Les jeunes écoliers seront en vacances, au moment où s'ouvrira, à Epernay, le 4 juillet, le congrès national de l'A.G.E.E.M. Cette association, créée en 1921, regroupe plusieurs milliers d'enseignants de maternelle, pour qui c'est un moment d'échange, de communication et de partage.
La France est réputée dans le monde pour une spécificité, celle de son école maternelle. L'accueil des jeunes enfants est bien sûr organisé dans de très nombreux pays, mais, en France, ce premier pas vers l'éducation est salué comme un modèle.
Au début des vacances scolaires se tiendra à Epernay (Marne), le 4 juillet, le congrès national de l'A.G.E.E.M. Cette association, créée en 1921, regroupe plusieurs milliers d'enseignants de maternelle, pour qui c'est un moment d'échange, de communication et de partage.
Liberté pédagogique
Astrid Tusseau enseigne, en maternelle, depuis six ans. Après avoir occupé des postes à Epernay et Mardeuil, elle enseigne aujourd'hui, à Plivot, à quelques kilomètres d'Epernay, dans le département de la Marne. Ce congrès, elle le prépare, avec enthousiasme. "Les trois-quarts des organisateurs appartiennent à l'Académie de Reims. Tous les ans, nous nous réunissons dans des endroits différents. Après Poitiers, c'est le tour d'Epernay. L'année prochaine, nous nous retrouverons à Boulazac, près de Périgueux, en Dordogne", explique-t-elle.
Quand, en 1994, j'ai découvert comment, dans un village, on accueille les petits, avec bienveillance, et en les entourant d'une sécurité affective, je suis devenue passionnée par l'enseignement, en maternelle.
Enseigner à des enfants de trois à six ans constitue une étape importante, pour leur développement, et la suite de leurs apprentissages. "Si j'ai choisi de travailler, en maternelle, c'est pour la liberté pédagogique. Elle est plus grande par rapport à l'élémentaire. On donne la priorité à apprendre le langage. Pour les enfants, c'est hyper-riche, car on peut utiliser les contes, notamment. Cette année, j'ai réussi à mener à bien, mes projets", raconte l'enseignante. "Mes élèves en sont sortis, enrichis".
Bienveillance et sécurité affective
Maryse Chrétien est, elle, la présidente de cette association, centenaire, cette année. Elle enseigne, à Nogent, en Haute-Marne. "J'ai débuté en 1992", raconte-t-elle. "Au début, j'avais d'autres classes, mais quand, en 1994, j'ai découvert comment, dans un village, on accueille les petits, avec bienveillance, et en les entourant d'une sécurité affective, je suis devenue passionnée par l'enseignement en maternelle".
Le plus de liberté, d'autonomie, Maryse Chrétien, les considère comme une richesse. "Je m'éclate !", explique-t-elle. "On peut travailler sur des projets, on ne refait jamais la même chose, et il y a différents apprentissages, à transmettre".
L'enseignante qui travaille avec une psychologue sur le développement affectif de l'enfant, avoue en apprendre encore, notamment sur l'accompagnement des familles. "On réfléchit autour de ça. Au congrès, se met en place une mutualisation de nos expériences. On échange entre pairs".
L'espace, les espaces, au programme
Le congrès annuel de l'Association Générale des Enseignants des Ecoles et Classes Maternelles Publiques (A.G.E.E.M.) représente donc, un moment extrêmement important, un temps fort pour les enseignants. Ils seront 600, à la Hall des sports Pierre-Gaspard et à la Maison des arts et de la vie associative, à se retrouver du 4 au 7 juillet.
Parmi les 600 congressistes attendus, on comptera une délégation du Cameroun et une autre d'Algérie. "Ils viennent avec une autre façon de travailler. Ca nous ouvre à une autre culture. Il faut savoir y piocher des éléments dont on a besoin", indique l'enseignante marnaise, Astrid Tusseau.
Si j'ai choisi de travailler, en maternelle, c'est pour la liberté pédagogique. Elle est plus grande par rapport à l'élémentaire. On donne la priorité à apprendre le langage.
Cette année, enfants et enseignants ont travaillé sur le thème de l'espace, des espaces. "On a pu rencontrer Thomas Pesquet, à Laval. Il nous a communiqué plein d'informations. S'il n'avait pas été parti dans l'espace, il serait venu pour notre congrès, à Epernay", dit la présidente de l'association Maryse Chrétien.
Le travail sur les espaces, a aussi permis de mettre en place de nombreuses activités pédagogiques. Ainsi, Astrid Tusseau a conduit un projet avec une illustratrice-plasticienne, Clémence G., et cela a permis la création d'un univers. Elle a également réfléchi à l'espace de la cour de récréation, comment y résoudre les conflits. Tous ces travaux feront l'objet d'une restitution et d'expositions, pendant le congrès.
Face au Covid 19
A part trois semaines, sans classe, dont deux pour les vacances de Pâques, l'école a continué, même s'il y a eu des absents, et si les enseignants devaient porter un masque. "On s'est adapté", raconte Maryse Chrétien. "On a mis d'autres choses en place, pour accompagner les familles. Il fallait être présent, développer des trésors d'ingéniosité".
Un blog a été créé, avec des défis, pour les familles. "Tisser des liens, avec elles, c'est important. On est dans la coéducation. Il faut les rassurer, leur expliquer ce qu'on fait avec les enfants. La maternelle, c'est une première séparation".
"L'épidémie ne nous a pas empêchés de faire notre programme. Les enfants s'adaptent à tout. C'est facile", complète Astrid Tusseau. "A partir du moment, où on leur explique, les enfants sont super étonnants. Ils s'adaptent plus facilement que les adultes".
L'A.G.E.E.M., l'Association Générale des Enseignants et Classes Maternelles Publiques, compte 4.000 adhérents. C'est important, pour ce corps qui compte 11 à 12.000 membres, en France. Des enseignants qui passent jusqu'à six heures par jour avec de très jeunes enfants, et qui entendent ne pas laisser les familles de côté. L'espace numérique créé ces derniers mois, en est la preuve.
Cette année, ils vont donc, comme à l'habitude, mettre en commun leurs travaux, réfléchir, ensemble. Mais ce 94ème congrès aura une saveur toute particulière, puisque l'association célèbre son centenaire. En 1921, l'A.G.E.E.M. est née d'un mouvement des enseignantes qui revendiquaient les mêmes salaires que leurs collègues des classes élémentaires. A l'époque, seules les femmes enseignaient en maternelle. Les hommes n'y sont arrivés que dans les années 1977-1980.
L'an prochain, les enseignants ont déjà décidé de travailler sur le thème du temps.