Les lavoirs : le "petit" patrimoine alsacien

Construits au cours du XIXème siècle, les lavoirs subsistent dans de nombreux villages alsaciens. Certains sont à l'abandon, d'autres ont été soigneusement restaurés. Même s'ils ne servent plus aujourd'hui à la grande lessive, ils restent des lieux de rencontre très prisés des habitants.

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"Wiewasch" à Durningen, "Waschhaus" à Gunstett, "Waschpritsch" ailleurs, les noms alsaciens pour désigner les lavoirs ne manquent pas. Qu'ils soient en bois ou en grès des Vosges, des lavoirs existent partout où une rivière ou une source traverse une commune. En l'absence d'eau courante avant guerre, les femmes se rassemblaient dans ces lavoirs les jours de lessive. 

A Gunstett, l'ouvrage a été construit au milieu de la Sauer sur quatre pilotis aujourd'hui en béton. La structure en bois, coiffée d'un superbe toit, est reliée à la rive par un petit pont. La plate-forme en bois du lavoir comprend deux découpes rectangulaires qui donnent directement sur l'eau. Cette plate-forme amovible était descendue grâce à de lourdes chaines en cas de faible débit de l'eau, ou remontée en cas de crue. 

Malgré ses problèmes de genoux, Marie-José Goetz tient à nous faire la démonstration. Elle s'agenouille au bord de l'un des deux trous et nous explique: "Il pouvait y avoir jusqu'à une quinzaine de femmes ici. Chacune avait sa place préférée. Certains jours, il fallait attendre son tour. Moi, je venais le lundi matin avec ma maman. Nous avions une charrette dans laquelle nous ramenions le linge sale à la rivière. D'abord, on mouillait le linge par cette ouverture. Puis on savonnait et on rinçait à nouveau dans la l'eau de la rivière. En hiver, il arrivait qu'il faille d'abord casser la glace."

Les premières machines à laver sont arrivées dans les maisons de Gunstett dans les années 70. Léonie Kautzmann s'en souvient encore très bien. A 92 ans, elle a lavé le linge dans la rivière jusqu'à l'approche de la cinquantaine. C'est elle qui a décidé d'acheter une machine quand sa mère est devenue trop âgée pour se rendre à la rivière. "A l'époque, nous avions peur que le linge ne soit pas aussi bien lavé par les machines que par nous à la rivière!, s'amuse-t-elle à dire. J'avais demandé à une voisine si le linge sortait propre de ces engins. Quand elle m'a dit que oui, bien sûr, je me suis enfin décidée. C'est moi qui l'ai achetée. Quel changement cela a été! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'était difficile de laver le linge dans la rivière. Quelle corvée!". Mais, au fil de la discussion, Léonie s'anime au souvenir de ces moments passés à la rivière. "D'Fraue hàn geratscht salemolschd! Les femmes échangeaient les derniers ragots, faisaient de la "Dorfpolitik", la politique villageoise. On se racontait les dernières grossesses, les naissances, les maladies, les décès, c'était un lieu de rencontre".

Le lavoir de Gunstett a été restauré par les villageois et la commune au fil du temps. Il fait partie du paysage au même titre que l'église ou les maisons anciennes. Les habitants y sont attachés. Le lavoir est resté un lieu de rassemblement pour toutes les générations. Certains racontent qu'ils y ont appris à nager, poussés dans l'eau par les copains ou qu'ils y retrouvaient leur amoureux ou amoureuse.

A Durningen, le lavoir du village avait été envahi par les ronces et les buissons. Situé sur une parcelle privée, il a été racheté par la commune en 2018 à la faveur du remembrement. Christine Blanchais, maire de la commune, a supervisé le chantier. D'anciennes pierres de grès ont été réutilisées, d'autres ont dû être changées. Le lavoir n'avait plus de toit mais plus personne n'avait en souvenir la forme de cette toiture qui fut démontée par les habitants au cours de la Première Guerre mondiale. Le bois de la charpente avait alors servi de bois de chauffage.

Aujourd'hui, le lavoir reconstruit par des artisans du secteur, est flambant neuf. "Le chantier s'élève à 54 000 euros hors taxes. Une aide nous a été accordée par la communauté de communes, précise Christine Blanchais. Nous avons également installé une mare en contrebas du lavoir. Nous voulons reconstituer un biotope propice au calme et au repos". Une fois les derniers aménagements terminés, le lavoir de Durningen sera inauguré. Les habitants pourront s'y retrouver pour discuter ou simplement s'y installer pour profiter du bruit de l'eau qui coule et du chant des oiseaux.

 

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