Baptiste était en voyage aux Philippines quand le confinement a débuté. Après deux semaines de calvaires et près de 5.000 euros dépensés pour pouvoir rentrer, il est de retour chez ses grands-parents à Epernay. Récit.
Jusqu'à 5 000 euros dépensés pour rentrer
On vous le racontait il y a trois semaines, la maman de Baptiste, une patiente à risque atteinte du covid-19, s'inquiétait de la situation de son fils et demandait de l'aide pour le rapatrier. Finalement, lui et Samantha, sa meilleure amie, ont réussi à rentrer en payant le prix fort : 5.000 euros chacun, une escale d'une semaine à Dubaï où ils ont dormi à même le sol et sans la certitude de pouvoir rentrer un jour. "Dès qu'un vol était annoncé, les passagers se ruaient sur les billets. Une demi-heure avant le décollage, il était annulé", raconte Baptiste. "J'ai rencontré un chirurgien qui a dépensé plus de 16.000 euros et bien sûr, il ne sera jamais remboursé."De Manille à Paris, Baptiste et Samantha sont passés par toutes les émotions. La peur de ne pas rentrer. L'angoisse qu'il arrive quelque chose à la mère de Baptiste en étant coincé à l'autre bout du monde. Le soulagement, en voyant les passagers s'entraider. La colère "car beaucoup de choses auraient pu être évitées. Quand on voyait que des choses étaient faites pour les Anglais et les Allemands, on avait l'impression d'être abandonnés par notre pays", se souvient Baptiste.
Presque 2.000 euros pour un Manille-Paris
À Manille, un vol de rapatriement vers la France est annoncé, mais les deux Marnais ne sont pas prioritaires et devront céder leur place aux personnes âgées, aux soignants et aux forces de l'ordre. Ils finissent par trouver un vol pour Paris avec deux escales, une à Dubaï et une autre à Barheïn. Le tout pour la modique somme de 1.800 euros par personne. Un effort financier qu'ils acceptent de faire, pensant enfin pouvoir rentrer chez eux. "Une fois à Dubaï, on a appris que l'émir avait fermé l'aéroport une heure avant notre arrivée", explique Baptiste. L'escale devient terminus. Envolés les vols pour Paris, les voilà désormais confinés à l'aéroport. Ils sont accompagnés des passagers de leur vols et de ceux d'un autre vol arrivé de Thaïlande une heure après le leur."On a dormi à même le sol. Pendant la première nuit, on ne nous a rien donné, ni eau, ni couverture, ni nourriture", se désole le Rémois. L'aéroport est entièrement vide, les étales des boutiques sont sous cellophane. L'impression de se trouver en plein film post-apocalyptique se fait vite ressentir. "Même quand je le raconte aujourd'hui, j'ai l'impression que c'était un film", dit Baptiste sur un ton mi-rieur, mi-désabusé.
Dormir à même le sol
Après deux nuits dans des conditions spartiates, les voyageurs d'infortune sont finalement testés médicalement. Les positifs au covid-19 seront emmenés à l'hôpital de l'aéroport, les négatifs comme Baptiste et Samantha dans un hôtel payé par la compagnie. "On ne pouvait rien faire. On a eu droit à un hamburger, une boisson et une salade de fruit. Les fumeurs ne pouvaient pas fumer", se souvient-il. "Avec le stress, le manque de nourriture et le manque de nicotine pour certains, la tension commençait à monter." Après trois jours dans ces conditions, ils sont conduits dans un autre hôtel où la nourriture se fait moins rare et les cigarettes sont autorisées.Après un peu plus d'une semaine à Dubaï, un vol Air France est annoncé. Le Dubaï-Paris leur coûte 500 euros, mais pour l'heure, Baptiste et Samantha veulent avant-tout être sûrs qu'ils décolleront. "On a tellement eu de faux espoirs… on montait dans les avions et une fois à l'intérieur, on nous annonçait que le vol était annulé." Finalement, cette fois sera la bonne. Les deux comparses arrivent à Paris le jeudi 2 avril dans la nuit. "Je n'ai jamais vu l'aéroport Charles-de-Gaulle aussi vide", constate Baptiste. Désormais, il attend la fin de sa quatorzaine pour retrouver sa mère et son beau-père à quelques kilomètres d'Epernay.