Comme la plupart des villes de la vallée de la Fensch (Moselle), Florange a vu son activité se ralentir fortement au lendemain du confinement décidé, lundi 16 mars, par le chef de l'Etat. Les services municipaux s’adaptent, l’économie balbutie, et les relations sociales se réduisent.

Il ferme la grille devant nous. Jean-Marcel Steiner, le gardien du parc de Bétange, ne laisse plus passer que les véhicules qui assurent le portage des repas à domicile pour les personnes âgées de la ville: "c’est la seule activité qui reste, la fabrication et la livraison de 40 repas pour les seniors, tout le reste est fermé. Il y a beaucoup d’associations qui ont leur siège et leurs locaux dans le parc, mais elles ont arrêté leurs activités progressivement la semaine dernière".

Ce mardi 17 mars au matin encore, des promeneurs empruntaient le parcours de santé de cet ancien camp de prisonniers russes pendant la deuxième guerre mondiale. Mais à midi, terminé. Le contraste est saisissant: le printemps arrive, ses premiers bourgeons avec, le ciel est sans nuages, mais plus une âme à l’horizon.

A moto

En face, l’atelier de Nicolas Gentile n’a pas rouvert ce matin. "D’après les textes, je pourrais ouvrir, puisque je rentre dans la catégorie des entreprises d’entretien et de réparation automobile et motocycle, mais je n’arrive pas à me faire livrer les pièces, et les clients ont peur de venir", explique ce spécialiste de la Harley Davidson d’occasion.

Installé depuis 2018 à Florange, il comptait sur la belle saison pour faire repartir son affaire: "nous on bosse quand il fait beau, on a eu du mauvais temps pendant tout l’hiver, là le soleil brille mais on ne peut pas travailler" enrage le mécano. "Ca va nous faire mal, on va le sentir passer, j’ai trois salariés, je vais devoir les mettre au chômage technique si ça continue, j’ai pas le choix".
 

Forge au repos

Non loin de là, collé à la voie ferrée qu’emprunte ordinairement les trains chargés de bobines d’acier d’ArcelorMittal, se trouve l’atelier de Franck Wittmann, le dernier forgeron de la vallée. "J’ai du boulot à crever, la semaine dernière j’ai rentré plusieurs commandes, mais je ne sais pas quand je vais pouvoir les faire", raconte l’artisan d’art. 
Son stock de métal est au plus bas, et lui non plus ne sait pas quand il sera livré: "j’ai passé commande de tubes carrés, ronds, d’acier inox, de fer plat… Mais la société qui me livre est en Alsace, ils m’ont dit qu’ils maintenaient les livraisons, mais sans me garantir de délai".
Hier matin, il a continué à poser ses réalisations en fer forgé. Mais désormais les poses chez ses clients particuliers ne sont plus possibles "mais je pourrais continuer à travailler dans mon atelier puisque je suis seul". En attendant de se remettre à l’ouvrage "j’ai nettoyé l’atelier de fond en comble, que ça à faire…".

Service minimum municipal

Peu d’habitants dans les rues, quelques-uns au balcon, il fait 18 degrés au soleil. "Je bosse, puisque j’ai un garage" explique ce mécano qui passe l’aspirateur pendant sa pause de midi, "j’ai même vendu une voiture ce matin! Mais franchement, c’est pas terrible, on n’a rien à l’atelier pour se protéger, pas de masques, pas de gel hydro-alcoolique… Je préfèrerais rester chez moi".

Joint par téléphone, le maire de Florange, Rémy Dick, tient à rassurer la population. "Nous avons mis en place une cellule de veille, nous sommes présents à la mairie pour assurer une permanence dans tous les services" explique le jeune réélu.
"Bien sûr nous avons mis un maximum de personnels en télétravail, mais l’Etat civil est opérationnel, et dix agents municipaux sont à pied d’œuvre". Le maire a dû fermer le foyer des anciens, où les personnes âgées prenaient leur repas, "mais le portage est assuré. L’épicerie sociale est fermée, le CCAS fonctionne sur rendez-vous, l’assistante sociale également". Le premier magistrat est ferme, sans être inquiet: "la Police Municipale est maintenue, et nous avons une permanence téléphonique, nous sommes prêts à faire face".
 
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