TÉMOIGNAGE : à Epernay, l'amour à l'épreuve de la pandémie et du confinement

À Epernay, Nicolas enrage : avec la Covid et la fermeture des frontières, il n'a pas vu sa compagne, confinée aux Philippines, depuis dix mois. Il accuse le gouvernement français.

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A Morangis, près d’Epernay, dans la Marne, Nicolas Pouillart, 43 ans, est amoureux. Cela fait presque deux ans qu’il est en couple avec Ann. Mais depuis dix mois et le début de la pandémie de Covid-19,  sa petite-amie de 32 ans, originaire des Philippines, n’est plus qu’un visage sur un écran. "On se parle sur les réseaux sociaux au moins trois ou quatre heures par jour. Tous les soirs, on s’appelle en visio, de 10 h à minuit."

Ignorés par l'administration

Plus de 11.000 kilomètres séparent Nicolas, en France, et Ann, aux Philippines. Ils se sont rencontrés sur internet et se sont vus plusieurs fois, en Thaïlande puis aux Philippines. Entre eux, c’est l’amour fou : ils devaient se pacser le 7 avril, mais la pandémie et la fermeture des frontières ont tout chamboulé.

Lorsqu’il y a eu le confinement, en mars-avril, on s’est bien rendu compte qu’il fallait prendre son mal en patience. Mais lorsque le confinement a été levé et que tout le monde a recommencé à partir en vacances, nous n’avons pas compris pourquoi, nous, nous ne pouvions pas nous retrouver.

Nicolas Pouillart, en couple avec Ann

Les demandes des couples pour se retrouver ont été tout bonnement ignorées. Une phase d'indifférence a suivi la phase de confinement. Nicolas est excédé : "Nous ne sommes pas 40.000, mais à peine 2.000 couples dans cette situation. Nous ne représentons pas de risque sanitaire majeur !". La faute à une "Usine à gaz administrative", selon Nicolas Perret, administrateur principal du groupe Love Is Not Tourism France, où des centaines de couples dans cette situation se soutiennent.

Avant la Covid, il suffisait d’un visa tourisme à ces couples pour se retrouver. Mais depuis la pandémie, les pays sont devenus frileux. La France a commencé par demander un visa famille, plus compliqué à obtenir.
 

Ce n'est pas normal. Tout cela ne sert à rien et cette usine à gaz fait beaucoup de mal. Nous ne parlons pas d'immigration, nous parlons d'amour.

Nicolas Perret, administrateur principal du groupe Love Is Not Tourism France


Pour Nicolas Pouillart, l'absence d'Ann est insupportable : "Mon médecin m'a dit que si je n'arrivais pas à me calmer, il allait finir par m'hospitaliser".


Une lueur d’espoir ?

Après 8 mois de galère et de dépression, Nicolas et Ann ont repris espoir, lorsque le gouvernement a annoncé en août qu’un laissez-passer spécial serait mis en place pour les couples binationaux.
 
"On nous dit que nous sommes en guerre, et on a des laissez-passer, c'est un truc de fou", ironise Nicolas Perret, l'administrateur du groupe Love Is Not Tourism.

Malgré ce laissez-passer, pour Nicolas Pouillart et sa compagne, rien n'a changé. Entre août et octobre, Nicolas a envoyé 5 mails à l’ambassade de France aux Philippines. Ils sont restés sans réponse.
 

Lorsque le gouvernement dit que la France aime l’amour, ça me fait rire. Rien n’est rentré dans l’ordre. Ce sont de faux espoirs, ils jouent avec les émotions des gens

Nicolas Pouillart, en couple avec Ann


Et puis un beau jour, tout a fini par se débloquer. Comme ça, du jour au lendemain. Nicolas Pouillart a appris que l'équipe de l'ambassade de France aux Philippines avait changé. Une équipe plus humaine, plus dans la compréhension. Son dossier s'est soudain mis à avancer. "Comme quoi, c'est vraiment au bon vouloir des personnes en place", peste-t-il.

Ann a fini par obtenir un laissez-passer. Après dix mois d'absence, d'attente et d'incertitudes, elle montera dans l'avion samedi 21 novembre, depuis Manille jusqu'à Paris. "Tant qu'elle n'est pas dans l'avion, je n'arriverai pas à le croire", confie son compagnon.
 

Ann n'est autorisée à rester en France que trois mois. Le couple ignore de quoi sera fait la suite. Mais Nicolas Pouillart l'assure : "C'est dans l'épreuve qu'on voit la solidité d'un couple. Nous avons vécu une épreuve terrible, mais nous sommes toujours là, ensemble".

Nicolas est heureux, mais il n'oublie pas les 2.000 couples binationaux qui, comme lui, souffrent des atermoiements du gouvernement français depuis le début de la pandémie.
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