A Chaumont, la fermeture du canal pourtant rempli d'eau questionne

Depuis le 12 juillet, les bateaux n’ont plus le droit de naviguer sur le canal qui traverse Chaumont à cause de la sécheresse. Pourtant, le niveau de l’eau est au plus haut. Explications.

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Devant le port de la Maladière, à Chaumont, les promeneurs s’interrogent. Une partie du canal entre Champagne et Bourgogne est interdite aux plaisanciers depuis le 12 juillet. Pourtant, il ne manque pas un centimètre d’eau.

« Ça peut paraitre paradoxal, atteste Pascal Dupras, responsable du canal entre Champagne et Bourgogne pour VNF. Mais il y a bien un déficit en eau. Seulement, à certains endroits, ça ne se voit pas. »

Comment l’eau arrive-t-elle dans le canal ?

Comme tous les canaux, le canal entre Champagne et Bourgogne, qui s’écoule entre Vitry-le-François, dans la Marne, et Maxilly-sur-Saône, en Côte-d’Or, n’est pas alimenté naturellement en eau. C’est l’eau des rivières, via un système complexe de barrages, de réservoirs et de rigoles, qui alimente le canal.

« Avec la sécheresse, le débit des rivières est de plus en plus faible, indique Pascal Dupras. Si on continue d’alimenter normalement le canal, on vide les rivières. Et ça, ce n’est pas envisageable. Il faut conserver un débit suffisant dans les rivières pour préserver la faune et la flore aquatique. L’option qu’il nous reste, c’est d’arrêter d’alimenter le canal. »

Mais alors, pourquoi le niveau d’eau ne diminue pas ?

« En fait, tout dépend de l’endroit où l’on se trouve, indique le responsable du canal. Certains biefs, les parties de canal situées entre deux écluses, ont déjà perdu entre 10 et 60 centimètres d’eau.

En revanche, dans les haltes nautiques comme celles de Chaumont, Langres ou Saint-Dizier, on essaye de maintenir un niveau d’eau suffisant pour que les bateaux puissent continuer de flotter à quai. Dans ces biefs-là, on ne ferme pas toutes les vannes, on prélève encore un petit peu d’eau dans la rivière. Ce qui explique que le canal soit encore bien rempli à ces endroits, malgré la sécheresse. »

Puisque le canal est assez rempli à certains endroits, pourquoi interdire la navigation ?

« À chaque fois qu’un bateau franchit une écluse, c’est 900 mètres cubes d’eau qui partent vers l’aval, explique Pascal Dupras. Mais comme on n'a plus la capacité d’alimenter le bief en amont, le niveau d’eau va progressivement chuter et les bateaux ne pourront plus passer. Pour éviter ça, on demande aux bateaux de rester à quai, ou de rejoindre d’autres canaux encore alimentés. »

Est-ce que la totalité du canal est concernée ?

« C’est une fermeture progressive. On a d’abord fermé la portion entre l’écluse numéro 12 de Piépape et l’écluse numéro 36 de Froncles le 12 juillet. Puis, la restriction s’est étendue jusqu’à l’écluse 50 de Chevillon le 18 juillet. »

Malgré les récentes pluies, le responsable du canal n’est pas vraiment optimiste : « Ce n’est pas suffisant pour remplir les cours d’eau. Il faudrait 2 ou 3 jours de pluie continue pour que la rivière reprenne des couleurs. On va vers une fermeture complète du canal entre Champagne et Bourgogne. »

Pour l’instant, difficile de dire quand les bateaux pourront à nouveau naviguer sur le canal. L’an passé, en 2022, on avait enregistré 98 jours de fermeture. Le record pourrait être battu cet été.

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