Depuis 2011 le secteur des Crassées est fouillé chaque été par les équipes de l'Inrap. Les vestiges d'une villa gallo-romaine, d'une nécropole mérovingienne et d'un lieu de culte chrétien ont déjà été mises au jour. Cette année, près de 40 archéologues bénévoles continuent d'explorer le site.
Au milieu des bosquets et des amoncellements de terre, coincé entre une maison et une zone commerciale de Saint-Dizier s'étend le site archéologique des Crassées. Depuis une semaine en ce début juin 2019, les équipes de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, l'Inrap, sont revenues fouiller pour la neuvième année consécutive cet endroit exceptionnel.
Durant les huit campagnes de fouilles précédentes, les archéologues encadrés par Raphaël Durost et Stéphanie Desbrosse-Degobrtière ont mis au jour deux secteurs de fouilles.
1200 ans de mille-feuille historique empilé
Le premier situé en contre-bas d'une pente comprend des bains gallo-romains faisant partie d'un ensemble plus vaste, une villa. Le deuxième, quelques cent mètres plus loin, est plus complexe."La particularité du site c'est l'enchevêtrement des périodes, précise l'archéologue Raphaël Durost. On a eu la surprise quand Stéphanie (Desbrosse-Degobrtière) a commencé à voir apparaître des murs en élargissant le secteur de recherches funéraires. On a ainsi constaté que les murs d'une villa romaine étaient mélangés à une nécropole du Moyen Âge. Puis les murs ont continué puisqu'on a trouvé ceux de l'église. Une église totalement inédite, construite vers le XIe siècle."
"Pour l'époque gallo-romaine on a la villa, pour l'époque mérovingienne on a sa nécropole et pour l'époque carolingienne on a l'église et le cimetière paroissial typique des tous premiers villages français", précis l'archéologue.Ce qui fait que pour chaque période, on a la trace d'un type d'occupation emblématique.
- Raphaël Durost, archéologue responsable d'opération
Pour cette année 2019, les attentes sont encore grandes. Les archéologues, à qui la mairie de Saint-Dizier a commandé deux semaines de fouilles supplémentaires, espèrent se voir confirmer leurs hypothèses échafaudées lors des campagnes précédentes.
Notamment la présence d'une église encore plus ancienne que celle déjà découverte. "Depuis le début de la semaine, on a mis au jour une nouvelle tombe, manifestement d'époque mérovingienne, située tout contre le bâtiment que l'on pressent être l'église. C'est un nouvel indice qui va dans le bon sens", confie Raphaël Durost,. Et concernant la villa gallo-romaine, si la zone de bains est clairement définie, elle n'est qu'une petite partie de la construction. Il devrait y avoir des vestiges des salles de réception, des appartements privés…
Des découvertes à mettre en relation avec celles faites il y a quelques années par l'archéologie préventive au niveau de la zone commerciale voisine. Car à quelques mètres, sous un fast-food, les archéologues ont relevé de nombreuses traces d'habitation. "On a une réelle idée de ce qui s'est passé au-delà du terrain auquel on a accès, s'enthousiasme Raphaël. On a une vision d'ensemble. C'est-à-dire comment un terroir français, rural, a évolué dans le temps, de l'an 0 jusqu'au XIIe siècle."
Les fouilles sont prévues jusque début juillet. Et à l'occasion des journées nationales de l'archéologie, le public est invité les 15 et 16 juin, de 9h à 17h30, à découvrir les vestiges mis au jour ces huit dernières années sur le site des Crassées.