Le pari fou des pilotes Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg a été tenu : un tour du monde en avion sans autre carburant que le soleil, à 80 km/h de moyenne. Historique, l'aventure Solar impulse s'est achevée mardi 26 juillet 2016 à Abu Dhabi, d'ou l'avion avait décollé le 9 mars 2015.
Incredible welcome to @bertrandpiccard & @andreborschberg in #AbuDhabi for the completion of the round the world pic.twitter.com/Iz0m6Oe4Ub
— SOLAR IMPULSE (@solarimpulse) 26 juillet 2016
Solar Impulse 2 (SI2) a bouclé mardi 26 juillet 2016 avec succès un tour du monde sans précédent pour un avion capable de voler jour et nuit avec l'énergie solaire comme unique carburant, un défi technologique autant qu'humain.
L'avion s'est posé sans encombre à 04H05 (00H05 GMT) à l'aéroport Al-Batten, près d'Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, d'où il était parti le 9 mars 2015 pour un périple de 23 jours de vol effectifs et de 43.041 km à travers quatre continents, effectué sans une goutte de carburant et destiné à promouvoir les énergies renouvelables.
Une aventure imaginée il y a 13 ans
"L'avenir est propre", a lancé le pilote et savanturier Suisse Bertrand Piccard, initiateur du projet il y a 13 ans, comme il l'a expliqué à l'occasion des différentes éditions du (ex-Lorraine) Mondial Air Ballons à Chambley (54), comme en 2015.
Dernier pilote de ce long tour du monde de 40.347 km en 509h et 29 minutes à travers 16 étapes, Bertrand Piccard a été rejoint sur le tarmac d'Abu Dhabi par son compatriote André Borschberg, avec lequel il s'est relayé aux commandes du monoplace tout au long du périple.
"C'est tellement passionnant de voler à bord d'un avion qui ne fait pas de bruit et ne créé pas de pollution ! On croit que c'est de la science-fiction mais c'est en fait la réalité d'aujourd'hui". Bertrand Piccard à son arrivée.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé sa "profonde admiration" pour cette expérience, en s'adressant lundi soir à Bertrand Piccard au moment où il survolait les eaux du Golfe. Une interview parmi tant d'autres réalisées quasi sans interruption par les deux pilotes Suisses pendant leurs vols et au sol. Exemple lundi soir avec l'actrice Française Marion Cotillard.
Solar impulse à Chambley pour le MAB2017 ?
C'est bien sur le rêve de tous les Lorrains passionnés d'aéronautiques et sans doute du demi-million de visiteurs assistant tous les deux ans fin juillet en année impaire au plus grand rassemblement mondial de montgolfières. En 2017, le tarmac de Chambley
Planet'Air recevra-t-il l'avion solaire qui a bouclé son tour du monde ce mardi 26 juillet 2016 ? Pour cela, il faudrait que les pilotes et leurs sponsors soient d'accord, que la météo le permettent et qu'un hangar puisse accueillir l'aéronef dont l'envergure est celle d'un 747 ! Solar Impulse dispose de son propre hangar gonflable, mais cela suffira-t-il ? Réponse dans les prochains mois.
Revoir le résumé vidéo de l'atterrissage de Solar Impulse à Abu Dhabi :
L'appareil, piloté par Bertrand Piccard, parti dimanche du Caire, a parcouru 2.763 km en plus de 48 heures pour cette 17e et dernière étape de son périple.
"Rêver encore" : SolarImpulse, et maintenant ?
"Tout est possible. Pourquoi ne pas rêver, ne pas essayer encore", explique Bertrand Piccard qui propose, comme une aventure sans fin, la création d'un comité international des technologies propres pour "conseiller les gouvernements" et "lutter contre le changement climatique".Lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi à laquelle assistaient les responsables émiratis et suisse, le prince Albert de Monaco a salué un "jour historique". "Ce n'est pas la fin d'un périple mais juste le début" d'une nouvelle ère, a-t-il dit.
Bertrand Piccard a réalisé son rêve. Mais il a mis du temps en raison de batteries trop isolées (voir vidéo de son interview ci-dessus) : la circonvolution, à plus de 8.500 mètres d'altitude au maximum, aura duré plus d'un an et quatre mois. Elle était prévue au départ pour durer cinq mois, dont 25 jours de vol effectifs.
Parti d'Abou Dhabi, l'avion s'est posé successivement à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), Mandalay (Birmanie), Chongqing et Nanjing (Chine), puis Nagoya (Japon) et Hawaï (Etats-Unis), où il avait fait une escale technique imprévue de plusieurs mois, avant d'atteindre et de traverser l'Amérique du Nord, s'arrêtant à San Francisco, Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et New York.
Puis il a traversé l'Atlantique sans escale pour se poser le 23 juin à Séville, dans le sud de l'Espagne, d'où il a rallié le 13 juillet Le Caire.
Un Défi humain
Bertrand Piccard a effectué la première traversée de l'Atlantique (6.765 kilomètres). André Borschberg est entré dans la légende en pilotant l'appareil pour son étape au-dessus du Pacifique, soit 8.924 kilomètres en un peu moins de 5 jours et 5 nuits (du 28 juin 2015 au 3 juillet 2015), le plus long vol en solitaire jamais réalisé.
En plus d'une performance technologique, le tour du monde de Solar Impulse 2 est un exploit humain.
Les deux Suisses ont piloté à tour de rôle dans un cockpit de 3,8 m2 sans air conditionné ni chauffage, mais équipé de bouteilles d'oxygène pour permettre aux pilotes de respirer et d'un coin toilettes.
La cabine est recouverte d'une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et -40 degrés Celsius.