Depuis 2019, des "veilleurs de mémoire" surveillent les cimetières juifs alsaciens. Leur objectif: empêcher les profanations. Rencontre avec les veilleurs de Durmenach dans le Sundgau.
A l'entrée de la rue qui mène au cimetière se trouve la gendarmerie de Durmenach. "C'est peut-être pour ça qu'il n'y a jamais eu de problème!", dit en souriant Joseph Wilhelm. Avec son compère François Gur, il parcourt ce jour-là le cimetière juif de sa commune.
Joseph connait bon nombre de personnes enterrées ici. La famille Ducas notamment compte beaucoup à ses yeux. C'est chez eux qu'il a grandi au coeur du quartier juif de la commune. "J'étais shabbat goy quand j'étais petit. Le vendredi soir et le samedi, pour le shabbat, je donnais des coups de main aux familles juives. Je faisais ce qu'elles ne pouvaient pas faire, comme allumer le feu dans le poêle." C'est donc en souvenir de toutes ces personnes qui lui sont chères que Joseph visite le cimetière juif une fois par semaine. Il fait le tour, se recueille sur certaines tombes et regarde si tout est en place.
C'est donc tout naturellement que la société d'histoire du village a proposé son nom au Conseil départemental du Haut-Rhin quand il a lancé son projet de réseau de "veilleurs de mémoire".
Ils sont 20 aujourd'hui dans le département à assurer cette veille. Ils ont tous signé une convention avec le Consistoire israélite et le Conseil départemental. En cas de dégradation ou de comportement inapproprié de certains individus, ce sont eux qui seront amenés à faire un signalement à la gendarmerie la plus proche. L'objectif est surtout, par la médiatisation de leur action, de dissuader qui que ce soit de vandaliser les cimetières israélites comme ce fut le cas l'année dernière à Quatzenheim et Westhoffen.
Le dispositif des veilleurs de mémoire sera d'ailleurs étendu dès le mois prochain au département du Bas-Rhin.