Pour les propriétaires d'animaux aussi, la Toussaint peut être un moment de recueillement. Centre de crémation ou cimetière dédié, les maîtres ayant perdus leurs animaux de compagnie disposent aujourd'hui de plusieurs solutions pour faire vivre leurs mémoires.
Face à la mort de son animal de compagnie, chacun son deuil. Depuis l'enterrement dans le jardin, plutôt ordinaire, les obsèques des animaux ont évolué. Des lieux spécialisés existent en Champagne-Ardenne pour accompagner les maîtres confrontés au décès de leurs animaux.
Le médecin Yannick Pérennes, vétérinaire à Reims est bien souvent le premier interlocuteur à la mort des animaux de ses patients. "Le problème du devenir des animaux de compagnie est un problème ancien", assure-t-il. "Ça fait une bonne dizaine d'années qu'on a vu les pratiques évoluer." Spectateur privilégié, il affirme avoir été témoin au fil des années de l'évolution des rapports des maîtres à la mort de leurs bêtes. Une tristesse davatange admise aujourd'hui, donnant lieu à des obsèques assumées.
Un crématorium dédié aux animaux
Si en matière d'obsèques, la coutume est encore à l'enterrement dans le jardin, les maîtres font désormais aussi le choix de l'incinération. Elle peut se réaliser de manière collective, individualisée ou individuelle. Entre ces deux dernières méthodes, la différence est ténue. "Individualisé ne veut pas dire individuel. Lorsque c'est individualisé, les animaux sont mis à plusieurs dans l'incinérateur, les cendres sont séparées. C'est un peu une entourloupe", raille Michel Hedi, l'un des gérants du centre funéraire "Empreintes", dédié aux animaux domestiques, à Châlons-en-Champagne. Le premier crématorium de ce genre en Champagne-Ardenne.C'est à la suite d'une mauvaise expérience que Michel Hedi s'est décidé à ouvrir ce centre, en août 2019. "J'ai été très affecté par la mort de ma chienne Fleurette. Et surpris de l'absence d'accompagnement. C'est de là qu'est venu l'idée de lancer le centre." Dans son centre, l'opérateur de crémation assure qu'il propose une prise en charge complète et spécifique, du décès de l'animal à la mise en urne.
Maintenant, on sait que l'animal est un être sensible, ce n'est plus qu'un objet. Et donc qu'il mérite une vraie fin.
-Michel Hedi, opérateur de crémation animalière.
À Prosnes, un lieu pour les maîtres en deuil
À l'urne, d'autres préfèrent vers les tombes. Lieu à part, le cimetière animalier de Prosnes est unique en Champagne-Ardenne. C'est dans cette petite commune, à quelques kilomètres de Reims que Chantal Munier a ouvert ce lieu de recueillement dédié aux bêtes avec son mari. Depuis 1995, elle voit défiler les maîtres éplorés par la perte de leur compagnon animal, avec des profils variés. "Par rapport à l'enquête de marché que nous avions réalisée, je m'attendais à ne voir que des personnes âgées. Mais il y a aussi des familles nombreuses, des jeunes, des gens de toutes les catégories socioprofessionnelles", raconte Chantal.Dans son cimetière atypique, elle affirme que les tombes sont plus fleuries, mieux entretenues que dans un cimetière classique. "Ici ce n'est pas comme dans un cimetière humain, c'est moins évident d'enterrer son animal. Les personnes qui choisissent de donner une sépulture à leurs animaux font déjà un choix fort, ils restent très investis." D'année en année, elle s'étonne du nombre croissant de personnes se tournant vers son cimetière. Actuellement, il n'y reste d'ailleurs plus de place.Je pensais que j'étais complètement gaga avec mes animaux, mais j'ai été marquée de voir ces personnes aussi affectées par la mort de leurs animaux.
-Chantal Munier, conservatrice de cimetière animalier.