Le Souvenir français travaille toute l'année pour veiller sur les tombes des soldats morts pour la France. Depuis plus de cent ans, ses membres entretiennent ces sépultures, pour que les noms de ceux qui sont tombés au combat ne tombent pas dans l'oubli. La Toussaint est l'occasion de mettre en avant leurs efforts.
À Châlons-en-Champagne, dans la Marne, le cimetière de l'Est jouxte la nécropole nationale. Celle-ci regroupe les corps de 4 500 soldats morts pour la France lors de la Première guerre mondiale. Juste à côté, le cimetière civil abrite également les tombes d'une quarantaine de militaires tués pendant différents conflits. On les appelle les restitués, car leurs corps ont été réclamés par leurs familles.
"Il faut vraiment comprendre le traumatisme que ça devait être à l'époque, alors que les gens ne sortaient quasiment pas de leur village, d'avoir d'un seul coup perdu un proche à l'autre bout du monde et ne pas pouvoir le retrouver, ne pas avoir d'endroit pour se recueillir. C'était quelque chose d'impensable. Donc les mères, les épouses ont demandé à pouvoir récupérer leurs corps pour être ensevelis ensemble pour l'éternité", précise le général Michel Billard, président du comité châlonnais du Souvenir Français. Au total, environ 300 000 morts pour la France ont ainsi été restitués à leur famille.
À la différence des cimetières militaires, ces tombes ne sont pas entretenues par les services de l'État. "Même s'il a toujours le statut mort pour la France, le corps appartient à la famille. Dans le contrat qui avait été passé à l'époque, c'était 'on vous rend le corps, mais c'est vous qui le gérez'", ajoute Michel Billard.
Avec le temps qui passe, et les générations qui s'ajoutent, les familles ne savent plus forcément que leur grand-père est enterré à cet endroit. Les tombes finissent par se dégrader. Le Souvenir français prend alors le relais quand les sépultures sont bien identifiées. "Soit on fait de l'entretien, du nettoyage, soit quand la tombe est malheureusement trop abîmée, on fait de la reconstruction", indique le représentant de l'association.
"On leur doit tout"
Bernard Gaty fait partie des 900 adhérents de l'association dans le département de la Marne. Ce retraité a perdu plusieurs personnes de sa famille lors de conflits, notamment son grand-père pendant la bataille de Verdun. "On leur doit tout, on leur doit d'être libre, on leur doit beaucoup de choses. C'est normal de penser à eux. Ils ont souffert, ils sont morts d'ailleurs", confie-t-il. Régulièrement, il démonte les plaques pour les nettoyer et raviver les écritures.
Autour de la Toussaint, alors que les familles sont nombreuses à se rendre dans les cimetières, le Souvenir français organise une grand quête pour financer ses actions. En 2022, elle a lieu entre le 27 octobre et le 2 novembre. Le 1er novembre est également l'occasion d'organiser des cérémonies pour tous les soldats morts pour la France.