Les agriculteurs ont de plus en plus de mal à trouver de la main d'œuvre. Au point que la Chambre d'Agriculture du Grand Est estime que d'ici à 2025, plus de 17.500 seront à pouvoir dans les 50.000 exploitations agricoles de la région.
À la Foire de Châlons, c'est l'un des principaux sujets de discussions cette année : l'emploi. Ou plutôt : comment trouver la main d'œuvre dont les agriculteurs ont besoin, mais qui se fait de plus en plus difficile à trouver ?
Alors que 8,8% de la population du Grand Est serait sans emploi au premier trimestre 2018, et que 269.000 personnes de plus seraient aux frontières du chômage, paradoxalement, les agriculteurs de la grande région ont beaucoup de mal à trouver la main d'œuvre dont ils ont besoin. Comme Patrick Domange, maraicher horticulteur à Sainte-Memmie (Marne) depuis plus de 30 ans : "Tous les ans, on se demande comment on va arriver à compléter notre équipe". Lui qui emploie déjà un salarié à temps complet en CDI, et une salariée en CDD 6 mois par an voudrait embaucher une troisième personne : "J'ai un noyau dur, mais j'ai besoin en complément d'avoir un ou une salarié en CDD en travail saisonnier qui viennent du 15 mars au 15 juin et c'est un gros problème pour recruter ce genre de profils."
17.500 postes à pourvoir
Au total, chaque année en France, près de 12.000 CDI dans le secteur agricole seraient non-pourvus. D'ailleurs, selon une étude de la Chambre d'Agriculture Grand Est publiée en 2016, d'ici à 2025, plus de 17.500 postes seront à pourvoir.
En effet, le secteur peine à convaincre les jeunes générations. Aujourd'hui, plus de la moitié des personnes employées dans le secteur agricole en Champagne-Ardenne ont plus de 50 ans (51,3%). En Alsace et en Lorraine, cette proportion est légèrement moins élevée, mais reste importante : 47,3% et 44,2%.
Des métiers très différents
Étant donné la superficie de la région (le Grand Est est la 2e région la plus vaste de France) et la diversité des cultures et des élevages qui y sont présents, les offres proposées couvrent des domaines très différents : des céréales au choux à choucroute, en passant par le colza, le chanvre, le houblon, la mirabelle, et bien sûr le travail dans les vignes.
Ainsi, entre avril 2017 et mars 2018, la majorité des offres proposées par le secteur agricole concernait des postes "d'aide agricole de production fruitière ou viticole", "d'entretien des espaces verts" et "l'arboriculture et la viticulture". Mais tous les métiers liés au monde agricole ne renvoient pas à un travail en extérieur : des postes de "conseil et d'assistance technique", de "fermentation de boissons alcoolisées" ou encore de de "contrôle et diagnostic technique en agriculture" ont été proposés.
Journée de recrutement à la Foire de Châlons
Alors, les instances agricoles se mobilisent autour de cette problématique, essentielle lorsque l'on considère que de nombreux agriculteurs doivent gérer au quotidienne une charge de travail très lourde. Ce mardi 4 et ce mercredi 5 septembre, une opération pour l'emploi est donc organisée à la Foire de Châlons.
Un mur d'offres d'emplois a été installé en face du stand du département de la Marne, des professionnels et des représentants des différentes formations qu'il est possible de suivre dans la grande région sont présent pour répondre aux questions, et des casques de réalité virtuelle permettront de découvrir "grandeur nature" certaines des tâches proposées. Parmi les nombreux objectifs de l'opération : expliquer que les métiers agricoles sont de moins en moins pénibles, notamment grâce aux innovations technologiques.
Et pour ceux qui n'auront pas l'occasion de se rendre à la Foire de Châlons, le site internet www.anefa-emploi.org propose de mettre en contact les candidats avec les employeurs en manque de main d'œuvre.