Déconfinement : les centres équestres se remettent en selle

Après le décret prescrivant les mesures générales nécessaires dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, publié lundi 11 mai, les centres équestres vont pouvoir reprendre leurs activités. Une reprise très progressive et très encadrée.

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Rarement un texte aura été autant attendu. Mais après deux mois de d'arrêt, ça y est, le décret prescrivant les mesures générales nécessaires dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire permet aux centres équestres de rouvrir leurs portes.

 

Une reprise très encadrée et très progressive, avec notamment des groupes de dix personnes maximum pouvant être accueillis sur des zones différentes au sein d'une même structure. Du côté du centre équestre de Saint-Dizier (Haute-Marne), cela fait plus d'une semaine que Claire Guélinboin planche sur son scénario de reprise. Elle a envoyé un courrier à ses cavaliers où elle explique l’organisation à respecter à la lettre pour pouvoir monter.
 

Un protocole strict

"Je ne veux prendre aucun risque, ni pour les cavaliers, ni pour mes employés, ni pour les chevaux, explique la propriétaire du centre. J’ai pris la décision de ne pas permettre de monter aux cavaliers n’ayant pas au minimum un galop trois. Il faudra qu’ils connaissent bien les bêtes et leurs réactions potentielles. Après plusieurs semaines enfermées, le trot dans la nature ne sera pas évident. Avec des débutants, ce type de sorties serait beaucoup trop risqué."

Les parents devront déposer leurs enfants au portail, mais ne pourront pas les accompagner à l’intérieur du centre. Les horaires d’arriver des groupes seront adaptés pour qu’aucun croisement n’ait lieu entre les arrivées et les sorties. Trois points d’eau avec des savons, mais aussi des gels hydroalcooliques seront mis à disposition des cavaliers, et ils devront obligatoirement y passer avant de mettre leurs gants. Chacun devra être équipé de son propre matériel et il sera impossible de le prêter à ses camarades. Enfin, le centre est équipé d’une machine permettant de désinfecter les cuirs utilisés pour monter. La date de reprise est fixé au mercredi 13 mai.

  

Des chevaux en manque de contacts humains et d’exercices 

Reprendre une activité, même modérée, doit être bien géré pour les cavaliers bien sûr mais aussi pour leurs montures, cantonnées à une oisiveté forcée pendant deux mois et pour qui la transition doit également se faire en douceur.

"Globalement, nos bêtes ont pris du poids malgré le fait que nous les ayons lâchées au parc pour leur faire faire un peu d’exercice et les soulager. Pendant plusieurs semaines, nous les avons vus malheureux à ne pas pouvoir se dépenser comme d’habitude. Ça m’a énormément touchée de les voir dans cet état et c’est pour ça que j’ai hâte de pouvoir réouvrir les portes du centre", développe Claire Guélinboin.

Un sentiment partagé du côté du Centre équestre du Parc, à Châteauvillain (Haute Marne). Ces huit semaines avec un minimum de visites et quasi sans exercice pour les chevaux, font craindre le pire à la propriétaire du centre équestre, Cynthia Petitjean. "La reprise va être compliquée niveau physique pour eux. Ce sont des athlètes qui ont été mis au repos forcé. Nous avons pu les faire sortir des écuries, mais ça n’a rien à voir avec d’habitude. Nous avons eu malgré tout la chance que le conseil départemental nous autorise à laisser brouter nos bêtes dans une petite partie du Parc aux daims, derrière le centre équestre. Cela leur a permis de se dégourdir un peu les pattes. Mais ça reste insuffisant pour eux." 

 


Une nécessité financière

Une réouverture qui correspond également à un impératif financier. D’après leur fédération, les centres équestres devaient recevoir une aide financière comme les zoos ou encore les parcs animaliers. "Un coup de pouce nécessaire" pour 80% d’entre eux d’après certains propriétaire, leurs charges étant très importantes. Mais pour le moment, "rien n’a été débloqué", déplore Cynthia Petitjean. 

Les chevaux ça mange, on ne peut pas les faire attendre huit semaines. Là, ce n'est plus une aide d'urgence, on est au-delà de l'urgence
Cynthia Petitjean, propriétaire du centre équestre du Parc

 

La propriétaire du centre équestre du Parc a fait les démarches pour obtenir les aides économiques mises en place par l’Etat en direction des entreprises. Mais malgré ça, la situation est difficile à gérer. "J’ai perçu l’aide de 1.500€ de l'Etat, mais elle reste dérisoire pour nous. Chaque mois, elle nous a servis à payer une livraison de granulés pour chevaux, pas plus", confie-t-elle. 

Avant d’ajouter : "Nous avons quarante chevaux et poneys, et seulement cinq pensions qui rentrent chaque mois soit 2.000€ de rentrées contre près de 10.000€ de charges mensuelles comprenant l’eau, l’électricité, les soins vétérinaires, l’alimentation entre autres choses. Nous avons la chance d’avoir eu le soutien de la mairie de Châteauvillain qui nous a permis de décaler le paiement des loyers de mars, avril et mai. Mais malgré ça, la réouverture du centre devient primordiale. Nous ne nous versons pas de salaires mon mari et moi. Pourtant, nous travaillons tous les jours auprès des bêtes. Notre présence est indispensable pour eux."

Sans compter que cette réouverture engendrera des frais supplémentaires. "On va faire revenir le maréchal-ferrand pour referrer les chevaux, on a acheté du gel et des produits pour nettoyer les boxes et le matériel etc."

La propriétaire n'est pas pour l'instant en mesure de savoir si elle pourra passer au-dessus de cette crise, même si, comme chez sa collègue de Saint-Dizier, les appels sont nombreux du côté des cavaliers impatients de reprendre. "Chez nous, la plus grosse partie de notre activité est liée aux colonies de vacances de juillet-août. Si on est trop limité ou si on est obligé de fermer à nouveau parce que la crise sanitaire repart de plus belle, les conséquences pourraient alors être énormes pour nous."  A Châteauvillain, la reprise se fera aussi à partir de mercredi 13 mai.
 
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