Fini le délai d'abstinence, le don du sang s'ouvre ce mercredi 16 mars aux hommes homosexuels aux mêmes conditions que le reste de la population. Une première depuis 1983.
C'est la fin de ce que certains ressentaient comme une discrimination. Ce mercredi 16 mars, il n'y aura plus aucune question relative à l'orientation sexuelle avant de donner son sang.
"On ne fait plus de référence au sexe du partenaire. Notre seule référence, c'est la notion de monopartenariat du donneur et du partenaire du donneur", confirme le docteur Maryse Morel, responsable des prélèvements à Nancy (Meurthe-et-Moselle) au sein de l'Établissement français du sang (EFS).
Cette mesure permet aux hommes qui ont eu des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) de donner leur sang sans délai. Ce n'était plus le cas depuis 1983 en raison des risques de transmission du VIH, le virus de l'immunodéficience humaine responsable du SIDA.
En 2016, la loi avait été modifiée pour autoriser les HSH à donner leur sang après une période d'abstinence sexuelle de 12 mois. En 2020, ce délai avait été ramené à 4 mois. Le gouvernement a décidé en janvier 2022 de lever totalement ce délai et de supprimer toute mention de l'orientation sexuelle du donneur dans le questionnaire rempli avant le don. Cette mesure entre donc en application ce mercredi 16 mars.
Le niveau de risque "baisse régulièrement"
"L'extrême vigilance des autorités sanitaires permet une évolution des conditions d'accès au don du sang", expliquait lors de l'annonce de cette mesure le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Il disait ne pas s'attendre à une hausse du risque résiduel de transmission du VIH par transfusion à la suite de cette mesure.
"Ce niveau du risque baisse régulièrement depuis des décennies", avait-il rappelé lors d'un point presse.
S'il n'est plus question de l'orientation sexuelle des donneurs, des questions sont toujours posées afin d'évaluer le risque. Les personnes qui ont eu des partenaires sexuels multiples dans les quatre derniers mois, ou qui ont récemment fait un tatouage ou un piercing ne peuvent pas donner leur sang par exemple. Des analyses de sang sont ensuite réalisées systématiquement sur les prélèvements afin notamment de détecter des maladies potentiellement transmissibles.
"Nous n'attendons pas un raz-de-marée de dons supplémentaires"
La pandémie de Covid-19 a eu un impact sur le niveau des stocks de l'EFS, qui a besoin de 10 000 dons par jour au niveau national. L'ouverture du don à l'ensemble de la population pourra permettre d'augmenter à la marge le nombre de donneurs.
"Cette mesure n'est pas là pour faire face à un manque de donneurs. Mais on se réjouit de pouvoir accueillir ces nouveaux donneurs pour ce geste important. On espère une mobilisation de ces hommes pour donner leur sang", indique Maryse Morel de l'EFS.
"On va vers plus d'égalité en maintenant la sécurité transfusionnelle, ce qui est vraiment très cher pour nous. Tout le monde pourra donner son sang quel que soit le sexe du partenaire du donneur. On ne peut que s'en féliciter, mais nous n'attendons pas un raz-de-marée de dons supplémentaires et il faut continuer à venir donner son sang", précisait en janvier Cathy Bliem, la directrice générale de l'EFS interrogée sur franceinfo.
Le site de l'EFS répertorie l'ensemble des dates et des lieux de collecte. Il est également possible d'y remplir un questionnaire afin d'évaluer son éligibilité au don.
