Touché par une maladie neuro-dégénérative, Adrien Drouot n'a que 12 ans mais est pourtant champion de para-tir à la carabine. Grâce à cette discipline qui le passionne, il parvient oublier son handicap et à offrir de grands moments de joie à sa famille. Rencontre avec un jeune homme touchant.
C'est une belle histoire que celle d'Adrien Drouot, un jeune Marnais de 12 ans sacré champion de France de para-tir à la carabine en mai 2023. Le jeune homme est affecté par la myopathie de Duchenne, une maladie neuro musculaire qui provoque un dépérissement progressif des muscles. Le jeune garçon a trouvé refuge dans cette discipline sportive et c'est à Châlons-en-Champagne qu'il remet son titre en jeu devant ses proches. Un jour décisif pour Adrien, où seul face à une cible, la carabine en main, il se bat pour tenter conserver son statut de champion.
Oublier la maladie grâce au tir
En ce jour de compétition, Adrien est timide mais toujours souriant. Il faut dire qu'il en a vu d'autres tout au long de sa jeune vie. Concentré, il nous explique comment est consitué sa carabine, qu'il maîtrise sur le bout des doigts : "Là il y a les organes de visée. Ici, il y a la queue de détente." Mais avant de tirer, "il faut faire l'échauffement" rappelle-t-il scrupuleusement. Une étape essentielle pendant laquelle sa mère le guide, un peu à l'écart de l'agitation du gymnase.
Le jeune champion est atteint de la myopathie de Duchenne, une forme sévère de dégénerescence qui s'attaque aux muscles, à commencer par le bas du corps, et qui ne laisse que quelques années d'espérance de vie. Une pathologie qui l'handicape, mais qui pourtant semble lui conférer des aptitudes particulièrement adaptées au tir : "il ne marche plus" explique sa coach Dominique Soyez, "par contre, il a une rapidité d'analyse, de compréhension [...] parce qu'ils retiennent, ils développent plus les autres sens".
Détectée dès l'enfance, la myopathie a bouleversé le quotidien d'Adrien et celui de ses parents. Alors, il a fallu trouver un refuge, une manière d'esquiver la douleur, et c'est dans le tir que le garçon de 12 ans a trouvé une échappatoire : "c'est quelque chose qui lui plaît, où il est épanoui il est bien encadré" raconte son père David, "sinon on ne vit que pour la maladie, pour ou à cause de la maladie, puisqu'il faut tout orienter autour de lui".
La joie de la compétition
C'est l'heure, la compétition commence, et notre champion est prêt. Il a 50 minutes pour tirer 40 plombs. Loin de son fauteuil, assis sur une chaise, l'arme à la main, il excelle. Du point de vue de son père, il semble bien concentré : "Là il est bien, il est bien, espérons que ça dure".
Sur le dernier tir, Adrien Drouot parvient à gagner une deuxième place inespérée. Sa coach ne manque pas de le féliciter chaleureusement. Même s'il a perdu son titre, le jeune garçon est satisfait, son placement est une bonne surprise : "je ne pensais pas être deuxième" confie-t-il. "Je suis fier de lui" rayonne son père, des étoiles pleins les yeux. C'est finalement ce qui compte le plus. Chaque jour sur chaque entraînement sur chaque tir, Adrien épate son entourage, et pour lui ce sont les plus belles victoires du monde.