Quatorze tableaux religieux représentant le Chemin de croix avaient été découverts remisés dans le clocher de l'église de Chatonrupt-Sommermont (Haute-Marne). Patrick Quercy, un retraité qui est peintre à ses heures perdues, a été missionné pour les restaurer.
C'est une histoire de patrimoine, de religion, d'art de passion. Une histoire au long cours, également.
En juillet 2021, Rosalia Quercy, adjointe au maire, se trouve dans le clocher de l'église, dont le carillon était en panne, à Chatonrupt-Sommermont (Haute-Marne, il faut prononcer "chaton rue"). Elle découvre quatorze toiles abîmées représentant une scène biblique, le Chemin de croix du Christ, entassées ici depuis les années 1980.
Il faudrait les restaurer, songe l'adjointe, mais avec quels moyens ? Elle en discute avec Joël Agnus, le maire de ce petit village d'à peu près 280 âmes qui a bien d'autres postes de dépenses plus prioritaires (visible sur la carte ci-dessous).
Et c'est ainsi qu'une décision originale est prise. Monsieur le maire missionne Patrick Quercy, un retraité passionné de peinture qui a proposé ses services pour mener la restauration après avoir préalablement nettoyé l'ensemble. Plusieurs étapes sont nécessaires : restaurer le châssis, nourrir la toile, colmater les parties écaillées par les intempéries ("et 50 centimètres de hauteur de fientes" d'après le maire). Il faut ensuite vernir... et peindre.
Restauration peu onéreuse
Le peintre, marié à la première adjointe, ne demande pas beaucoup d'argent : 40 euros par tableau. Et ce juste pour le prix de la peinture et des pinceaux qu'il achète dans un magasin de bricolage de Joinville (Haute-Marne). Un acte généreux, bien éloigné du coût prohibitif qu'aurait demandé une restauration "officielle". Le "résultat n'était pas garanti", précise le maire à France 3 Champagne-Ardenne. Mais finalement, après "déjà 1.000 heures de travail", il en vaut bien la chandelle.
"J'aime beaucoup la peinture", confie Patrick Quercy (dont c'est la première restauration). "J'ai progressé petit à petit. Je peignais déjà quand j'étais militaire à l'Armée de l'air." Il a même pris des cours à l'époque, et connaît donc les techniques. "J'adore les couleurs." Et ça se voit : originellement, ce Chemin de croix était bien sombre (il aurait été peint vers le milieu du XIXe siècle). "J'améliore ces tableaux, je les remets au goût du jour." On pourrait même dire que le passionné s'est permis une touche d'impressionnisme quant à sa manière de restaurer le ciel sur ces toiles.
Chaque tableau nécessite trois semaines pour être restauré (amélioré) en bonne et due forme. Cinq tableaux ont été remis à la municipalité au mois de décembre 2021. Et ce vendredi 25 mars 2022, encore cinq autres.
Les quatre tableaux restants devraient être finalisés pour l'été. Ils réintégreront alors l'église Saint-Brice mais dans la nef cette fois-ci, pas le clocher. Leurs nouvelles couleurs chatoyantes raviront alors les fidèles et les touristes. Qui pourront les contempler... religieusement.