Visite d'Emmanuel Macron à Dormans et Epernay : entre annonces et séduction, le président tente de convaincre

Ce jeudi 14 novembre, Emmanuel Macron s'est rendu au mémorial des batailles de la Marne à Dormans et au conseil municipal d'Epernay. Entre ses annonces d'investissement pour l'hôpital public et son opération séduction auprès des élus locaux, il a tenté de convaincre.

C'était un rendez-vous manqué de son "itinérance mémorielle" de 2018 dans l'Est et le Nord de la France, pour le centenaire de l'armistice de 1918. Emmanuel Macron n'avait pas fait étape au mémorial de Dormans dans la Marne, pour rendre hommage aux soldats morts pour la France pendant la guerre 14-18. Mais il avait promis de s'y rendre.

Aucun chef d'Etat français ne s'y est rendu avant lui. Le président français est attendu sur place ce jeudi 14 novembre pour une cérémonie empreinte d'émotion. Ce haut lieu de mémoire compte parmi les quatre monuments nationaux dédiés à la Grande Guerre. Un cimetière de soldats tombés aux combats pendant la 1ère et de la 2eme bataille de la Marne (septembre 1914 et juillet 1918).

Le programme présidentiel comprend deux temps forts. La visite au mémorial et le conseil municipal d'Epernay. Suivez cette visite en direct.
 
 

18h30 - Pour Daniel Rondeau, futur académicien habitant à Epernay, "ce qui est intéressant, c'est de sortir du donjon pour parler à des élus locaux"

Daniel Rondeau a été élu à l'Académie française le 6 juin dernier. L'Immortel accueille la visite présidentielle dans sa ville de résidence d'un bon oeil : "Ce qui est intéressant, c'est la démarche. C'est de sortir du donjon pour parler à des élus locaux, sur des problèmes techniques, mais aussi sur des problèmes sociaux qui intéressent les Français de Champagne."

Celui qui intégrera officiellement l'Académie en juin 2020 a assisté au conseil municipal d'Epernay. S'il n'est pas dupe quant à l'opération séduction entreprise par le chef de l'Etat, il pense que ce déplacement lui permet d'appréhender la politique locale d'une manière différente.

C'est quand même une discussion qui dure deux heures, il y a des questions et des réponses sur un mode spontané, je trouve que c'est une mise en forme dynamique de la démocratie. Il y a forcément de l'affichage, mais comme il l'a dit aujourd'hui, il y a quelque chose qu'il n'avait pas compris. Il a dit que les gilets jaunes lui ont appris quelque chose.
- Daniel Rondeau, académicien sparnacien.

 
 

18h - Pour la CGT, les "plans d'urgence n'ont jamais amélioré l'hôpital public"

Chantal Berthelemy, secrétaire générale d e la CGT à Epernay, exprime son mécontentement car les syndicats n'ont pas été entendus. "On est des citoyens, on n'est pas des malfrats", clame-t-elle. "On appelle à la grève le 5 décembre." La syndicaliste marnaise dénonce : "A chaque fois qu'ils annoncent des choses, ça ne se concrétise pas réellement. Ce sont des mesures nationales, mais il faut regarder dans chaque territoire. Il faut que nos députés regardent au plus près de la population." Selon l'infirmière à l'hôpital Auban Moët, pour Epernay, "il faut plus de personnel, rouvrir des lits".

Elle ajoute également : "Il faut revoir tout le financement, la tarification à l'activité, qui pousse nos médecins à faire beaucoup d'actes qui rapportent. Alors que dans un service public, on ne doit pas choisir nos patients. Parfois, nos patients, on les choisit."
 


Un dispositif de sécurité critiqué par les Sparnaciens

Eric est revenu de Londres depuis cinq ans. Il n'avait jamais vécu un tel dispositif de sécurité à Epernay : "Un président de la République a le droit d'etre protégé mais là c'est pousser le bouchon un peu trop loin. Je sortais du cinéma à 14h30, et le patron m'a dit que ses employés n'avaient pas pu venir car on ne les avait même pas laissés passer à pieds."

Les employés du cinéma ne sont pas les seuls à avoir eu des difficultés. Plus tôt, certains lycéens n'ont pas pu se rendre en cours faute de bus. Plus tôt dans la journée, des commerçantes se plaignaient également des nombreux blocages dans le centre-ville. Priscilla, buraliste, constatait : "Ça nous embête car on n'a pas de clients. On perd une journée, certaines boutiques ont fermé. La ville est morte, c’est pire qu’un dimanche. Heureusement que ce n'est qu’une seule journée."

Emmanuel Macron sur l'hôpital public : "J'ai entendu leur colère et leur indignation face à des conditions de travail parfois impossibles"

Peu avant l'ouverture du conseil municipal à Epernay, Emmanuel Macron a annoncé déployer plus de moyens pour l'hôpital public. Il a mentionné un "plan d'urgence" pour l'hôpital, car la situation est "plus grave" que ce que le gouvernement avait analysé. 
 

Le plan qui a déjà été mis en œuvre ne va pas assez vite. On ne peut pas dire à une infirmière, à un aide-soignant : "Regardez notre plan, il aura ses effets dans cinq ou dix ans." Le risque est que dans certains endroits, l'hôpital soit trop fragilisé d'ici cinq ou dix ans.
-Emmanuel Macron, à Epernay, le 14 novembre 2019.

Le chef de l'Etat a demandé à son gouvernement de dévoiler "le montant, l'ampleur, les modalités techniques et le calendrier" à l'issue du conseil des ministres de mercredi prochain, le 20 novembre. Et de détailler : "Investir dans les moyens, lorsqu'ils se justifient, dans les sujets de personnels et d'amélioration de certaines rémunérations, dans le quotidien et de l'appareillage médical." Le tout, afin de redonner confiance dans l'institution et "d'assurer l'attractivité de l'hôpital".

Emmanuel Macron a également indiqué qu'il souhaite une "vraie logique de réorganisation" et "revoir la gouvernance à l'hôpital" en redonnant "plus de place et de sens à ceux qui soignent".

 

16h30 - Ouverture du conseil municipal à Epernay

Avec du retard sur l'horaire prévu, Emmanuel Macron a débuté le conseil municipal à Epernay.
 

 

15h45 - Echanges tendus entre les Sparnaciens et le président

A l'arrivée d'Emmanuel Macron devant la mairie d'Epernay, environ 70 Sparnaciens, dont une trentaine de gilets jaunes venus sans leur gilet, sont allés poser des questions au président. Les échanges ont été tendus. Devant la foule, le président a répliqué : "C'est une colère qui vient de loin. Je suis dans l'explication pour avancer et rassembler."
 
Bernard, retraité, a fait le déplacement depuis Mareuil-sur-Aÿ. "Je lui ai dit que le pouvoir d'achat pour les retraités", raconte-t-il. Et le Marnais d'ajouter : "Il a parlé de réduction de la taxe d'habitation. Je suis concerné. C'est un geste mais c'est pas assez. J'aimerais qu'il rattrape les 15 à 20% qu'on a perdus en sept ans. Le compte est pas encore là. Je ne me plains pas, ma femme a 800 euros et moi un peu plus. Je viens ici pour mon fils, pour les autres."
 

 

Le programme pour le reste de la journée

Emmanuel Macron est attendu à 15h avec le conseil municipal d'Epernay. A 15h15, il s'exprimera sur la crise en cours dans le milieu hospitalier. Il sera attendu à la sous-préfecture à 16h45, pour une réunion de travail, suivi d'un temps d'échanges sur les réformes des collectivités territoriales.
 

13h50 - Quelques Sparnaciens attendent l'arrivée du président

L'accueil sera moins chaleureux qu'à Dormans. A Epernay, le chef de l'Etat est arrivé dans la prestigieuse brasserie "Les Berceaux". En passant en voiture, des sifflets de quelques habitants. Aurélia, membre des gilets jaunes depuis longtemps, fait partie de ce cortège. "Il nous fout dans la merde tout le temps tout le temps, scande la Sparnacienne. Il continue, il se fout de nous !" Toute aussi directe, Lydia est venue de Nancy pour voir sa fille. Elle dresse le même constat qu'Aurélia : "Ça fait des lustres qu’on est dans la merde. C’est pas lui qui nous changera. J’attends que ça change, que les gens soient moins dans la misère. Les gilets jaunes n'ont rien changé."
 

Avant son arrivée, la ville d'Epernay était totalement à l'arrêt dès 10h ce jeudi matin. Une buraliste déplore :

Ça nous embête car on n'a pas de clients. On perd une journée, certaines boutiques ont fermé. La ville est morte, c’est pire qu’un dimanche. Heureusement que ce n'est qu’une seule journée.
-Une buraliste à Epernay.

Stéphanie, commerçante à Epernay, dresse le même constat : "Je suis fatiguée de ces blocages , à cause de la venue d’Emmanuel Macron, il y a très peu de fréquentation dans ma boutique aujourd’hui."
 

11h20 - Emmanuel Macron arrive au mémorial de Dormans

Après l'attente, Emmanuel Macron arrive au mémorial de Dormans. Sur fond de fanfare, le président a déposé une gerbe et salué quatre soldats, un de chaque corps de l'armée (terre, air, marine et cavalerie). "La cérémonie était très imposante par le fait que le président de la République se soit déplacé, raconte David, porte-drapeau au mémorial.

Cela faisait longtemps qu'on l'attendait le président de la République ici. Pour ma part j'ai vu deux présidents : monsieur Christian Bruyen, président du conseil départemental, qui est mon patron, et monsieur le président de la République.
- David, porte-drapeau au mémorial de Dormans.

 

 

11h - Le rassemblement à Epernay interdit, la CGT refuse l'audience avec le Président

"On nous avait accordé une audience avec le président à la sous-préfecture d'Epernay, mais comme on nous a refusé le rassemblement devant la mairie une heure plus tôt, nous avons décidé d'annuler l'audience", explique Chantal Berthelemy, secrétaire générale de la CGT à Epernay. Car la syndicaliste avait des choses à dire au président : "M. Macron vient dans la capitale du champagne, mais tout n'est pas rose. Des licenciements auront lieu au sein du groupe Lapeyre Saint-Gobain ont été annoncés, l'entreprise de champagne Bertin ne va pas bien. Pour continuer sur le champagne, le pouvoir d'achat des Français étant en baisse, le marché français est également en baisse."
 

 

10h30- 24 élèves de l'école de Dormans présents au mémorial

La semaine dernière, l'ensemble des acteurs locaux apprenait que la visite présidentielle au mémorial de Dormans n'aurait pas lieu le 10, mais le 14 novembre. L'occasion pour les élèves de l'école de Dormans de travailler "sur la Marseillaise avec des élèves habitués, explique leur enseignante Véronique Martigny, car beaucoup se sont impliqués".
 

 

10h15 - Au mémorial de Dormans, on se tient prêt pour accueillir le président

Sous un ciel grisâtre et un air frais (même pour la saison), militaires, anciens combattants et élus se tiennent devant le mémorial de Dormans. Ils attendent patiemment l'arrivée du chef de l'Etat. 
 

 

La maire d'Epernay Franck Leroy veut "stabiliser les règles"

Le maire centriste d'Epernay Franck Leroy ne mâchait pas ses mots ce jeudi sur RTL. L'élu sparnacien attend beaucoup de cette visite présidentielle. Il aimerait avoir des réponses de la part d'Emmanuel Macron et lui demander de "stabiliser les règles, parce qu'elle changent tout le temps, stabiliser les financements, parce qu'on nous retire la taxe d'habitation, mais il faut que ce qui va remplacer la taxe d'habitation soit pérenne." Il critique également le décalage entre les décisions prises à Paris et leur perception sur le terrain :

Ce qu'il va falloir changer du côté de l'Etat, car nous avons d'excellentes relations avec les représentants locaux de l'Etat (les préfets, préfets de région…), sauf que la plupart des règlements qui nous tombent dessus viennent d'administrations centrales, qui ne connaissent rien au terrain et à la proximité.
-Franck Leroy, maire d'Epernay (sans étiquette) sur RTL.

 

9h30 - Un important dispositif de sécurité mis en place

A Dormans, impossible de circuler sans croiser un gendarme ce jeudi 14 novembre. Un important dispositif de sécurité a été déployé. A noter également, un arrêté préfectoral interdit toute manifestation à Epernay et dans les 11 autres communes traversées par le chef de l'Etat. 
 

 

 

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