Alors que les musées attendent leur réouverture, une certaine activité y perdure, malgré la morosité des halls vides. Des tableaux sont accrochés, des vitrines soigneusement couvertes. Dans certaines structures, le deuxième confinement a mis un temps d'arrêt à des expositions phares.
Voir le grand hall du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg désespérément vide, c’est un crève-coeur pour la conservatrice, Estelle Pietrzyk. L’exposition consacrée à Joris-Karl Huysmans, célèbre critique d’art et écrivain du 19ème siècle, avait pourtant rencontré un joli succès : 13.000 visiteurs en à peine trois semaines. Mais le confinement a tout arrêté. Pas sûr, d’ailleurs, que l’exposition puisse être prolongée au-delà des dates initialement prévues, de nombreux tableaux provenant de prêts du Musée d’Orsay.
Pour autant, l’activité ne s’arrête pas, notamment dans les salles d’exposition permanente. Des oeuvres sont réagencées, des tableaux accrochés.. « Sur ce mur, les techniciens accrochent un beau tableau de Kandinsky à côté d’une oeuvre de Buren, suite à un prêt à la Fondation Beyeler », explique Estelle Pietrzyk. Les techniciens, eux, travaillent « comme des chirurgiens », nous disent-ils, équipés de masques et de gants. Dans l’équipe, Ernest Lang nous confie qu’il lui paraît bizarre d’avoir un peu l’impression de ne travailler pour personne...
Du MAMCS au Musée Alsacien
Sur le quai Saint-Nicolas, les lourdes portes en bois du Musée Alsacien restent elles aussi, fermées depuis des semaines. Les seules personnes que l’on peut voir déambuler le long des coursives et dans la cour, ce sont les employés, affairés à protéger les expositions avant le retour des visiteurs, ou à épousseter et trier les objets mis en lumière de façon permanente.
Au fond de la cour démarre l’exposition du moment. Elle s’intitule « Fantasmagorie » et tourne autour du fonctionnement des lanternes magiques, véritable spectacle au 19ème siècle. De belles plaques peintes, provenant en grande partie de collections privées, sont ainsi exposées et mises en scène. « Nous n’avons pu ouvrir nos portes que durant six heures, et puis le confinement a démarré », nous raconte Adrien Fernique, chargé de médiation culturelle. Le Musée Alsacien pourrait ainsi prolonger cette exposition.
Continuer à exister
Dans son bureau, Adrien Fernique reste connecté en permanence aux réseaux sociaux. Il s’agit de rester dans l’esprit du public, de continuer à exister. Tous les jours, lui et son collègue publient un jeu, un conte, une histoire, pour continuer à donner envie, en attendant la réouverture, mi-décembre.