Ce n'est pas parce qu'on est aveugle qu'on ne peut pas conduire, en tous cas pas sur un circuit.
Une association de malvoyants, « Les non-voyants et leurs drôles de machines », organise des stages de conduite pour ses membres qui troquent leur canne blanche contre un levier de vitesse. Reportage à l'Anneau du Rhin, qui a leur a offert l'accès à la piste.
L'association, qui organise régulièrement des manifestations (voiture, quad, hors-bord, scooter des mers et parapente), se targue d'avoir "formé" quelque 400 stagiaires à la conduite en presque dix ans. "Ca rehausse la confiance et leur permet d'être acteur de l'estime de soi", énonce, les mains posées sur le grip de sa canne, cet ancien cadre commercial qui s'est reconstruit après l'accident qui l'a privé de la vue.
Luc Costermans a signé en 2008 le record mondial pour un aveugle de vitesse automobile sur la base d'Istres en affichant 308,780 km/h au compteur d'une Lamborghini.
"Là est le drame, la réclusion, l'enfermement dans le handicap", dit-il à l'instar d'un compagnon d'infortune, le Strasbourgeois Gérard Muller, 67 ans, atteint de rétinite pigmentaire, qui multiplie depuis une dizaine d'années expéditions, treks et randonnées cyclistes en France et à l'étranger, comme autant de défis destinés à montrer que les non-voyants peuvent et doivent rompre leur isolement. Seuls 5% des quelque 2 millions de mal ou non-voyants français osent sortir de chez eux et avoir des activités.