En Alsace, plus de 900 postes d'apprentis sont à pourvoir pour la rentrée dans l’industrie. Une grande journée job dating se tiendra le samedi 22 mai, dans les quatre centres de formation de la région. Entreprises et formateurs se battent pour attirer dans ce secteur méconnu.
Le pôle formation de l'union de l'industrie et des métiers de la métallurgie d'Alsace (UIMM) organise un job dating dans ses quatre centres de formation des apprentis (CFAI), le samedi 22 mai. De nombreuses entreprises partenaires seront présentes à Mulhouse, Colmar, Eckbolsheim et Reichshoffen. Les candidats à l'alternance peuvent d'ores et déjà postuler en ligne.
Chaque année dans la région, 1.400 jeunes de 15 à 29 ans sont formés dans l'industrie. Plus de 900 offres d'apprentissage ont été déposées pour la rentrée de septembre, dans un large panel de métiers :
- Maintenance industrielle & Production
- Productique, Mécanique, Usinage
- Chaudronnerie industrielle & Soudage
- Informatique et Réseaux, Automatisme, Robotique
- Électrotechnique et Énergie.
Un secteur encore trop méconnu
Mais à chaque fois, certaines restent vacantes. La faute, selon les professionnels du secteur, à une méconnaissance et souvent une mauvaise image de l'industrie. "Tout le monde sait ce que fait un boulanger ou un boucher, alors qu’entrer dans une usine est compliqué. Les gens ne savent pas ce qu'il s'y passe. Et beaucoup pensent que tout est encore comme il y a 50 ans...", regrette Pascal Merck, chargé de mission conseil et expertise au CFAI de Reichshoffen.
Son collègue Geoffrey Schmitz, formateur en usinage, abonde dans le même sens : "On associe souvent l'industrie à quelque chose de poussiéreux, de sale, de gras. Mais cela a changé. On essaye de montrer aux jeunes que tout est beaucoup plus moderne. L'informatique a pris une très grande place, les machines n'ont plus rien à voir avec ce qu'elles étaient il y a 40 ans."
Le CFAI, comme les autres en Alsace, accueille régulièrement des jeunes collégiens et organise des rencontres avec les entreprises pour faire tomber les barrières et les a priori : "Aujourd'hui, il faut être créatif dans l'industrie. Un ferblantier, par exemple, ne doit pas seulement être bon techniquement, il doit aussi réaliser de belles pièces dont il peut être fier. C'est le résultat du travail de ses mains ou obtenu grâce à une machine qu'il a pilotée", assure encore Geoffrey Schmitz.
Des apprentis souvent embauchés dans la foulée
Des métiers gratifiants et des perspectives d'avenir. 90% des apprentis trouvent un emploi ou poursuivent leurs études après l'obtention d'un diplôme. Car lorsque des entreprises accueillent des jeunes pour les former, c'est bien souvent pour les garder ensuite. À Soultz-sous Forêts, dans le Bas-Rhin, une vingtaine d'alternants évoluent en moyenne parmi les 230 salariés de Gunther Tools.
Ils sont indispensables, pour le directeur Dominique Knittel : "Nous sommes confrontés à une pénurie de main d’œuvre qualifiée sur le marché du travail. Aucune école ne prépare à ce que nous faisons ici. Il y a des formations pour être tourneur, fraiseur, mais aucune spécialité pour apprendre à travailler sur nos rectifieuses. Nous devons donc former nous-mêmes notre personnel."
Plus au sud du département, à Erstein, les apprentis font partie de la stratégie de Techniques électriques depuis 10 ans. Ils sont chaque année entre trois et cinq. Parmi eux en ce moment, Noa, en deuxième année de BTS. Son entreprise lui a déjà promis une embauche à la fin de son cursus, dans quelques mois. Le jeune homme est d'ailleurs encadré par d'anciens alternants, au même parcours.
Un esprit de famille, cultivé par la société de 40 personnes. "Les apprentis démarrent en tant qu’électricien et ensuite, ils évoluent pour devenir chef d’équipe, chef de chantier, et même aller plus haut. S’ils ont des envies ou des ambitions, c’est tout à fait possible chez nous", affirme Christophe Wantz, directeur technique.
Des études en alternance jusqu'au bac+5
Les offres d'apprentissage vont du baccalauréat professionnel au diplôme d'ingénieur. Certains choisissent l'alternance en milieu de parcours, d'autres suivent toutes leurs études à mi-temps entre école et entreprise. C'est le cas de Jasmine, étudiante en master génie industriel conception et ergonomie. Elle est apprentie pour la septième année, depuis sa sortie du collège.
"Quand j’étais en troisième et que j’ai exprimé mon envie de faire un apprentissage, on m’a rétorqué que c’était réservé aux idiots, à ceux qui ne suivaient pas à l’école. J’ai l’impression que cela a changé aujourd’hui, mais à l’époque, l’apprentissage était très mal considéré", râle-t-elle.
Son profil et son expérience sont aujourd'hui un atout pour elle, très apprécie par son employeur, Sew Usocome à Haguenau. La société mise sur les plus de 60 jeunes qu'elle forme sur ce site pour entretenir sa culture d'entreprise, basée sur la notion de "perfambiance".