Le Jardin des poètes de La Petite Pierre, un lieu pour écrire en vers et poétiser la vie

"Jardin" et "poésie", ça rime, même si on ne l'entend pas à l'oreille. Le Jardin des poètes de La Petite-Pierre, où plantes et poèmes se répondent, en est la preuve.

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La vieille ville de La Petite-Pierre (Bas-Rhin) surplombe la ville basse depuis son rocher de grès. En y accédant, le visiteur a le sentiment d'être arrivé au bout du monde. D'autant plus que l'artère principale finit en cul de sac, avec le château, siège du Parc naturel régional des Vosges du Nord.

Mais cette impression est trompeuse. Car face à l'office du tourisme, une étroite voie carrossable creusée dans la roche mène encore plus haut. Elle dépasse rapidement cet univers minéral pour faire place à la nature retrouvée. Elle longe une enfilade de jardins privatifs et mène jusqu'à un modeste panneau indiquant : Jardin des poètes François Villon. Pas de porte, juste un espace entre deux grillages, car le lieu est toujours ouvert.

Là, c'est un havre de paix qui accueille le visiteur. Un paradis d'ombre et de verdure, avec une vue imprenable. Le toit du château se profile en contrebas et, au loin, moutonnent des collines boisées. Ici, pas de floraisons exubérantes, ni de rosiers odorants. Seules des plantes locales éclaboussent le vert ambiant de taches colorées. Mais en guise de grandes fleurs, des panneaux avec des poèmes.

Le Jardin des poètes François Villon a été aménagé voici une vingtaine d'années. L'association du même nom, qui regroupe une quarantaine de poètes de la région, s'est vu confier la gestion de cet espace communal en l'an 2.000. "Nous ne sommes pas des jardiniers" précise Iris Gutfried, présidente de l'association. "Pour l'entretien du jardin, toute aide est la bienvenue. Mais nous écrivons sur le thème de la nature, en rappelant que la vie n'est pas toujours rose. Et qu'il faut prendre soin de fleurs de nos jardins, ainsi que de tous nos instants de vie."

Durant ces deux décennies, l'association a lancé de nombreux concours de poésie à l'attention des enfants des écoles alentours. Leurs plus beaux vers, inscrits au pyrograveur sur des plaques de bois, trouvent place le long des bosquets ou des allées. Mais le jardin est surtout le lieu de rendez-vous des membres de l'association. "Nous nous retrouvons ici, parfois à deux, à trois ou à une demi-douzaine, précise Evelyne Karmann, membre de l'association qui vit près de Sarreguemines. "Nous venons ici pour écrire, pour rire et poétiser la vie."

Et les randonneurs entrés au jardin pour faire une halte, ou les Parva-Pétriciens (habitants de La Petite-Pierre) qui ont l'habitude d'y pique-niquer, ne les dérangent pas, bien au contraire. "Avoir des spectateurs, ou plutôt un auditoire, ça nous touche, nous stimule, et nous incite à progresser" sourit malicieusement Evelyne Karmann.

Un enrichissement réciproque, donc. Car dans la partie inférieure du jardin, l'association se veut pédagogue, pour sensibiliser les visiteurs à la biodiversité. Elle a demandé conseil au concepteur du jardin Hymenoptera d'Obersteinbach, un lieu aménagé pour attirer les insectes autochtones en voie de disparition. Et depuis peu, le Jardin des poètes a également créé ses zones de terre maigre, favorisant la flore locale, ses recoins de bois mort, qui offrent l'abri aux petites bêtes, et ses emplacements de plantes mellifères, comme la tanaisie (Wurmkrütt) ou l'achillée millefeuille (Gàrwekrütt).

"Nous voulons montrer que dans chaque jardin, on peut aménager ce genre d'endroit" explique Iris Gutfried. "Des lieux qui font revenir les nombreuses variétés d'abeilles sauvages, mais aussi des fourmis ou des crapauds, car ils leur fournissent une nourriture adaptée à leurs besoins."

Mais pour l'association, le jardin reste avant tout un lieu d'inspiration privilégié. L'association a déjà édité une vingtaine de recueils de poèmes écrits par ses membres. Le dernier, qui vient de paraître, "Drum e rum" (tout autour de) est entièrement dédié aux langues régionales : alsacien du nord de l'Alsace, et platt de Moselle et de Sarre. "Nous ne laissons pas faner nos dialectes, tout comme nous soignons nos petites fleurs" conclut Iris Gutfried. "Nous les choyons de la même manière, car les plantes et les langues sont intimement liées."

Interrompues par la crise sanitaire, les animations proposées au jardin : visites guidées, soirées poétiques et musicales, etc. devraient reprendre cet été. Le programme sera à suivre sur le site de l'association et sur les réseaux sociaux.  

 

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