Avec la fermeture quasi totale du canal entre Champagne et Bourgogne le 12 juillet dernier et celle du canal de la Marne au Rhin, des plaisanciers ne peuvent plus quitter Châlons-en-Champagne (Marne) ni vers l'est ni vers le sud. En cause, la sécheresse qui ne garantit pas un niveau d'eau suffisant dans les canaux.
Éléonore, Jérôme et leurs deux filles ont dû revoir leur programme de vacances. Ces touristes venus de Suisse ont choisi de découvrir la France en bateau. Ils comptaient découvrir les maisons à colombages de Strasbourg. Mais ils devront se contenter de celles à pans de bois de Châlons-en-Champagne. Car en raison de la sécheresse, ils ne pourront pas aller plus loin que la préfecture de la Marne, où ils ont amarré leur embarcation.
"On a appris à ne pas faire de plan, mais ça nous convient bien", confie Jérôme Clerc, le père de famille. "On improvise, en profitant, en prenant le temps. Et puis en restant là où c'est ouvert et où on pourra aller. On visite plus la région", ajoute Éléonore Junod, sa compagne.
Le canal de la Marne au Rhin, direction est, est quasiment entièrement fermé à la navigation, tout comme celui entre Champagne et Bourgogne vers le sud.
Dany Gilbert et sa femme, rencontrés sur le port de Châlons ce mardi 25 juillet, font aussi les frais de ces changements. La seule solution pour ce couple de Belges est de remonter vers Paris, en espérant qu'ils pourront rejoindre Bruges, où ils habitent, avant que la navigation ne ferme aussi sur leur chemin. "Ce n'est pas notre idée de rester pour l'hivernage vers ici", explique le plaisancier.
Des travaux pour stocker davantage d'eau
Ces deux canaux sont fermés parce que les rivières du bassin sont à sec. Il est donc impossible de continuer à y prélever de l'eau pour remplir les canaux, sous peine de voir la biodiversité en pâtir. Impossible aussi de prélever plus d'eau dans les lacs réservoirs qui permettent d'habitude de compenser.
"Cette eau, qui est stockée pendant la période d'hiver et de printemps, bénéficie à la réalimentation en eau du canal, mais aussi pour la ressource en eau potable de la population de la région de Langres, de près de 23 000 habitants", détaille Pascal Dupras, responsable du canal entre Champagne et Bourgogne, chez Voies navigables de France (VNF).
Choisir entre différents usages de l'eau est une situation amenée à se répéter. Avec le dérèglement climatique, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes. "Il est important d'accroître notre résilience. En l'espèce, accroître notre résilience en tête de bassin, c'est conforter, consolider et préserver la ressource en eau, voire l'augmenter. C'est tous les travaux qui sont réalisés en ce moment-même par VNF et sur un barrage qu'on appelle le barrage de la Mouche", ajoute le responsable.
Les travaux sur cet ouvrage devraient permettre de stocker presque 17 % d'eau en plus chaque hiver, pour essayer ensuite chaque été ensuite de répondre à tous les besoins des usagers de l'eau.