Il 45 ans, le 20 septembre 1974, le chantier de construction d'une usine de plomb est stoppé net par une occupation pacifique. Des riverains, agriculteurs, ouvriers, jeunes, venus de part et d'autre du Rhin prennent possession du terrain jusqu'à l'abandon définitif du projet.
Axel Mayer, directeur du Bund, une importante association écologiste allemande, n'en revient pas. Pourquoi les Français et les habitants de Marckolsheim ne fêtent-ils pas cet évènement historique? Il y a 45 ans a pourtant eu lieu la première occupation de terrain (la première ZAD, zone à défendre) de l'histoire. "Et personne ne s'en souvient!".
Cet écologiste de 63 ans ne comprend pas que les défenseurs de la nature français ne fêtent pas leurs victoires. Car pour lui, Marckolsheim fut la première de toute une série de victoires. Axel Mayer avait 18 ans quand il est venu en voisin voir ce qui se passait de l'autre côté du Rhin à Marckolsheim. Ce jeune apprenti, issu d'un milieu conservateur, est alors acquis à la cause nucléaire et à l'industrialisation des bords du Rhin. Mais à Marckolsheim, il découvre un autre discours.
Lors de conférences organisées sur le terrain puis dans une grande baraque en bois appelée "S'Friendschàtshüs", la maison de l'amitié, il entend parler de pollution au plomb, de vaches mortes empoisonnées. Il découvre que des industriels allemands, les Chemische Werke München, soutenus par le Port autonome et la préfecture de Strasbourg, envisagent l'implantation d'une usine de plomb qui pourrait émettre plus de huit tonnes de plomb par an dans l'atmosphère, polluant durablement les sols et les organismes vivants.
L'occupation du terrain a duré quatre mois, a entraîné un changement de majorité à Marckolsheim, a provoqué l'abandon du projet et surtout, a converti Axel Mayer à l'écologie. Depuis plus de 30 ans, il dirige une association de lutte pour l'environnement. Son organisation fait partie de la fédération qui a réunie plus de 25.000 manisfestants vendredi 27 septembre, à Fribourg en Allemagne lors de la marche pour le climat.