Jusqu'au 31 décembre, le palais du Tau de Reims accueille une exposition autour de l'Ange au Sourire de la cathédrale.
Depuis près de 800 ans, un ange du portail nord accueille par un sourire énigmatique, tous ceux qui veulent rentrer dans la cathédrale de Reims. Une exposition, "Avec le sourire", lui est consacrée au Palais du Tau jusqu'à la fin de l'année.
Après avoir monté le grand escalier où débute la visite du palais du Tau, le public est accueilli directement par un moulage de la tête de l'Ange avant sa destruction en 1914, encadré par les 6 statues monumentales de rois. A côté se trouve une pyramide d'ourson "Ange au sourire" vendu à l'office de tourisme. On retrouve également à proximité une poutre, en référence à celle qui a décapité l'Ange lors de la Première Guerre mondiale et qui l'a fait connaître dans le monde entier (voir encadré).
Un moulage de l'Ange associé à des peluches "Ange au Sourire" accueillent les visiteurs
Un Ange envahissant
Cette entrée en matière inhabituelle a été voulue par les deux jeunes scénographes choisis par l'administrateur du palais du Tau, Aymeric Peniguet de Stoutz. Il a en effet décidé de confier la scénographie à deux jeunes artistes, Vaulot et Dyèvre, qui ont voulu que l'Ange et son exposition investissent toutes les pièces du palais du Tau transformées aujourd'hui en musée.
Dans la salle de la Catéchèse, les immenses têtes de l'Ange du boulevard des tombeurs, démontés pour l'occasion, occupent l'espace et semblent plaire au public. "C'est impressionnant ces grosses têtes", explique François, de passage à Reims avec sa famille.
Une image démultipliée
L'exposition revient aussi sur l'utilisation par les artistes, les commerçants ou les communicants du Sourire de Reims. Dans la salle des Gargouilles, on le retrouve tour à tour sur des timbres, des médailles, des affiches publicitaires, des flûtes de champagne et même un graffiti. L'Ange que l'on retrouve ici sur plus de 1200 déclinaisons différentes (toutes ne sont pas exposées) semble avoir été démultiplié sur tous les supports possibles.
L'Ange au Sourire s'est vu décliné sur des tas de supports, y compris en graffiti
Celui qui a le plus tiré parti de l'image de l'Ange est sans conteste Henri Abelé, propriétaire d'une grande maison de champagne. A la fin de la Première Guerre mondiale, il propose à l'évêque de Reims un projet : le champagne des cathédrales. Ce projet prévoit la création d'une marque spéciale de champagne dont les bénéfices iraient à l'archevêché. L'évêque, ne voulant pas froisser les autres producteurs refuse mais cela n'arrête pas Henri Abelé qui dépose le 27 mai 1918 une marque encore aujourd'hui emblématique : Sourire de Reims.
L'Ange est à nouveau démultiplié, mais cette fois à l'identique, dans la salle du festin où 98 petits anges, comme autant d'années depuis le début du mythe en 1914, sont installés au beau milieu de la pièce. Les visiteurs le retrouvent bien sûr dans les autres salles, comme celle du trésor où les visiteurs doivent retrouver l'intrus bien caché. Celle de la chapelle basse où un néon rouge de l'Ange, vestige de la discothèque "Au sourire", surplombe la pièce. Les visiteurs peuvent même se prendre à leur tour pour des anges en glissant la tête dans un panneau à l'effigie du Sourire de Reims, installé dans la salle "Charles X".
98 petits anges comme 98 années depuis la naissance du mythe en 1914
"Une exposition très riche"
Si cette invasion de l'Ange dans les salles du palais du Tau semble amuser la plupart des visiteurs, certains sont plus réticents. Jean-Claude et Marie Solange ne sont pas fan de la partie moderne. "Je recherche plus le symbole", explique Marie Solange "mais l'exposition est très riche, surprenante et intéressante, rajoute-t-elle. "C'est dommage que cela manque de lumière", renchérit Jean-Claude. "Ce n'est pas pratique quand on est malvoyant mais en même temps, on ne peut pas trop éclairer ces chefs-d'oeuvre". Leur petit-fils Hélio est lui plus intéressé par la partie consacré au sacre des rois.
Dans la dernière salle, l'antichambre du Roi, l'Ange renoue avec l'Eglise. Ici, l'exposition aborde la vénération dont l'Ange fait l'objet alors que l'Eglise catholique ne vénère pas ses Anges. On retrouve pourtant dans la pièce des cierges de la cathédrale de Reims à l'effigie de l'Ange dont le sourire aura vraiment fasciné tout le monde du publicitaire au religieux.
Dans les salles des vidéos interactives permettent d'en savoir un peu plus
L'Ange obtient sa notoriété le 19 septembre 1914. Alors anonyme, la statue est décapité par une poutre de l'échafaudage tombée lors d'un incendie. La tête se brise au sol et les morceaux sont récupérés par l'abbé Thinot qui les entreposent dans les caves de l'archevêché de Reims. L'année suivante, le 30 novembre 1915, elle est découverte par un architecte, Max Sainsaulieu. Il devient alors un objet de propagande pour dénoncer la barbarie des troups allemandes durant la Première Guerre mondiale. De nombreuses cartes postales sont éditées pour diffuser cette images, des cartes que l'on peut retrouver aujourd'hui dans l'exposition "Avec le sourire". |