VIDEO. Saint-Dizier : conflit entre une association et la mairie autour des travaux du refuge animalier

La teneur des travaux en cours au refuge animalier de Saint-Dizier (Haute-Marne) a été dénoncée dans une vidéo publiée le jeudi 9 mars sur les réseaux sociaux. La mairie a voulu clarifier sa position et déplore le retard pris par le chantier.

La vidéo dure à peine une minute, mais elle se veut efficace. On y voit une série de boxes destinés à abriter des chiens, en tôle, dont le sol est détrempé. 
La scène a été filmée sur la partie en travaux du refuge animalier de Saint-Dizier (Haute-Marne), administré par l'association Les amis des bêtes. Des travaux y ont commencé au mois de février 2022, et doivent durer jusque fin 2023.
Cette vidéo, publiée le jeudi 9 mars 2023, a fait un tollé (local) sur le réseau social Facebook. Le maire a été interpellé à plusieurs reprises dans les commentaires (voir publication ci-dessous).

La vidéo a été signalée à France 3 Champagne-Ardenne par une dame habituée du refuge depuis longtemps. "Une personne du refuge a mis cette vidéo sur Facebook. Il y a ce projet de rénovation et de mise aux normes du refuge. Les travaux ne sont pas terminés, mais la vidéo montre bien que ce n'est pas du tout l'attente des bénévoles et du refuge." Des travaux subventionnés par la municipalité.
"On voit de l'eau plein le sol : il n'y a pas de pente, elle ne s'évacue pas. Les chiens ne peuvent pas être à l'abri. Quand il va faire chaud, ils seront en plein soleil. Apparemment, les niches ne sont pas adaptées à toutes les tailles. La chatterie, ça ne va pas non plus. Plein de choses ne vont pas."  La vidéo a pris tant d'ampleur qu'une pétition a été ouverte, signée par bientôt 2.000 personnes. 

Le conseil municipal est demandé

Cette dame souhaiterait que le maire, "dont on ne connaît pas le ressenti", soit plus impliqué et prenne position. "Peut-être qu'il va aller dans le sens du refuge et dire que ce n'était pas ce qui était demandé. Car à entendre l'association, on leur avait promis des boxes en dur, mais ce qu'on voit là n'est pas du tout ce qui était attendu."
"Apparemment, les élus ont été invités à voir l'avancée des travaux, et ne se sont jamais déplacés. Le refuge m'a dit qu'on ne les avait jamais vus." Les soutiens du refuge ont envisagé d'aller manifester à l'occasion de l'inauguration des nouvelles halles de Saint-Dizier, avant de se raviser en songeant que ça ne ferait pas forcément avancer leur cause. 

La présidente du refuge est vent debout

Sandrine Chauvelot, la présidente de l'association à la tête du refuge, confirme ces propos. "La ville a projeté de refaire le refuge. On était en pourparlers depuis trois ans. On a eu des plans. Sauf que les plans, quand on est novice et qu'on n'y connaît rien : on voit des traits, des ronds... Mais la réalité n'a rien à voir avec ce qui était prévu."
"On ne voulait surtout pas des boxes avec que de la tôle. Mais quelque chose avec un coin fermé, et un dortoir pour le chien, pour qu'il puisse s'abriter. Là, on se retrouve avec un refuge-fourrière. On voit du grillage à l'air libre : quand il pleut ou qu'il vente, le chien est soumis aux intempéries. Il peut être tout mouillé. Derrière, une grande aération fait courant d'air. Le pauvre chien ne pourra pas rester dehors en permanence, il devra aller dans sa niche."

Là, on se retrouve avec un refuge-fourrière.

Sandrine Chauvelot, présidente du refuge animalier de Saint-Dizier

Sauf que la niche pose problème également. "Ces grosses caisses blanches, il paraît, protègent du froid et des intempéries. Mais les gros chiens n'iront pas dedans, ils n'ont pas la capacité de rentrer. Ce ne sont que des niches de petite et moyenne tailles." Quant au problème de pente n'évacuant pas l'eau, la présidente du refuge précise que selon la municipalité, "elle est bien règlementaire", mais madame Chauvelot n'est "pas sûre que ce soit respecté, avec la marge d'erreur"
"Je suis sûre que les pauvres chiens resteront constamment dans leur niche, ou alors les pattes dans l'eau. Et certains vont rester toute leur vie là-dedans, sans être bien dans cet environnement." Mais les chats seraient concernés aussi. Dans la chatterie, elle déplore "une grosse fuite dans le couloir", le local des casiers de quarantaine "où il n'y a pas de porte pour l'instant", "des cloisons pour enfermer les chats à l'intérieur car dehors la chatière n'est pas faite"...
Elle tranche "Moi, tant que tout n'est pas aux normes, je ne passe pas de l'ancien refuge au nouveau. Les chats sont actuellement dans nos deux anciennes chatteries. Elles font partie du deuxième lot, dont les travaux, le désamiantage, devaient normalement commencer la semaine du 13 mars." (le lot 1 a vu la construction des boxes et des deux nouvelles chatteries, voir l'emplacement sur la carte ci-dessous)

Interrogée sur son rapport avec l'équipe municipale en plus, Sandrine Chauvelot, "remontée à bloc" et voulant "faire bouger les choses", explique ne pas aller "à la mairie. Je me fais toute petite, je ne vais pas monter au créneau. On leur a quand même envoyé pas mal de mails avec tout ce qui ne va pas, aux services vétérinaires aussi : ce sont quand même les premiers concernés et qui valident."
"On nous dit qu'il faut s'en tenir au règlement sanitaire. Mais rien n'est respecté, il est à l'opposé de ce qu'on nous impose aujourd'hui." Une réunion devrait se tenir avec la mairie, les services vétérinaires (dont la présidente espère l'assentiment), les architectes, et l'association le vendredi 17 mars. De quoi laisser espérer, peut-être, une reprise du dialogue. 

La réponse de la mairie

L'autorité municipale a décidé de répliquer en publiant un long point détaillé et illustré sur Facebook. Elle a aussi décidé de répondre à France 3 Champagne-Ardenne, via Esteban Moock, son responsable du service de maîtrise d'ouvrage et de conduite des opérations (voir publication ci-dessous).

Il avance que la conception des boxes répond aux recommandations des services vétérinaires. "Ils sont aux normes, plus axés sur le risque premier inhérent à ces animaux, c'est à dire le manque d'hygiène. C'est donc ouvert, et facilement lessivable. Cela peut paraître de loin inconfortable, mais ça ne l'est pas forcément."
Et d'évoquer que "madame Chauvelot est plus dans une logique à offrir quatre vrais murs aux chiens, pour un meilleur confort, avec des couvertures. Oui, ça donne chaud, mais ça peut créer des problèmes d'hygiène. Nous, on a une autre façon de travailler. On a coeur d'offrir un refuge aux normes professionnelles, avec du confort et de l'hygiène, mais surtout de l'hygiène et de respect des normes plutôt que du confort; madame Chauvelot a peut-être une gestion plus associative et plus confortable pour les chiens. On n'a pas le choix, on suit les recommandations." 
"Si vous mettez trois murs en agglo, isolés, c'est bien, les chiens seront au chaud. Mais pour nettoyer les urines et excréments, pour désinfecter totalement, ce sera presque impossible. La tôle, le béton miroir, et la niche sont en matériaux imputrescibles, là vous avez une facilité d'entretien. Et c'est bon pour la santé à long terme des chiens." Il ajoute que les niches peuvent être garnies de couvertures sans souci, et qu'elles ont été testées pour des chiens de toute taille ("1,25m par 75cm par 92cm : un malinois peut y rentrer facilement"). Pour de très gros chiens (type montagne), dix boxes avec quatre murs en dur seraient conservés, "comme madame Chauvelot le veut"

C'est bon pour la santé à long terme des chiens.

Esteban Moock, responsable du service de maîtrise d'ouvrage et de conduite des opérations à la mairie de Saint-Dizier

Quant aux promesses de boxes en dur, le responsable tranche. "On n'a rien promis. On ne doit rien à madame Chauvelot. Ceux à qui on doit quelque chose, ce sont les services vétérinaires. Madame Chauvelot, on lui a présenté des plans. Aux autres associations aussi. Trois fois. Elle n'a pas forcément compris ce qu'on lui a présenté, mais les boxes en tôle, ils ont toujours été dans le projet. Leur orientation sud plutôt que nord, elle nous a été demandée par les services vétérinaires. La façon de les lessiver aussi. Leur grande ventilation, pratique lors des fortes chaleurs, également." Il certifie que les rudes conditions climatiques, hivernales comme estivales, ne seraient donc pas un problème.

L'association en place ne serait plus toute seule 

Le refuge serait destiné "à la cause animale", et en sus à des associations animalières complémentaires. Il serait donc partagé, ce qui semblerait poser un problème pour la présidente de l'actuelle structure en place. "La pétition et la vidéo font suite à une demande de déménagement partiel, car on fait les travaux en deux étapes. On a fait la première; madame Chauvelot et les autres associations peuvent y emménager."
"Madame Chauvelot se trouve actuellement dans les bâtiments qu'on doit démolir pour faire la deuxième partie du refuge. Mais elle bloque en évoquant des problèmes techniques car on lui a dit qu'elle ne pourrait pas jouir de l'ensemble des nouveaux aménagements, mis à la disposition de cette cause animale, pour d'autres associations avec lesquelles elle ne s'entend pas. C'est de là que vient le vrai problème. On lui avait même donné de l'espace supplémentaire pour faciliter son déménagement."
Les nouveaux lieux seraient donc partiellement occupés, mais les anciens le seraient toujours aussi. En attendant, cela bloquerait les travaux (évalués à 1.6 million d'euros), occasionnant un coûteux retard. Le responsable avance sa bonne foi et sa volonté d'avancer main dans la main avec Les amis des bêtes. "Quand les autres associations nous ont demandé du carrelage sur les murs de certaines chatteries rénovées, on l'a fait. Quand madame Chauvelot nous a demandé, très légitimement, des grilles pour les étagères de la zone de quarantaine des chats, plutôt que des cages, on l'a fait aussi."
Esteban Moock dénonce une volonté de fuir le dialogue avec l'équipe municipale (dont il assure qu'elle s'est régulièrement déplacée sur les lieux), voire du chantage, au mépris de la future augmentation de la capacité d'accueil en chats et en chiens. Un courrier officiel vient de lui être envoyé pour tenter de débloquer la situation, "car on ne veut pas l'exclure du refuge, on veut qu'elle en soit un acteur". L'affaire est donc à suivre...

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