CARTE. Sécheresse : les lacs-réservoirs en amont de la Seine remplis à 90 %

La Champagne-Ardenne compte trois des quatre lacs-réservoirs qui servent à réguler le débit de la Seine et de ses affluents. Si en début d'année 2023, leur niveau était inquiétant, le retard a pu être rattrapé. Seine Grands Lacs est désormais serein pour venir gonfler le débit des cours d'eau cet été.

L'été 2022 a été marqué par une importante sécheresse en France. Les images de rivières à sec ont fait la une de l'actualité. Mais un fleuve semblait totalement insensible au thermomètre qui s'affolait : la Seine. 

Pour comprendre ce paradoxe, il faut remonter vers l'amont du fleuve. La Seine et ses affluents peuvent en effet compter sur quatre lacs-réservoirs, qui totalisent 830 millions de mètres cubes de capacité, pour faire varier à la hausse ou à la baisse leurs débits.

En août 2022, 55 % du débit observé à Paris provenait des lacs réservoirs. C'était 80 % à Troyes (Aube) et même 98 % à Châlons-en-Champagne (Marne).

Beaucoup ignorent que le débit des rivières provient autant des lacs réservoirs, surtout en période d'étiage.

Émeline Amblard-Henry, Seine Grands Lacs

Ces quatre lacs-réservoirs, dont la gestion est assurée par l'Établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs, permettent ainsi à la fois d'éviter les inondations en cas de crues et de soutenir le débit des cours d'eau en période sèche. C'est ce qu'on appelle le soutien d'étiage. Ils régulent ainsi le débit de l'Yonne, de la Marne, de l'Aube et de la Seine.

Le plus ancien des lacs est celui de Pannecière, dans la Nièvre. Ouvert en 1949, c'est aussi le plus petit, avec une capacité de 80 millions de mètres cubes. Le plus récent est le lac réservoir Aube (constitué des lacs Amance et Temple). Il est en service depuis 1990 et peut stocker 170 millions de mètres cubes. Le dispositif est complété par le lac du Der (349 millions de mètres cubes, ouvert en 1974) et le lac d'Orient (208 millions de mètres cubes, ouvert en 1966). 

Les lacs-réservoirs déjà bien remplis pour 2023

Pour pouvoir avoir suffisamment d'eau lors de la période estivale, le remplissage des lacs est donc crucial. Et pour 2023, ça avait plutôt mal débuté, avec une première partie de l'année avec très peu de précipitations. "Pour un mois de février, on a rarement observé aussi peu de pluviométrie et des débits aussi faibles", nous expliquait au mois de mars Émeline Amblard-Henry, cheffe du service gestion des ouvrages chez Seine Grands Lacs. "Tout peut être encore rattrapable… ou pas", glissait-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

La responsable est désormais bien plus sereine. "On devrait atteindre un remplissage quasi-complet à la fin du mois de juin", précise-t-elle ce vendredi 28 avril 2023. À l'heure actuelle, le remplissage des lacs oscille entre 89 et 96 % selon les ouvrages. "Imaginons que la tendance revienne au sec, avec les 90% de remplissage qu'on a actuellement, on assurera largement notre mission de soutien d'étiage", assure-t-elle.

La situation contraste avec celle des nappes phréatiques, dont le niveau de remplissage oscille entre les niveaux très bas, bas et modérément bas dans notre région, selon le dernier bulletin de situation hydrologique publié par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) mi-avril. Et le retard accumulé au début de l'année ne pourra pas forcément être rattrapé. "À partir du mois d’avril, la hausse des températures, la reprise de la végétation et donc l’augmentation de l’évapotranspiration vont limiter nettement l’infiltration des pluies vers les nappes", explique le BRGM.

Du côté des lacs-réservoirs, la campagne de remplissage se poursuit jusqu'à la fin du mois de juin. Ensuite, les grands lacs entameront leur mission de soutien d'étiage, qui s'étale théoriquement du 1er juillet au 1er novembre. Mais celle-ci peut se prolonger au-delà, c'était le cas par exemple en 2022, où le soutien d'étiage de la Seine s'est prolongé jusqu'au 19 novembre.

"On est complètement sereins" pour l'été

La sécheresse est quantifiée sur quatre niveaux, qui se traduisent par des mesures préfectorales de plus en plus drastiques : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. Émeline Amblard-Henry estime que l'eau fournie par les grands lacs permettra en aval des ouvrages de passer aisément l'été. "On va même essayer même de se maintenir au niveau du premier seuil, qui est celui de vigilance."

Mais tout ne se passe pas toujours aussi facilement. En 2011, les lacs n'avaient pu être remplis qu'à 76 % de leur capacité. L'établissement public avait dû adapter ses restitutions à la réalité du remplissage. "On avait réussi à se maintenir au-dessus du seuil de crise pour l'ensemble de ces stations", rappelle Émeline Amblard-Henry.

De quoi permettre de préserver toute l'activité économique qui dépend des cours d'eau. C'est le cas par exemple de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, dans l'Aube, qui a besoin de suffisamment d'eau pour pouvoir se refroidir et continuer de produire de l'électricité. 

En 2022, alors que le remplissage des lacs-réservoirs n'était pas optimal, Seine Grands Lacs a été particulièrement vigilant pour permettre à la centrale de continuer son activité, alors que d'autres réacteurs ailleurs dans le pays étaient contraints de ralentir ou d'obtenir des dérogations. "On a été en contact direct et régulier pour leur donner un niveau d'eau suffisant pour permettre leur production", assure Émeline Amblard-Henry.

Le dérèglement climatique n'est pas sans effet sur le travail de Seine Grands Lacs. "On s'aperçoit que la mission de soutien d'étiage prend une part très importante. Ces années sèches nous le montrent. Notre gestion devra peut-être s'adapter en fonction de ces changements climatiques en prévoyant des tranches de réserves plus volumineuses pour pouvoir mieux soutenir l'étiage", explique la cheffe du service gestion des ouvrages.

En attendant, la responsable se veut rassurante pour 2023. "On est complètement sereins", affirme-t-elle.

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