Les quatre grands lacs réservoirs de Champagne-Ardenne et de l'Yonne ont été conçus entre 1949 et 1990. Des aménagements pour éviter une crue qui serait fatale à la région parisienne.
On en compte quatre. Ces grands lacs artificiels, mis en place entre 1949 et 1990 en amont de Paris pour absorber une partie des inondations. Le lac du Der, Amance, du Temple et d'Orient et plus lin, dans l'Yonne, le lac réservoir de Pannecière. Leur rôle : réguler le flux de la Seine.
En hiver et au printemps, les lacs sont en phase de remplissage. Une fois l'été et l'automne arrivés, on les rouvre pour maintenir le niveau de l'eau. Cela permet à la fois de limiter les crues et de maintenir le niveau de l'eau stable en cas de pénurie d'eau.
Un mécanisme détaillé ici par Jamy Gourmaud dans l'émission "C'est pas sorcier" diffuséée en 2013.
Ces lacs permettent de limiter la crue de la Seine de 60 cm, "soit 4 milliards d'euros d'économie sur les dégâts estimés", selon Pascal Popelin, directeur IIBRBS, lacs de Seine, interrogé par l'équipe de l'émission "C'est pas sorcier" en 2013.
Les inondations de Buchères, dans l'Aube en 2013
Pourtant, si les lacs sauvent la région parisienne, ils ne sont pas suffisants pour les Aubois. Le 8 mai 2013, à Buchères, les Aubois connaissent la plus gosse crue depuis 30 ans. Le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, se rend sur place et promet l'aide de l'Etat. Plusieurs démarches sont lancées, comme des actions de curage le long du fleuve pour favoriser son écoulement.
Seulement, c'est jugé insuffisant par Daniel Lebeau, maire de Buchères :
Le travail qui est fait aujourd'hui est là pour protéger la ville de Troyes, et un peu plus loin Paris. Dans les petites communes comme la nôtre ou Verrière, il n'y a pas grand intérêt. D'ailleurs on l'a vu : 24.000 euros pour nous aider sur les 180.000 nécessaires, mais on ne suscite pas assez d'intérêt.
La solution ? Une digue, comme celle construite autour de Troyes en travaux depuis trois ans, qui mesure 16km et dont les travaux de rénovations sont estimés à 20 millions d'euros.
Des coûts trop élevés selon la préfecture. Loïc Deschamps, référent départemental inondation à la direction départementale des territoires (Aube), est catégorique :
ce sont des travaux lourds, qui coûtent très cher. Sans compter que l'eau peut contourner une digue si celle-ci n'est pas continue.
Un jugement partagé par Pascal Dupras, directeur d'exploitation à Seine Grands lacs. Selon lui, ces aménagements ne représentent pas une solution viable :
Il faut être sûr qu'un aménagement hydraulique n'engendrera pas d'autres incidents.
Et de poursuivre : "Il y a d'autres champs à explorer comme préserver les champs d'expansion des crues et les zones humides, qui sont des zones naturelles sur lesquelles l'eau peut s'étendre et se stocker"