Des logements à base de conteneurs maritimes : le pari d'une start-up a convaincu un promoteur immobilier

C'est un chantier peu ordinaire qui a lieu en ce moment à Châlons-en-Champagne (Marne) dans le quartier Chanzy. L'entreprise High Cube y construit une résidence de 15 logements à base de conteneurs maritimes. Un concept qui présente de nombreux avantages.

C’est un peu comme une immense construction en Lego à ce détail près que les pièces sont en acier et pèsent plusieurs tonnes. Dans le quartier Chanzy de Châlons-en-Champagne (Marne), une grue élève dans les airs ce qui deviendra bientôt le premier étage de cette résidence.

"Tout doit se jouer au millimètre près, explique Torgay Yildiz, casque sur la tête et talkie-walkie à la main. Ça doit être vraiment très précis, c’est pour ça qu’on prend bien notre temps".

Pour lui, ce chantier est important. Il s’agit de la première réalisation d’ampleur de sa start-up High Cube. Cette entreprise, née à Épernay (Marne) il y a trois ans avant de s’installer récemment à Châlons-en-Champagne, a misé sur la construction de logements à base de conteneurs maritimes en fin de vie.

De la Belgique à la Marne

"On va chercher ces conteneurs au port d’Anvers en Belgique, c’est le port le plus proche de Châlons-en-Champagne. Il y a 840 millions de conteneurs dans le monde et plusieurs millions d’entre eux sont déclassés tous les ans. Donc, on vient puiser dans ces stocks qui sont presque infinis pour les transformer en logement."

Sur le site du quartier Chanzy, plusieurs conteneurs ont déjà été assemblés permettant d’imaginer le rendu final. En assemblant deux conteneurs d’environ 12 mètres de long sur un peu plus de 2 mètres de large, on obtient un espace de 50 m² qui permettra d’aménager deux studios.

"D’un côté, on a une pièce de vie avec une grande baie vitrée et de l’autre, un coin cuisine et une salle de bain accessible aux personnes à mobilité réduite. On a une surface de 25 m², donc on arrive à avoir un espace suffisant pour un studio, pour y vivre confortablement."

De nombreux avantages

Toute la découpe et l’aménagement de ces conteneurs, soit 80 % du travail, est réalisée en atelier, ce qui permet de ne pas dépendre des aléas météorologiques et d’apporter plus de conforts aux ouvriers. Pour Torgay Yildiz, il ne s’agit que d’un des nombreux avantages du système.

"Tout l’enjeu du bâtiment aujourd’hui est de limiter l’empreinte carbone des chantiers. Avec notre procédé, en recyclant des conteneurs en fin de vie, on obtient déjà un bilan carbone trois fois inférieur à une construction traditionnelle."

Et au jeu des comparaisons, le jeune chef d’entreprise se dit gagnant sur tous les tableaux. "On arrive à finir ce chantier en six mois, contre 18 ou 24 en traditionnel, donc ça va trois ou quatre fois plus vite. Au niveau du coût, c’est 20 à 30 % moins cher que du traditionnel, tout en apportant une performance énergétique égale, voire meilleure."

Quinze studios pour commencer

Ces arguments séduisent de plus en plus les promoteurs immobiliers et les particuliers à étudier l’hypothèse du conteneur comme matériau de construction. Le bailleur social Nov’habitat a décidé de sauter le pas en confiant à la société High Cube la réalisation de deux sites de logements à Châlons-en-Champagne : l’un comprenant 15 studios et une maison de 150 m², l’autre trois maisons supplémentaires et six studios.

"J’ai connu High Cube lors d’une conférence sur les constructions à haute performance énergétique et dès qu’on a eu la possibilité, on a travaillé ensemble, se souvient Alain Marjolet, directeur de Nov'Habitat. On est très porté par l’innovation et sur ce projet, on était contraint par le temps. On a donc choisi l’option la plus rapide et la moins chère. En plus, ce projet garantit une performance énergétique et acoustique très bonne et une accessibilité pour les personnes à mobilité réduite."

Il n’y a aucune concession en termes de niveau de performance, c’est même un peu plus performant d’un point de vue thermique. On va donc plus loin que la construction traditionnelle, en maîtrisant les coûts et les délais.

Alain Marjolet, directeur de Nov'Habitat

La réalisation du premier site de 15 studios nécessitant la transformation de 21 conteneurs représente un investissement de 1,2 million d’euros. Le promoteur a également fait appel à un cabinet d’architecte pour la dimension esthétique du projet. Une fois terminé, il sera alors impossible de distinguer cette construction en acier de toute autre construction plus habituelle.

Depuis sa création, High-Cube a déjà réalisé de nombreux projets plus modestes, notamment pour des particuliers. Grâce à ce premier chantier d’ampleur, la jeune start-up va pouvoir accélérer son développement. Elle vient de rejoindre un nouveau site de production à Châlons-en-Champagne où elle profitera bientôt d’un espace de 8 000 m² pour façonner et stocker ses conteneurs.

Une première étape avant de voir encore plus grand. "On est convaincus par ce concept, affirme Torgay Yildiz. On aura reconverti une cinquantaine de conteneurs cette année. L’an prochain, on veut en faire une centaine. L’idée est de doubler notre production chaque année jusqu’en 2028."

Après avoir transporté des marchandises aux quatre coins du monde, des centaines de conteneurs devraient donc bientôt se transformer en logement, en particulier dans le Grand Est.

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