Alors qu'est organisée ce mardi 14 novembre la journée internationale contre le diabète, la situation dans la région Grand Est est préoccupante. À population égale, le nombre de personnes malades est supérieur à la moyenne nationale. Selon les spécialistes, le renforcement de la prévention est nécessaire pour lutter contre ses augmentations.
La situation est inquiétante. Selon les chiffres de l'Observatoire de la Santé (ORS) de la région Grand Est, 384 000 personnes sont touchées par le diabète (tous types confondus). Un chiffre supérieur à la moyenne nationale en pourcentage de la population (6,3% contre 5,6%) et qui "augmente surtout depuis 2019" indique le rapport de l'ORS, publié ce 13 novembre.
"Cette augmentation est principalement due à un boom de l'obésité chez les 33-54 ans sur la période 2017-2018 qui induit, avec un léger décalage temporel, l'apparition de diabète de type 2", analyse la docteure Laure Pain, conseillère médicale référente des maladies chroniques à l'Agence régionale de Santé (ARS) Grand Est.
"La Région Grand Est est particulièrement concernée par cette problématique", a d'ailleurs confirmé sur le réseau social X, l'ARS, le 13 novembre.
Dans le détail, les statistiques ne sont pas plus rassurantes : "En Grand Est, la prévalence brute du diabète traité [personne traitée par médicament, par insuline, en affection longue durée ou hospitalisée, ndlr] augmente presque à tous les âges", note le rapport de l'Observatoire régionale. "Entre 65 et 74 ans, la prévalence du diabète traité est passée de 18,8 % en 2016 à 19,1 % en 2021. La prévalence augmente à tous les âges sauf entre 55 et 64 ans".
Des inégalités entre les départements
Des disparités existent également entre les différents départements de la région. Les Vosges ont le taux de prévalence le plus faible (5,8%). Pour autant, l'ORS note une forte augmentation (+5,2%) depuis 2016. De son côté, La Marne voit également son taux bondir à +6,2%, ce qui en fait le département avec la plus grosse augmentation du Grand Est.
Enfin, les départements de la Moselle et du Bas-Rhin voient leur nombre de personnes touchées par le diabète augmenter, mais beaucoup moins vite que dans les autres départements avec, respectivement, +1,6% et +1,3% d'augmentation depuis 2016.
Cette progression est liée à l’évolution des modes de vie, surtout l’alimentation et l’activité physique, et à l’augmentation du surpoids et de l’obésité, facteur de risque majeur.
Agence Régionale de Santé Grand Est
Pour la docteure Laure Pain, ces différences s'expliquent par un "décalage" sur le sujet de l'obésité : "L'Alsace a eu une grosse problématique avec l'obésité il y a 10 ans. Des actions ont été mises en place et on voit les résultats aujourd'hui. À l'époque, la Champagne-Ardenne était moins concernée par l’obésité, il y a donc désormais une forme de rattrapage".
Quoi qu'il en soit, le nombre de personnes atteintes de diabète augmente partout dans la région : "Cette progression est liée à l’évolution des modes de vie, surtout l’alimentation et l’activité physique, et à l’augmentation du surpoids et de l’obésité, facteur de risque majeur.", indique l'ARS.
Surpoids et obésité
Un constat partagé par le rapport de l'Observatoire régional de santé : "Plus de 90 % des personnes diabétiques sont atteintes de diabète de type 2 dont le principal facteur de risque tient à l’hygiène de vie (alimentation trop grasse et trop sucrée, sédentarité)".
Mieux manger, sans forcément perdre des kilos, et faire du sport, même de la marche, c'est essentiel pour lutter contre le diabète.
Laure Pain conseillère médicale ARS Grand EST
Or, la région Grand Est est particulièrement touchée par ces facteurs à risque : "La prévalence du surpoids et de l’obésité est très supérieure à la moyenne nationale : 20 % en Grand Est contre 17 % en France métropolitaine en 2020", indique de son côté l'ARS.
Pour se prémunir contre la maladie, la docteure Laure Pain rappelle quelques gestes de prévention : "Mieux manger, sans forcément perdre des kilos, et faire du sport, même de la marche, c'est essentiel pour lutter contre le diabète."
Que l'on soit pauvre ou riche
Selon l'Agence régionale de Santé, l’inégalité sociale face au diabète s’aggrave dans la région : "Dans les communes les plus favorisées, la prévalence du diabète traité n’a augmenté que de 0,1 % entre 2016 et 2021, tandis qu’elle augmentait de 1,2 % dans les communes les plus défavorisées", constate l'ARS. "C'est le résultat des inégalités face à l'obésité, mais aussi dans l'accès au sport", détaille Laure Pain
Du mieux grâce à la prévention
Les pouvoirs publics semblent tenter d'enrayer la machine à travers la prévention, des partenariats avec les communes, des programmes d’éducation thérapeutique. Ces actions portent d'ailleurs le fruit, du moins en partie.
Dans le Grand Est, le pourcentage de personnes considérées comme diabétiques augmente en moyenne moins vite (+ 3,7%) que dans le reste de la métropole (+ 4,7%). " Il faut encore renforcer la prévention, notamment chez les plus jeunes et on y arrivera", espère la docteure.