Aux Assises d'Angoulême, un Châlonnais comparaît pour le meurtre de sa femme

La disparue avait, elle, coupé les ponts avec sa famille, installée à Châlons-en-Champagne, après l'avoir épousé. "Après 1999, je ne savais rien de sa vie", a convenu à la barre un de ses frères, Mohamed Benhellal.

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Karbal Dandouni, jugé pour avoir assassiné son épouse Karima Benhellal, disparue au courant de l'été 2005 au Maroc, a nié lundi devant la cour d'assises de la Charente l'avoir tuée, assurant que pour lui, elle était "toujours en vie".
Longiligne, cheveux courts et grisonnants, visage fermé, Karbal Dandouni, 42 ans, revenu de ce voyage au pays sans son épouse mais avec une seconde femme, Rabia, n'avait pas prononcé un mot en arrivant à la cour en compagnie de ses avocats.
Sous le regard impassible des frères de Karima Benhellal, l'accusé s'est ensuite dit, en arabe, "innocent de tous les reproches dont la famille l'accuse", avant d'ajouter en français, sans interprète: "Pour moi, Madame Karima, elle est pas morte, elle est encore en vie, il y a que la famille qui pense que Karima est morte. Du fait qu'ils n'ont pas trouvé son corps, pour moi, elle est encore vivante".

Entré illégalement en France, Karbal Dandouni lui avait été présenté par sa soeur en 1998 : "J'ai dit à ma soeur +ce qu'il veut, c'est se marier avec toi pour avoir des papiers+. Il ne m'inspirait pas confiance", a encore témoigné Mohamed Benhellal, qui avait même dérobé à sa soeur des certificats médicaux attestant de violences conjugales, estimant qu'un jour il aurait "besoin d'une preuve".


Voir le reportage​ de nos collègue de France 3 Poitiers

Hantée par le diable

"Elle l'aimait, elle tenait énormément à lui, malgré tout ce qu'il lui a fait, elle ne voulait pas divorcer", a témoigné un autre frère, Abdelkader. Avant l'audience, l'avocat de Mohamed Benhellal, Me Gérard Chemla, a dit ne pas se faire d'illusions sur d'éventuels aveux de Karbal Dandouni : "Il y a longtemps que je ne crois plus à la vérité, ça supposerait qu'on ait quelqu'un qui arrête de raconter des mensonges", a-t-il asséné.

Partie à la mi-juillet 2005 au Maroc avec son mari, dont elle était séparée depuis quelque temps, cette femme brune au visage doux, issue d'une famille arrivée en France au début des années 1970 et bien intégrée, n'est jamais revenue au lycée d'Angoulême qui l'employait et n'a plus donné la moindre nouvelle à ses proches.
Son mari, lui, est rentré en France avec Rabia, épousée au Maroc par la voie religieuse, et leur fils, Ismaël. Karbal Dandouni a ensuite récupéré chez sa première femme des vêtements, des meubles, des tapis.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, rester une disparition, mais Mohamed Benhellal, frère aîné de Karima, a porté plainte pour séquestration.
Réputé violent, l'accusé, mis en examen en 2009 pour l'homicide volontaire de Karima, a toujours nié pendant l'instruction l'avoir tuée, livrant en revanche
de multiples versions contradictoires de ses derniers jours avec cette épouse qu'il disait perturbée et qui aurait refusé obstinément le divorce.

Décrite comme une femme de caractère, "la tête sur les épaules", selon son frère Mohammed, Karima Benhellal se disait victime d'un envoûtement, explication de son infertilité, a encore assuré à l'audience Karbal Dandouni.

"Je suis persuadé que cet homme-là a fait disparaître ma soeur", a encore témoigné Abdelkader, frère cadet, se tournant vers l'accusé. "Vous me dites : +ma soeur est hantée par le diable+, je vous dis oui, et le diable, c'est lui".
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