Plusieurs référés ont été déposés dans les Ardennes et dans la Marne contre le couvre-feu annoncé par le Premier ministre le jeudi 22 octobre. Il impose une fermeture totale des bars et gymnases, et va trop loin pour les patronnes et patrons de ces établissements.
Le Premier ministre Jean Castex a placé les deux-tiers des départements français sous le régime du couvre-feu, le jeudi 22 octobre 2020. En Champagne-Ardenne, seule la Haute-Marne y a échappé... pour le moment.
Rapidement, le monde du sport s'organise : le couvre-feu contraint les gymnases à fermer leurs portes toute la journée. Le mari de l'avocate Émilie Delière-Pietrzak, Jacques Pietrzak, possède la Salle d'eau sport. Elle se situe à Isle-sur-Suippe (Marne), à la frontière ardennaise. Sa fermeture n'est pas tolérée par le patron, qui dépose un référé contre l'arrêté préfectoral devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) avec son épouse, dès le samedi 24 octobre.
Interrogé par Vincent Thollet, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne, il regrette le manque de concertation de la préfecture avec le milieu du sport. "Si le préfet et les élus - car ils nous représentent - nous avaient contactés, ils auraient pu comprendre qu'aujourd'hui, dans les salles de sport, il y avait zéro foyer de contamination. [...] Notre objectif est de pouvoir rouvrir les salles de sport. Même en étant ouverts jusqu'à 21 heures, ça nous permettrait au moins de pouvoir avoir une activité, et de gagner notre vie."
Les bars ne ferment pas leurs portes sans résister
La réponse a été tout aussi rapide de la part du monde de la table, excédé par cette mesure qui fait fermer plus tôt les restaurants... et les bars toute la journée. Le lundi 26 octobre, un serveur de bar à Signy-l’Abbaye (Ardennes), Baptiste Touchon, dépose un référé devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, compétent pour toute la région champenoise. Ce référé reçoit l'appui d'une quinzaine de gérantes et gérants du secteur, et se fait au nom du serveur, non-assisté d'un avocat. Sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne, il conteste aussi la fermeture en journée, et non le principe de couvre-feu en lui-même. Bien qu'il ne cache pas ses doutes à ce sujet."Il y a un sentiment profond d'injustice, la sensation d'être prisonnier de décisions arbitraires qui sont prises à Paris, beaucoup de colère. Pourquoi les bars sont visés par cette fermeture ? Pourquoi les restaurants, eux, peuvent continuer à ouvrir, même si leurs horaires sont limités ? Pourquoi s'attaquer aux bars ? Je ne comprends pas. Dans les Ardennes, il n'y a pas eu de foyer de contamination avéré - de cluster - dans un bar ou un restaurant. À ma connaissance aujourd'hui, le seul gros cluster qu'on a, c'est la centrale de Chaumont. Et on ne diminue pas l'activité de la centrale... Alors je ne vois pas, alors que ce ne sont pas des foyers, pourquoi ils décident de fermer les bars."
L'examen de ces référés doit débuter dès le mardi 27 octobre.