Le Nobel de médecine lui a été remis samedi. Retour sur sa journée à Stockholm
Strasbourg:Portrait de J.Hoffmann biologiste
C'est un biologiste strasbourgeois qui a décroché la médaille d'or du CNRS 2011.Il s'agit de Jules Hoffmann , lauréat de la plus haute distinction scientifique française.Elle lui a été décernée pour ses travaux touchant au système immunitaire des insectes.
Le Nobel de Médecine a été décerné à Jules Hoffmann, à l'Américain Bruce Beutler et, à titre posthume, au Canadien Ralph Steinman. Les prix Nobel 2011 de Médecine, Chimie, Physique, Littérature et Economie seront remis cet après-midi à Stockholm au cours d'une cérémonie solennelle.
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(3 octobre)
Le Français Jules Hoffmann a reçu lundi le prix Nobel de Médecine pour ses travaux sur le système immunitaire, un prix partagé avec l'Américain Bruce Beutler et le Canadien Ralph Steinman décédé trois jours avant l'annonce. "M. Steinman est décédé le 30 septembre" à l'âge de 68 ans des suites d'un cancer du pancréas dont il souffrait depuis quatre ans, a indiqué l'université Rockefeller de New York où il enseignait l'immunologie. Les travaux récompensés jeudi par le Nobel doivent justement favoriser l'efficacité de la lutte contre des maladies comme le cancer et celle des vaccins.
Chercheur émérite au CNRS, le professeurs Hoffmann, 70 ans, et ses deux co-lauréats ont été récompensés pour avoir "révolutionné" les connaissances sur le système immunitaire, a déclaré le secrétaire du comité Nobel de Médecine, Göran Hansson, en annonçant les lauréats.
"Je n'étais pas sûr que ce domaine méritait un prix Nobel", a répondu M. Hoffmann comme on lui demandait s'il était surpris. "Je ne pensais pas que notre contribution attirerait autant l'attention", a-t-il ajouté, se disant plutôt "heureux" que "fier". (...)
C'est la douzième fois que le Nobel de médecine récompense des travaux sur le système immunitaire.Les lauréats recevront leur prix de 10 millions de couronnes (1,08 million d'euros) à se partager lors d'une cérémonie officielle à Stockholm le 10 décembre, dateanniversaire de la mort du fondateur du prix, l'industriel suédois Alfred Nobel. avec AFP
Jules Hoffmann
Le biologiste français Jules Hoffmann, 70 ans, récompensé lundi par le prix Nobel de médecine, a su en étudiant le système immunitaire de la mouche du vinaigre, montrer l'importance d'une première ligne de défense contre les micro-organismes que l'homme partage avec les insectes.
La médaille d'or du CNRS, une des plus prestigieuses distinctions scientifiques françaises, lui a été décernée il y a moins de deux semaines. Dans les années 70, Jules Hoffmann a créé le laboratoire "Réponse immunitaire et développement chez les insectes" installé à l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire du CNRS à Strasbourg, dont il a été directeur de 1994 à 2006.
"C'est une personnalité chaleureuse. Il a un pouvoir de communication extraordinaire", selon son collègue Charles Hétru. Rien que cette année, ce père de deux enfants a aussi reçu les prestigieux prix Keyo de Médecine, Prix Gairdner en sciences médicales et dernièrement le prix Shaw en sciences du vivant et médecine. Mais "je n'étais pas sûr que ce domaine méritait un Prix Nobel", a déclaré lundi le nouveau lauréat.
"C'est un personnage élégant, bon vivant, chaleureux, mais en même temps un peu austère", a déclaré devant la presse Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences et professeur d'immunologie, précisant que son "ami" a pour hobby "la randonnée en montagne".
Après des premiers travaux sur les sauterelles, c'est chez la drosophile ou mouche du vinaigre que Jules Hoffmann analyse les réponses antimicrobiennes des insectes, permettant des avancées pour la compréhension des mécanismes chez les mammifères, homme compris. "Les insectes se défendent remarquablement bien contre les infections, notamment par la production de puissants peptides (petites protéines) à large spectre d'activité contre les bactéries et les champignons", avait-il expliqué en 2007 devant l'Académie française des sciences qu'il a présidée pendant deux ans, jusqu'en 2008.
Né au Luxembourg dans la petite ville d'Echternach, le 2 août 1941, entré au CNRS en 1964, il a obtenu la nationalité française en 1970.
Héritage paternel
Dans une brève autobiographie, le biologiste au regard bleu et à la mèche blanche raconte que, sur les conseils du Pr Pierre Joly qui l'avait accueilli dans son laboratoire du CNRS à Strasbourg, il avait "décidé de rester dans le système universitaire français et de demander la nationalité française". "Je l'ai reçue en 1970, perdant automatiquement mon ancienne nationalité luxembourgeoise", poursuit-il, précisant "n'avoir jamais regretté cette décision" pourtant difficile en raison d'un "conflit" entre ses "intérêts scientifiques et les sentiments familiaux".
Son père, enseignant de sciences naturelles à Luxembourg et collectionneur d'insectes à ses temps perdus, lui avait communiqué sa passion. Lorsque Jules se lance dans l'étude de l'immunité des drosophiles, "personne ne faisait ce type d'études au plan mondial à la fin des années 80", rappelait-il récemment.
Considérée maintenant comme une première ligne de défense indispensable avant l'apparition d'anticorps, l'immunité innée faisait alors figure de système "subalterne". On connaissait les phagocytes, des globules blancs avaleurs de bactéries, mais "on ne s'attendait pas à ce que cela soit aussi complexe", expliquait-il à l'annonce de sa médaille du CNRS.
L'immunité innée est une "défense immédiate et générale", sans viser spécifiquement un germe infectieux ni mémoriser son identité", résumait M. Hoffmann qui a découvert en 1996 le récepteur Toll capable d'identifier un agent pathogène. Ce récepteur intervient aussi dans l'activation de l'immunité adaptative ou spécifique, le deuxième type de réponse immunitaire entrainant la production d'anticorps. AFP
Hoffmann rend hommage à son équipe
Jules Hoffmann, qui vient de recevoir le prix Nobel de médecine, a affirmé lundi qu'il pensait "beaucoup à tous les gens qui ont travaillé avec lui", ajoutant que c'était "un domaine, l'activité d'un groupe, qui étaient reconnus". Le nouveau prix Nobel français, qui était interrogé par téléphone depuis Shanghaï lors d'un point de presse du CNRS (Centre national de la Recherche scientifique) à Paris, n'était pas informé du décès du Canadien Ralph Steinman, qui a reçu le prix avec lui et l'Américain Bruce Beutler
"Je n'étais pas sûr que ce domaine méritait un prix Nobel", a ajouté M. Hoffmann, comme on lui demandait s'il était surpris. "Je ne prend pas ce prix pour moi pour l'instant. Je suis très content que (le comité Nobel) ait choisi ce groupe-là, des gens qui s'entendent bien", a-t-il ajouté, estimant que "ce sont les travaux de ces trois groupes qui ont permis d'avoir unemeilleure compréhension de l'immunité innée". M. Hoffmann a également dit qu'il avait vraiment réalisé qu'il avait reçu le Nobel lorsqu'il avait vu les journalistes devant son hôtel en revenant d'un spectacle de feu d'artifice. AFP
Réactions
Le ministre de la Santé Xavier Bertrand et la secrétaire d'Etat Nora Berra ont félicité lundi Jules Hoffmann, lauréat du prix Nobel de médecine, estimant que cette distinction honore "l'ensemble de la communauté scientifique française".
Ses travaux de recherche dans le domaine de l'immunité, effectués en collaboration avec l'Américain Bruce Beutler et le Canadien Ralph Steinmann, "ont permis de réelles avancées en matière de développement de la prévention et de thérapies contre les infections, les cancers et les maladies inflammatoires", estiment M. Bertrand et Mme Berra dans un communiqué.
"Après le prix Nobel reçu en 2008 par Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, les ministres considèrent que cette nouvelle distinction témoigne du dynamisme et de la qualité de la recherche française en médecine", ajoute le communiqué du ministère.
Laurent Wauquiez, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
"Ce prix, qui témoigne de l'excellence scientifique de la recherche française, couronne le parcours prestigieux de Jules Hoffmann, déjà récompensé cette année par la médaille d'or du CNRS et qui a reçu il y a quelques jours à Hong Kong le prix Shaw, avec notamment Bruce Beutler", relève le ministre. Il exprime "la grande fierté de la France de compter un prix Nobel dans un champ de recherche, celui des mécanismes génétiques responsables de l'immunité, fondamental et porteur d'applications médicales prometteuses".
Nicolas Sarkozy a salué lundi l'attribution du prix Nobel de médecine au chercheur français Jules Hoffman, une distinction qui "honore l'université de Strasbourg, le CNRS, la communauté scientifique française et notre pays tout entier". "En étudiant les réponses antimicrobiennes des insectes et en montrant la grande conservation des mécanismes de défense innée entre l'insecte et l'homme, le professeur Hoffman a apporté une contribution décisive à la compréhension des systèmes de défense contre les maladies infectieuses et parasitaires", a indiqué le chef de l'Etat dans un communiqué. AFP