C'est un chantier délicat et méticuleux : l'orgue de la basilique Notre-Dame de l'Epine est en réparation depuis juillet 2018. L'objectif est qu'il redevienne celui qu'il était à l'origine, c'est à dire au 16e siècle. La fin des travaux est prévue dans le courant du mois d'avril.
"Il faut que le timbre soit agréable, qu'il n'y ait pas de bruits parasites, qu'il y ait une certaine puissance parce que l'édifice est quand même important et que l'orgue est très haut", explique l'organiste Jean-Christophe Leclere. Depuis juillet 2018, il est en charge, avec le facteur d'orgue Michel Formentelli, de la rénovation de l'orgue de la basilique de Notre-Dame de l'Epine. L'instrument date de la renaissance, il aurait été construit aux alentours de 1550. L'objectif est audacieux : le son de l'orgue doit être au plus proche de ce qu'il était à l'origine. Un challenge qui nécessite un savoir-faire particulier et aussi beaucoup de patience.
La partie mécanique devrait être achevée mi-avril. Les rénovateurs entameront ensuite une phase de rodage, qui devrait durer deux mois. Le coût des travaux s'élève à près de 500 000 euros et il est principalement financé par l'Etat, la région et le département. Les "amis de la basilique" ont eux-aussi apporté leur pierre à l'édifice en fournissant un cinquième de la somme.
La renaissance de la musique ancienne
"L'idée était de faire un instrument de référence pour les joueurs de claviers anciens mais aussi qui serve de référence pour accompagner les vents anciens, explique Jean-Christophe Leclere. Depuis une cinquantaine d'années, il y a une renaissance des instruments anciens en France et pour les accompagner, on fait toujours appel à des instruments un peu pastiches et réducteurs qui n'ont aucun lien avec la réalité historique."
Durant la Pentecôte, trois jours de concert sont prévus pour inaugurer cet instrument exceptionnel. Plusieurs organistes ainsi que des chanteurs et des instrumentistes viendront de toute l'Europe pour l'occasion. "On va pouvoir aborder de manière plus historique le répertoire du 16e et du 17e siècle. On pourra même aller chercher dans des répertoires plus anciens. Ce sera une pièce unique dans l'est et même dans le nord de France", s'enthousiasme l'organiste.
Un travail d'orfèvre
"Le clavier n'est pas complet pour l'instant", indique l'organiste et pour rénover l'instrument à l'identique, les deux hommes doivent utiliser les techniques de construction d'époque. "On doit retracer des savoir-faire qui datent de la renaissance", explique Michel Formentelli.Pour rénover les 1300 tuyaux, les deux hommes sont obligés de travailler sur place. "Le tuyau commence à sonner et à faire entendre sa voix ici, dans cette basilique, raconte Michel Formentelli. Il faut que ce soit le plus harmonieux possible."
Jean-Christophe Leclere assiste aux premiers sons de l'orgue dans cette basilique qu'il connaît pourtant depuis plus de 40 ans et "c'est un plaisir de faire ça, affirme-t-il. On espère les rénovations vont permettre à l'orgue de perdurer pendant plusieurs siècles. C'est un moment un peu émouvant."