Les veilleurs du Bernstein redonnent vie à leur château

Surplombant Dambach-la-Ville, la ruine du château du Bernstein subissait inexorablement les outrages du temps. Peu à peu, ses murs se délitaient et s'effondraient. Mais depuis sept ans, des bénévoles le restaurent, pour sauver ce qui peut l'être.   
 

Discret, presque un peu austère dans son manteau de granit, le Bernstein est moins connu que ses confrères des alentours, comme le célèbre Andlau ou le majestueux Spesbourg. Pourtant, ses nombreux atouts le rendent très attachant. Proche du chemin de grande randonnée GR5, donc très accessible, il arbore fièrement un donjon pentagonal qui offre une vue imprenable sur la plaine, d'Obernai à Sélestat.  Son palais du 12e siècle est toujours percé de belles fenêtres romanes, et son histoire mouvementée est singulière. Faire sa connaissance, c'est l'adopter, et il a  totalement conquis une joyeuse équipe de bénévoles, les Amis du Bernstein qui lui consacrent un jour par semaine afin de l'entretenir et le consolider.
 


Cette belle histoire de sauvetage a véritablement commencé il y a une quinzaine d'années. André Fischbach, architecte de formation, volontaire pour faire partie de l'équipe des "veilleurs" bénévoles mandatés par le département du Bas-Rhin pour surveiller l'évolution de certaines ruines de châteaux, s'est vu attribuer le Bernstein. Un château qu'il ne connaissait pas, mais qui l'a immédiatement séduit. Aujourd'hui, lorsqu'il en parle, il le présente tout simplement en ces termes : "C'est mon château. Mon second chez-moi."
 

C'est mon château. Mon second chez-moi.

André Fischbach, président de l'association des Amis du Bernstein


La partie haute du château - donjon, palais encore orné de quatre belles fenêtres, et tour romane – était en bon état, car elle avait déjà fait l'objet d'une restauration il y a une trentaine d'années. Mais les murs de la basse-cour - la partie basse où se trouvaient à l'origine les communs, cuisine, serrurerie et écuries - menaçaient ruine. Et d'autres avaient entièrement disparu sous la végétation.
 
 

Un sauvetage entrepris depuis 2014

Peu à peu, André Fischbach s'est entouré d'un petit groupe de bénévoles, qui se sont mis à débroussailler. Puis, en 2014, ils ont créé l'association des Amis du Bernstein, pour passer à la vitesse supérieure. Leur première grande tâche a été de nettoyer le bastion, où les arbres et les buissons avaient tout recouvert. "Certains de ces murs n'étaient plus visibles, il n'y avait plus qu'une pierre, de ci-de là" se souvient André Fischbach. En commençant à creuser pour dégager de la terre, ils ont retrouvé certaines bases de murs, qu'ils ont pu remettre à jour et consolider.
 

Depuis, chaque jeudi, dès que la météo le permet – cette année, pour cause de covid19, ils n'ont pu recommencer qu'en juin – ils se retrouvent sur place. Principalement pour remonter d'autres murs, et jointoyer. "Si on ne faisait rien, tout s'écroulerait" explique Michel Engel, l'un des bénévoles. "Car les murs s'écartent peu à peu." Preuve en est, des photographies des années 1970, où certains murs étaient encore bien plus hauts qu'aujourd'hui. Dès qu'un pan menace de s'écrouler, ils numérotent les pierres une à une, et font des croquis et des photos, afin d'être capables, le cas échéant, de tout remonter à l'identique.
 
 

En d'autres endroits, l'essentiel est de refaire les joints entre les pierres. Mais pas question d'utiliser du ciment, qui donnerait un aspect trop "neuf" et serait trop visible sur une ruine. En guise de mortier, ils utilisent donc un mélange à base de sable et de chaux, préparé par André Muller, un autre bénévole, selon une recette médiévale. "La chaux est mieux adaptée que le ciment" précise ce dernier. "Elle se travaille plus longtemps et durcit moins vite."
 
 

Une histoire très particulière

Le Bernstein a été construit au 12e siècle par la famille des comtes d'Eguisheim-Dabo. Peu après la mort de leur dernière descendante, la comtesse Gertrude, en 1225, l'évêque de Strasbourg a conquis le château après un mois de siège. Durant plusieurs siècles, il a été agrandi et flanqué de nouvelles murailles, pour servir de résidence secondaire aux évêques, qui y dataient certains de leurs actes.
 

Démantelé à la guerre de Trente ans, puis vendu comme bien national à la Révolution, il a été racheté en 1835 par un privé, Felix de Dartein, qui l'a conservé une trentaine d'années en le modifiant, et en ajoutant une maison dans l'enceinte de la basse-cour. Aujourd'hui, la ruine du château est propriété de l'Etat, mais la commune de Dambach-la-Ville fournit à l'association le matériel nécessaire à son entretien.  
 

Si on peut sauver le maximum, on le fait.

André Fischbach, président de l'association des Amis du Bernstein

Les Amis du Bernstein n'ont pas pour objectif de rendre à "leur" château sa prestance d'antan. Loin d'eux l'idée de reconstruire des bâtiments disparus, dont l'aspect d'origine n'est d'ailleurs pas certain, ou de remettre des toits. Leur but est simplement de consolider l'existant, afin de sauver ce qui peut l'être.
 

"Notre plaisir est que ce château revive" résume Laurent Parolin, autre membre de l'association. "Qu'il ne s'écroule pas. Sinon, dans un demi-siècle, on ne retrouvera plus rien." Et cette mission est amplement suffisante. "On en a encore bien pour 50 ans de travail" s'exclame André Fischbach, optimiste. "Mais tant qu'on peut, et tant que l'ambiance entre nous est bonne, on continue."
 
 
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