du village se retrouve dans son jardin, le transformant en décharge publique. "Je n’ai plus d’élevage, ça ressemble à un jeu de mikado… On essaie de rester dignes et on pense au moment présent". 

Armés de bottes et de gants, on s’entraide comme on peut. Dans ces villages, certains ont vécu la pire nuit de leur vie alors on essaie de tout remettre en ordre pour recommencer à vivre avec un semblant de normalité, avec le souvenir gravé à jamais de cette nuit du 20 juillet. 

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