"Gourous" pour leurs détracteurs, ils se présentent comme magnétiseurs ou praticiens énergétiques, dans la lignée des rebouteux traditionnels. Près de Châlons-en-Champagne, l'un d'entre eux a aidé ses clients à passer le cap le confinement et désormais du déconfinement. Rencontre.
"Attention, je ne suis pas médecin. Et les personnes qui viennent me consulter ne sont pas des patients mais bel et bien des clients."
D'emblée, Florian Maltrait, dont le cabinet a ouvert au sein même de son domicile, à Nuisement-sur-Coole, dans la Marne, tient à préciser les choses. Sa discipline, la thérapie manuelle énergétique, est présentée non comme l'égale mais comme le complément de la médecine traditionnelle.
Une clientèle à plus de 90 % féminine
"Mes clients arrivent avec ce que j'appelle leurs "bagages" : du stress, des contrariétés, explique-t-il. Mon rôle va être de rééquilibrer ces énergies pour les apaiser. Je vais faire un balayage avec les mains au-dessus du corps et sentir l'endroit qui concentre la douleur... Mes outils, ce sont mes mains. Elles vont crépiter : c'est difficile à décrire, c'est comme lorsqu'on a des fourmis..."
Des séances d'une heure facturées 50 euros, pour une clientèle à plus de 90 % féminine. "Même si les choses changent progressivement, les femmes sont plus à l'écoute de leurs corps alors que les hommes restent marqués par cette éducation "à la dure", où on fait moins appel à leur sensibilité", déplore-t-il.
A l'instar des autres professions, son activité a elle aussi été impactée par le confinement. Finies les consultations physiques, place à des séances à distance, par téléphone, à l'aide d'une photo du client. Du "télétravail" nouvelle version qui a permis à Florian de calmer les angoisses dues au confinement.
J'ai très vite senti chez mes clients, qui se sont retrouvés pour la plupart seuls avec eux-mêmes, une crainte intérieure. Des choses personnelles sont remontées, au-delà de la peur d'être touché par le coronavirus. Il a fallu calmer tout cela
- Florian, praticien énergétique
La peur de retourner au travail
Hélène, elle, familière du cabinet depuis un an en fonction de ses besoins, garde du confinement un souvenir plutôt positif. Comme d'autres, pour elle, c'est la phase du déconfinement qui a été la plus compliquée. "Je n'ai pas connu de télétravail, c'était vraiment un confinement complet, une véritable bulle de protection, reconnait cette commerçante. Alors, 15 jours avant la reprise, j'ai eu des bouffées de stress, des douleurs au dos et des insomnies. J'appréhendais le retour au travail et le contact avec les clients. J'avais peur d'être tétanisée."
Pour calmer ses angoisses, elle réalise alors une nouvelle consultation, à distance cette fois-ci, "plutôt que d'aller voir mon généraliste pour me faire prescrire des calmants. J'ai fermé les yeux et ressenti des picotements dans les zones où j'étais tendue. Le lendemain, j'avais beaucoup mieux dormi et du coup, j'avais une perception plus calme des choses. Cela m'a aidé à relativiser. "
Malgré les presque 30.000 morts que le covid19 a provoquées en France, Florian en est convaincu, du positif est à tirer de la pandémie, avec à la clé selon lui de nouvelles prises de conscience, y compris concernant les nouvelles méthodes de soin.
" Les gens vont de plus en plus aller vers le développement personnel, l'hypnose, la sophrologie, j'en suis convaincu, assure-t-il. J'ai conscience que notre profession peut paraitre farfelue au premier abord mais il faut l'expérimenter pour la comprendre."
Expérimenter certes, mais sans se tromper sur la finalité de ces soins conventionnels. "Ce n'est pas le monde des bisousnours, conclut Hélène. Ce n'est pas parce que on fait un soin que le reste de notre vie va aller mieux. On reçoit des clés pour nous aider. Mais la première personne à décider qu'on va aller mieux reste nous-mêmes."