Le déploiement de la 5G, entre enthousiasme et inquiétudes

La 5G cristallise à la fois les envies de progrès et les préoccupations sanitaires. Alors qu'elle est déployée depuis quelques mois, dans certaines communes, des voix s'élèvent contre la mise en place d'antennes. Dans d'autres communes, cette technologie est accueillie à bras ouverts. 

En décembre dernier, l’arrivée de la 5G a été fêtée à Mulhouse avec l’opérateur Orange. Et pour cause : la maire, Michèle Lutz, la voit d’un très bon oeil. « Elle pourra faciliter la télé-médecine, le télétravail... Mulhouse en a besoin, notamment pour attirer de nouvelles entreprises ». Dans les faits, la 5G ne sera réellement activée que l’année prochaine, après des mesures tests d’émissions d’ondes. Michèle Lutz rassure : « je ne laisserais pas la 5G s’installer si elle était mauvaise pour les habitants. Et puis, les opérateurs n’auraient pas dépensé des millions en recherche et développement sans envisager les risques ».

Orange, Bouygues, Free, SFR... Dans les vitrines, impossible d’échapper aux publicités pour les nouveaux forfaits 5G, et téléphones compatibles. Une aubaine pour les opérateurs. Surtout que le déploiement de la 5G est poussé par le gouvernement - on se souvient des propos d’Emmanuel Macron en septembre dernier, face à la demande de moratoire d’élus de toute la France : « Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine ». Le ton est donné.

A Ingersheim, un collectif contre une antenne Free

Or, dans certaines communes, des habitants sont entrés en résistance. A Ingersheim, une antenne 5G de 36 mètres de haut est sortie de terre, en novembre, sans information préalable particulière à l’adresse des riverains. A première vue, la zone, au lieu-dit « An der Fecht », est située un peu à l’écart des maisons. La maire, Denise Stoecklé, explique qu’un pylône électrique se trouvait déjà à cet endroit-là, et que le conseil municipal a validé la construction de cette antenne de Free en 2019. Depuis, elle a publié un arrêté contre la 5G... mais la préfecture lui a demandé de le retirer.

Pas de quoi apaiser la colère d’un collectif d’habitants, créé par le maire honoraire, Gérard Cronenberger, et un riverain, Paul-André Fuchs. Ce dernier vit à Ingersheim depuis trente ans, et doit maintenant composer avec une grande antenne face à sa maison, distante d’une cinquantaine de mètres à peine, d’après ses estimations. Avec de petits boîtiers gris au sommet, caractéristiques de la 5G. « On s’est documentés sur internet... Les ondes émises par la 5G présentent des risques pour le cerveau, la mémoire surtout chez les enfants et les personnes âgées ». Ce retraité joue même avec l’idée de partir. « Mais entre la nouvelle antenne et la route toute proche, la valeur de ma maison pourrait diminuer de 30% ».

Quelques maisons plus loin, Aurélie Burn, membre du collectif, a acheté un acoustimètre, pour mesurer les niveaux d’ondes. « Depuis la mise en place de cette antenne, l’appareil reste toujours dans le rouge.. ce qui n’était pas le cas avant ». Les mesures, supérieures aux 0,6 Volts par mètre recommandés par le Conseil de l’Europe, l’affolent, surtout lorsqu’elle les obtient dans la chambre de sa fille...

A Mertzwiller, un projet d'antenne à côté d'une mini-ferme 

Autre lieu, même problématique. A l'entrée de la commune de Mertzwiller, des habitants s'inquiètent depuis la découverte d'un panneau annonçant la construction d'une antenne de téléphonie. D'autres ont été avertis en janvier, en lisant le bulletin municipal. Jean-Georges Mehl habite à 100 mètres, en face du terrain loué par l'opérateur SFR : "L'antenne fera 42 mètres de haut. C'est quatre fois la hauteur de ma maison! On ne veut pas d'une antenne juste devant les yeux". C'est pourquoi, avec d'autres habitants, il a lui aussi créé un collectif.

Le jour de notre tournage, une cinquantaine de Mertzwillerois manifestent. Parmi eux, le maire, Michel Schweighoeffer. Il nous explique qu'il est contre l'installation de cette antenne 5G, mais qu'il s'est vu dans l'obligation de signer les autorisations nécessaires, car le dossier est en règle. "Le terrain appartient à un propriétaire privé. Et même l'armée, qui possède un terrain juste à côté, a donné son feu vert..." Ainsi, le maire ne peut pas faire grand-chose. A part, peut-être, "ne pas autoriser l'accès au chemin communal à l'entreprise de construction, ou l'alimentation électrique de l'antenne."

A quelques mètres du terrain où la structure doit être érigée à partir d'avril, des chèvres déambulent tranquillement dans leur enclos et viennent saluer les promeneurs. Leur propriétaire souhaitait créer une mini-ferme pédagogique. "Un projet pour la retraite", nous raconte-t-elle... plutôt compromis à ce jour. 

 

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