Face à l'augmentation des arrêtés municipaux qui interdisent les cirques avec des animaux sauvages, une famille d'artistes de cirque a choisi de mettre en scène des animaux domestiques. Elle est cette semaine dans l'Aube, à St-André-les-Vergers jusqu'au 2 novembre.
Cinquième génération de circassiens, Lucien Stenegre a choisi de s'adapter à notre époque qui préfère les tigres dans la jungle plutôt que dans un cirque ou même dans un moteur. Dans son cirque, les chats ont pris la place des tigres, les colombes font office de perroquets, et les chiens supplantent les lions. Le directeur du cirque Festival de Cannes, installé jusqu'au 2 novembre près de Troyes, à Saint-André-les-Vergers a repensé la mise en scène du spectacle.
Le public semble de moins en moins favorable à la mise en scène d'animaux sauvages. Selon un sondage OpinionWay réalisé en ligne du 9 au 10 octobre 2019 sur un échantillon de 1.027 répondants, représentatifs des Français de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas et commandé par des associations de protection animale (SPA, Fondation Brigitte Bardot et Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences), 65% des personnes interrogées se disent "défavorables" à la présence d'animaux sauvages dans les spectacles de cirque. A l'inverse, 34% se montrent favorables à leur présence.
Parmi les personnes interrogées, seulement 10% ont fréquenté un cirque au cours des deux dernières années, mais elles sont tout de même mitigées concernant le traitement des animaux. À la question "Les animaux sauvages sont-ils bien traités dans les cirques ?", 49% estiment que oui et autant pensent le contraire, même si 71% jugent que le respect de leurs impératifs biologiques ne sont pas respectés.
Chats, chiens, chèvres, colombes
"On est obligé pour perpétuer notre tradition, de se tourner vers les animaux domestiques, chiens, chats, chèvres colombes", ajoute Lucien, rencontré à l'intérieur de son chapiteau à Saint-André-les-Vergers, aux portes de Troyes. Pour de plus en plus de spectateurs, ce n'est pas leur place, ces animaux doivent vivre dans leur environnement normal. "Nous, on a des animaux domestiques, car les gens sont toujours demandeurs du cirque". Dans la famille Stenegre, la maman danse avec les colombes et le fils de 8 ans, est devenu acrobate. La 6e génération veut faire perdurer le métier avec passion."Le but c'est surtout d'avoir une complicité avec l'animal. On voit rarement des chats dans les cirques. On est obligé de se mettre au niveau de la nouvelle génération. Les enfants et les parents ne veulent plus d'animaux de la faune sauvage. Donc on se met à la page. On ne peut pas enlever les bêtes, alors on s'adapte. Une nouvelle forme de cirque".
A l'intérieur du chapiteau, Mandy, l'épouse de Lucien, s'affaire pour installer les accessoires du chien acrobate. Ce joli toutou noir va rouler un tonneau bleu sur la piste. Tandis que les colombes blanches vont elles aussi danser sur une roue avant de parader. "Les gens sont attirés par le cirque traditionnel, on n'a pas de gros animaux, mais les gens aiment le cirque. On s'est adapter à la demande. Même si nous, on n'a jamais eu de lions, mais on a de la famille qui en a. On a toujours eu des animaux domestiques. Comme on est un cirque familial, on a gardé nos animaux domestiques, aussi pour pouvoir rester dans les centre-ville. Car beaucoup de mairies nous accueillent".
La suite de cet art du cirque, elle l'envisage avec un peu de crainte. "J'ai trois enfants, je crains pour leur avenir professionnel, car on a du mal à tourner. Beaucoup de gens défendent la cause animale, avec une certaine violence. On nous a cassé 60 panneaux alors qu'on a pas d'animaux sauvages".