Les séchoirs à tabac, un patrimoine alsacien au défi de l'avenir

L'importance de la culture du tabac en Alsace a marqué le paysage : les séchoirs à tabac se comptent par centaines dans la région. Mais ces bâtiments n’étant plus utilisés depuis le début des années 2000 par les producteurs, se pose désormais la question de leur préservation. 

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Avec toujours une trentaine de tabaculteurs en activité, l'Alsace (et surtout le Bas-Rhin) représente un tiers de la production de tabac en France. Ils étaient encore 700 dans la région il y a vingt ans. Un héritage dont témoignent les nombreux séchoirs qui peuplent les villages. 

"À un moment donné, à Ebersheim, 120 agriculteurs cultivaient du tabac. On peut encore voir différents types de séchoirs au centre du village, explique Jean-Martin Kientz, producteur retraité et ancien maire de la commune du centre Alsace, juste à côté de Sélestat. Il enchaîne par une litanie : ce petit, là, et cet autre très vieux. Ils datent de 1890 environ. Dans cette cour, il y en a également un très ancien, pareil dans cette autre cour là-derrière. Aujourd’hui, les nouvelles façons de sécher le tabac soulèvent des questions : que faire de tous ces bâtiments ?"

Car le problème est là. Parmi tous les séchoirs d'Ebersheim, plus aucun ne sert aujourd'hui. Ils sont "obsolètes", commente Benoît Heinrich, l'un des trois derniers producteurs du village. "A l’époque, on cueillait le tabac, on l’accrochait à ces lattes en bois et il séchait directement à l’air. Mais maintenant, on plante du tabac blond qui est séché dans des fours. On n’a plus besoin de ces séchoirs à tabac."

Son bâtiment, construit en 1975, est toujours en place mais l'intérieur a depuis 2005 des allures de simple entrepôt : bois, matériel divers, voitures... ont remplacé le tabac.

 

Conserver les séchoirs "utiles" 

Jean-Martin Kientz raconte réfléchir depuis plusieurs années à l'avenir des séchoirs dans sa commune. Pour lui, impossible de tous les préserver. Faire d'Ebersheim un musée à ciel ouvert n'aurait pas de sens. Il faut leur trouver une utilité, estime-t-il, et en fonction, choisir combien et lesquels seront conservés. "Un menuisier pourrait peut-être s’installer dans un séchoir, ou bien un bureau d’études. Pourquoi pas…", imagine-t-il. Bref, apporter de la vie dans le village. 

Mais encore faut-il que ce genre d'initiatives, lorsqu'elles existent, soient soutenues. Et à ce propos, le retraité voit rouge. Il vient de transmettre son séchoir à son neveu qui aimerait le transformer en logement. "Le défi est maintenant de trouver un architecte partant pour valoriser tout cela. Autre difficulté : nous sommes dans le périmètre de protection autour de l’église, inscrite aux Bâtiments de France. On ne peut donc pas faire ce que l’on veut : le volume doit rester le même, on doit garder l’aspect extérieur, les planches, les lattes, les couleurs…", peste-t-il.

Il redoute que ces contraintes découragent les éventuels intéressés. Dans le village, le problème s'est déjà posé pour un séchoir. Résultat, faute de travaux possibles, les projets ont été abandonnés et le bâtiment est tombé en ruine. Le monde à l'envers. Jean-Martin Kientz demande plus de souplesse : "Il faut quand même pouvoir vivre dans un logement qui vous plaît, avec le confort d'aujourd'hui".

 

Rénover, c'est possible 

Une ambition tout à fait réalisable. Fred et Noémie Tavernier ont donné une seconde jeunesse à leur séchoir à tabac. Ils en ont fait un gîte, "Le séchoir du Ried", à Rossfeld. Quatre ans de travaux au total pour tout remettre en état. "On a commencé par la partie avant dans lequel j'ai installé mon atelier, confie Noémie, artiste. Et quand on a vu que ça tenait, on a continué avec le reste du bâtiment", plaisante-telle.

"On est contents de ne pas avoir écouté les architectes qui nous disaient qu'il valait bien mieux tout détruire. On y a laissé du temps, de l'énergie, mais c'est tellement plaisant d'avoir redonné vie à ce lieu". Pour "garder l'âme" du séchoir, le couple a en grande partie reconstruit avec des vieilles poutres et lattes en bois et du matériel de récupération. Comme ici, des centaines de séchoirs attendent d'être rénovés à leur tour en Alsace. 

 

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